L&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle en Russie doit se tenir au mois de mars 2024. Vladimir Poutine a d&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave; annonc&eacute; &ecirc;tre candidat. L&rsquo;Ukraine a tenu &agrave; mettre en garde contre toute tentative d&rsquo;organisation de l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle russe dans les territoires ukrainiens occup&eacute;s.
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Le minist&egrave;re ukrainien des Affaires &eacute;trang&egrave;res a affirm&eacute; que les scrutins qui seront organis&eacute;s dans les r&eacute;gions ill&eacute;galement annex&eacute;es par Moscou seront &laquo;&nbsp;nuls&nbsp;&raquo; et que tout observateur international envoy&eacute; pour surveiller l'&eacute;lection russe devrait &laquo;&nbsp;assumer une responsabilit&eacute; p&eacute;nale&nbsp;&raquo;.
Le r&eacute;gime russe songe &agrave; organiser le scrutin pr&eacute;sidentiel dans les r&eacute;gions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, annex&eacute;es dans le cadre du conflit.

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Kiev ne souhaite pas que l’élection présidentielle russe puisse être organisée dans les territoires ukrainiens occupés

2024, l’année des deux présidentielles Ukraine & Russie 

Atlantico&nbsp;: Vladimir Poutine a fait part ce vendredi 8 d&eacute;cembre de son intention de se pr&eacute;senter &agrave; sa propre succession &agrave; la pr&eacute;sidentielle, qui se tiendra du 15 au 17 mars 2024. A quoi va ressembler la campagne pr&eacute;sidentielle en Russie en 2024 par temps de guerre ?
Galia&nbsp;Ackerman&nbsp;:&nbsp;Poutine ne parlera pas beaucoup de la guerre durant la campagne &eacute;lectorale. Certains analystes pr&eacute;disent que des c&eacute;l&eacute;brations seront organis&eacute;es dans les r&eacute;gions nouvellement annex&eacute;es. En plus de la Crim&eacute;e, quatre r&eacute;gions de l'Ukraine ont &eacute;t&eacute; annex&eacute;es. Aux yeux du r&eacute;gime et de beaucoup de Russes, il s&rsquo;agit d&rsquo;une grande r&eacute;alisation. M&ecirc;me si la guerre patine, ils ont quand m&ecirc;me, comme l'avait d&eacute;j&agrave; dit Prigogine de son vivant, pu avoir un &laquo;&nbsp;morceau gras&nbsp;&raquo; du territoire ukrainien. Une grande exposition est aussi organis&eacute;e &agrave; Moscou. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une sorte de forum comme &agrave; l'&eacute;poque sovi&eacute;tique. Beaucoup d'argent a &eacute;t&eacute; investi, Poutine va essayer de convaincre son peuple que sous sa pr&eacute;sidence, malgr&eacute; la guerre, malgr&eacute; les budgets militaires d&eacute;mentiels dont il ne sera pas question, l'&eacute;conomie progresse et que, malgr&eacute; les sanctions, l'agriculture se d&eacute;veloppe, que les gens vivent de mieux en mieux, que les nouvelles r&eacute;gions sont tr&egrave;s heureuses.
Vladimir Poutine va essayer de montrer au peuple que leurs conditions de vie se sont am&eacute;lior&eacute;es alors que ce n&rsquo;est pas tout &agrave; fait vrai. Le chef du Kremlin affirme &eacute;galement que la Russie a d&eacute;j&agrave; obtenu une victoire importante sur l'Ukraine, m&ecirc;me si la pression militaire continue.
Vladimir Poutine va essayer d'avoir plus d&rsquo;&eacute;changes et de nouer des relations diplomatiques avec les pays o&ugrave; il peut jouir d'une certaine sympathie. Avec son r&eacute;cent voyage dans les pays du Golfe en Arabie saoudite et aux &Eacute;mirats arabes unis, le chef du Kremlin a &eacute;pous&eacute; la cause palestinienne et a pratiquement abandonn&eacute; Isra&euml;l. Poutine est ouvertement du c&ocirc;t&eacute; arabe. Il va b&eacute;n&eacute;ficier durant sa campagne des sympathies du monde musulman. Il va essayer de d&eacute;montrer qu'il n'est pas isol&eacute; sur la sc&egrave;ne internationale. Il va aussi montrer qu&rsquo;il a gagn&eacute; de nouveaux alli&eacute;s et qu&rsquo;il a sign&eacute; des contrats pour le bien de la Russie.
Dans sa rh&eacute;torique, c'est l'Occident qui est minoritaire en comparaison avec le Sud et l&rsquo;Orient qui sont avec la Russie. Tels seront les th&egrave;mes de la politique &eacute;trang&egrave;re et de la politique int&eacute;rieure de Vladimir Poutine lors de la campagne en 2024. Il va essayer de montrer que globalement la situation est positive pour la Russie.
A quelles issues s&rsquo;attendre en Russie avec ce scrutin l&rsquo;an prochain ? Quelles pourraient &ecirc;tre les cons&eacute;quences du maintien au pouvoir de Vladimir Poutine ?
Le dirigeant russe est d&eacute;j&agrave; au pouvoir depuis 23 ans. Il n&rsquo;y aura pas beaucoup de cons&eacute;quences. Le r&eacute;gime russe tombe de plus en plus profond&eacute;ment dans la d&eacute;ch&eacute;ance, dans la r&eacute;action la plus noire, dans une sorte de soci&eacute;t&eacute; de plus en plus fascisante, avec une sacralisation des valeurs traditionnelles.
Concernant ces valeurs, la Russie peut s'allier avec les ayatollahs iraniens, avec des mouvances musulmanes extr&ecirc;mes qui glorifient les valeurs traditionnelles comme la Russie.
Les lignes politiques ne devraient pas fondamentalement changer en Russie. La campagne et l&rsquo;&eacute;lection seront une sorte de kermesse populaire. Tout l'argent inject&eacute; dans la campagne sera utilis&eacute; pour montrer que tout va bien. Il y aura beaucoup de concerts, de meetings pour Poutine dans le grand stade Loujniki.
L'&eacute;lection de 2024 sera-t-elle une formalit&eacute; pour Vladimir Poutine ? Cette &eacute;lection sera-t-elle un simulacre de d&eacute;mocratie ?
La Russie est de moins en moins d&eacute;mocratique depuis qu'il est arriv&eacute; au pouvoir. On ne sait pas encore quels seront les autres candidats face &agrave; Vladimir Poutine. Personne n&rsquo;ose se pr&eacute;senter face &agrave; lui. Le Kremlin va d&eacute;signer les candidats de l'opposition qui n'en est pas vraiment une. Il y aura probablement encore une fois Guennadi Ziouganov, un candidat communiste, peut-&ecirc;tre Sergue&iuml; Mironov du mouvement Russie juste. Selon les commentateurs, il ne devrait pas y avoir de jeunes candidats afin de ne pas souligner l&rsquo;&acirc;ge de Vladimir Poutine. &nbsp;
Bien qu'il soit plus ou moins en bonne forme, malgr&eacute; toutes les rumeurs qui courent sur sa sant&eacute;, Vladimir Poutine n&rsquo;est plus si jeune. Les candidats de l&rsquo;opposition seront valid&eacute;s par le Kremlin. Tout cela constitue un v&eacute;ritable simulacre de d&eacute;mocratie.
Alors que les &eacute;lections l&eacute;gislatives en Ukraine auraient d&ucirc; avoir lieu en octobre de cette ann&eacute;e et la pr&eacute;sidentielle en mars 2024, le pr&eacute;sident ukrainien Volodymyr Zelensky a estim&eacute; en novembre que le moment n'&eacute;tait pas propice &agrave; la tenue d'&eacute;lections. Quelles pourraient &ecirc;tre les perspectives politiques en 2024 en Ukraine ? Les &eacute;lections pourront-elles &ecirc;tre maintenues en Ukraine l&rsquo;an prochain ? Quelles seront les cons&eacute;quences pour la vie politique ukrainienne et pour l&rsquo;avenir du pays en cas d&rsquo;annulation des &eacute;lections ?
Cette d&eacute;cision de reporter les &eacute;lections en Ukraine tant que la guerre se poursuit est approuv&eacute;e par l'&eacute;crasante majorit&eacute; des Ukrainiens. Il est tout simplement impossible de maintenir les &eacute;lections actuellement pour plusieurs raisons. D'une part, il y a des millions d'Ukrainiens qui sont partis &agrave; l'&eacute;tranger &agrave; cause de la guerre. Il y a des millions de personnes d&eacute;plac&eacute;es. Les bombardements sont toujours aussi nombreux. Comment voulez-vous organiser la campagne &eacute;lectorale, des rassemblements, la venue des citoyens dans les bureaux de vote dans de telles conditions ? La Constitution ukrainienne pr&eacute;voit clairement la possibilit&eacute; qu&rsquo;en cas de guerre, l'&eacute;lection peut &ecirc;tre officiellement report&eacute;e. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une sage d&eacute;cision.
Avec la campagne &eacute;lectorale, il y aura plusieurs pr&eacute;tendants. Des tensions se font d&eacute;j&agrave; sentir, notamment sur la conduite de la guerre. Plusieurs candidats pourraient surgir pour venir d&eacute;fier Zelensky dans les urnes notamment Vitali Klitschko, le maire actuel de Kiev, Oleksiy Arestovitch, l&rsquo;ancien conseiller de la pr&eacute;sidence ukrainienne, qui est actuellement &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger ou bien m&ecirc;me des pro-russes.
Il y aura une comp&eacute;tition, des accusations mutuelles et des rivalit&eacute;s d&eacute;mocratiques entre les candidats. Or avec la poursuite de la guerre, ce n'est pas le moment pour le pays de se d&eacute;chirer dans des contradictions politiques alors qu'il n&rsquo;y a qu'un seul objectif, la victoire militaire contre la Russie, et qui maintenant particuli&egrave;rement difficile &agrave; atteindre tant qu'on ne sait pas si l'aide am&eacute;ricaine sera finalement octroy&eacute;e ou non.
Il faut que le peuple soit soud&eacute; en Ukraine. Il est impossible dans ces conditions d&rsquo;organiser une &eacute;lection.
La Russie va donc organiser des &eacute;lections en 2024 et l'Ukraine a d&eacute;cid&eacute; de les reporter. Mais la situation politique dans les deux pays est totalement diff&eacute;rente. L'Ukraine, malgr&eacute; la guerre, reste un pays d&eacute;mocratique o&ugrave; il y a un vrai combat politique, des partis diff&eacute;rents, de vives critiques &eacute;mises contre Volodymyr Zelensky sur son action politique et sur sa conduite de la guerre.
Mais en Russie, de toute fa&ccedil;on, il n'y a plus d'opposition. Les lois sont tellement r&eacute;pressives que plus personne ne peut contester le pouvoir en place ou manifester librement.
M&ecirc;me si l'Ukraine sortait gagnante, il y aurait eu des voix pour accuser Zelensky de ne pas avoir men&eacute; correctement la guerre, de ne pas avoir pris telle d&eacute;cision, de ne pas avoir tenu ses promesses.&nbsp; Dans le contexte de la guerre et avec un climat politique tendu, il ne faut pas que les Ukrainiens s'entre-d&eacute;chirent au sujet de la campagne &eacute;lectorale.

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