Toulouse : Prisca Boh, agressée dans la rue, puis par des trolls sur Facebook <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Prisca Boh a été agressée dans les rues de Toulouse par trois hommes, puis a livré son témoignage sur Facebook
Prisca Boh a été agressée dans les rues de Toulouse par trois hommes, puis a livré son témoignage sur Facebook
©

Revue de blogs

Le témoignage sur Facebook, depuis un hôpital, d'une jeune femme agressée par des harceleurs de rue a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de suites ? Et pourquoi tant de trolls s'en prennent à elle ?

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

Voir la bio »

D'abord, il y a eu une agression violente dans la rue, celle qui a conduit Prisca Boh aux urgences puis sur la table d'opération pour un poignet cassé. Ensuite, il y a eu cette photo sur son lit d'hôpital, et son témoignage brut sur Facebook : "Mardi soir. 23h30. Quartier St Michel à Toulouse. Je reviens d'un chouette concert, la vie est belle, je vais m'acheter du chocolat pour fêter ça.Je sors de l'épicerie de nuit, je suis seule dans la rue. 3 hommes m'interpellent par des "Bonsoir princesse", "Bonsoir Bella" et autres. Je les ignore. Visiblement, ça les agace. Alors l'un d'entre eux lance une attaque sur mon physique. Je me retourne". Elle décide de les affronter, il y a des crachats, des coups et puis des blessures, qui  l'envoient à l'hôpital : 'Ça va faire maintenant presque 25 ans que je subis ces saloperies en tous genres : agressions verbales, humiliations multiples, harcèlement sexuel, moral, de rue ou au travail, violences physiques, viol. Et j’en passe… Je suis à bout. La colère, la rage, je l’ai, je vis avec chaque jour. mais je monte d’un cran à chaque nouvelle épreuve de ce style.'(...) Tout ça parce ce que je suis une FEMME'

La photo et le témoignage de Prisca Boh, partagés plus de 20 000 fois sur Facebook ce week-end. 

Son post devient immédiatement viral mais 26 000 partages plus tard, dans toute l'Europe, le cas Prisca Boh est un nouveau champ de bataille, entre messages de sympathie, débats houleux sur la liberté des femmes de se promener le soir sans être importunées, jusqu'à de sauvages prises de bec ''fa et anti-fa de gauche". Prisca Boh aurait-elle du 'laisser couler" pour sa propre sécurité ?

Cocoy Cook : "aller au contact seule la nuit face à plusieurs racailles, vous vous attendiez a quoi? Des excuses? Vous avez du courage de ne pas fuir et de leur lancer un petit mot, certes, mais aller les chercher relève de la témérité. Estimez vous heureuse de n'avoir qu'un poignet cassé."

Samia : ''quand une femme est harcelée,elle doit se taire et passer son chemin,mais si elle riposte elle devient la méchante.Drôle de raisonnement non?''

Jacky : Arrêtez un peu de jouer au thug-life quand vous en avez pas la carrure et la puissance. Il y a en ce monde des hommes pas féministes pour un sou, qui se feront hélas un plaisir de respecter votre souhait féministe d'égalité homme-femme et vous infliger le même traitement qu'ils infligeraient à un homme,

Camille G : "Ecoute, mon grand, t'es répugnant de clamer haut et fort que les femmes doivent se taire. 

Lila : ''Je t'admire pour ta volonté de vivre et cette mentalité à dire "Fuck" !!! *Je suis admirative

Ce qui surprend ses nouveaux followers : Prisca Boh est toujours en ligne et intervient régulièrement. Elle dit avoir porté plainte, contrairement à ce qu'affirme le journal local, et précise : "Mon agresseur était de type caucasien. Donc les fachos qui se servent de mon histoire pour assouvir leurs relents gerbants de racistes décomplexés, cassez-vous.". Cette ''brutalité" pugnace met les trolls dans tous leurs états. "Un petit écrasement de tête ,peut être que ça te ferait du bien''. Edder se demande pourquoi Facebook, si prompt à supprimer une ombre de sein, ne modère pas les menaces directes dans un nouveau salon éphémère des injures sur un sujet sensible qui peut devenir dangereux.

Sur le journal local La Dépeche, Anticonstitutionnellement s'interroge en commentaire :''Cette jeune femme se fait violemment agresser mais ne va pas porter plainte ?? Elle publie son histoire sur son facebook mais elle ne prend pas la peine d'aller porter plainte.... très étrange tout ça.... C'est peut être de mythomanie dont elle souffre ou d'un compagnon violent".

Kimou: Porte plainte,Prisca ! Sinon,à quoi bon tout ce tintamarre sauf à jeter le discrédit sur toi ! 

jacck35 ''c'est l'agresseur qui lui a donné peut être le conseil de prendre la voie du silence, sans ça, elle risque a ne plus voir le soleil, bel cel de paou.''

Ce que l'on reproche  à Prisca : de n'être pas une victime classique. Toujours pugnace, elle  a posté en réponse aux centaines de commentaires débridés.

"Bon, j'aime pas faire ce geste d'habitude. Mais j'avais juste envie de faire un petit coucou à tout ceux qui pensent que mon histoire est fake, que je me suis fait mal toute seule (haha :'( ), à tous ceux qui défendent mes agresseurs, qui me blâment, qui en profitent pour lâcher leurs commentaires racistes, qui me disent des "T'avais qu'à", "T'aurais dû", qui nient le harcèlement de rue et le patriarcat, à tous les "notallmen", à ceux qui pensent que je veux simplement faire du buzz, à ceux qui affirment que je dramatise, à ceux qui m'insultent. Etc... Bref à tous les cons".

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !