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Terrorisme : le gouvernement est-il à la hauteur ? (poser la question c' est un peu y répondre) ; Montebourg- Macron : le rapprochement ou la guerre ? ; Anne Hidalgo, "la Dame de fer" qui veut peser sur 2017
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : la Turquie, retour à l’ordre après le putsch manqué.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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La tragédie de Nice a poussé tous les news magazines à avancer leur parution, à l'exception de l'Obs. Et les photos prises après le drame qui illustrent les articles consacrés à ce dramatique évènement, sont souvent plus éloquentes que les innombrables articles qu'il inspire. Tous  les mags racontent la nuit d'horreur et les jours "d'après". Ils décrivent le profil du terroriste, psychopathe, dépressif, violent. Il racontent Nice, un des berceaux du djihadisme à la française, et convoquent quantités d'experts, professeurs et philosophes pour expliquer, proposer, critiquer, questionner, analyser. Pas rassurant, l'Obs quand il écrit que "depuis les attentats de janvier 2015, et plus encore depuis ceux du 13 novembre, les services de renseignement français s'organisent pour faire face à une attaque terroriste de plus grande ampleur". Le spectre d'un 11 septembre à l'européenne est même redouté. Avec l'émergence de Daech, un nouveau profil a fait son apparition, dans la galaxie du djihadisme : les "radicalisés express". Des individus pour lesquels internet a souvent joué le rôle de sergent recruteur. Et les réseaux sociaux celui de gourou. Le terrorisme est entré dans l'ère de l'auto-entreprenariat avec Daech..." et du coup " la lutte contre le financement du terrorisme devient aussi difficile, car " l'uber-terrorisme" ne nécessite ni un financement structuré à long terme, ni  des transferts de fonds". Et dans VSD, l'expert Claude Moniquet prévient : "Les attentats vont durer le temps d'une génération " .

Haro sur les politiques

Dans ce contexte particulièrement anxiogène, vos mags se montrent critiques à l'encontre du monde politique. L'Express est à l'offensive, avec ce titre : "Terrorisme, sont-ils à la hauteur ?"Il vise d'abord le trio Hollande-Valls-Cazeneuve. Mais, comme L'Obs et le Point, le mag s'étonne : " la tempête est venue d'où on ne l'attendait pas : Alain Juppé , si attentif à se poser en homme d'Etat modéré et allergique à la polémique, attaque d'emblée le pouvoir , dès le 15 juillet , en affirmant que " si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu "....C'est parait-il sorti tout seul "...et le " maire de Bordeaux donne le ton et, à l'unisson d'une opinion qui rejette l'exécutif, l'opposition se déchaine ...Mais pour l'OBS , si Alain Juppé est monté au front, c'est parce qu'il "a senti qu'un responsable de l'opposition ne doit pas se contenter de formuler de propositions pour l'avenir, il doit aussi exprimer les sentiments de la base , en l'occurrence la colère, pour montrer qu'il les comprend. A cause des attentats et de l'affaiblissement inédit de François Hollande, le climat est au retour de l'autorité, la qualité d'abord prêtée à Nicolas Sarkozy. Pas question donc de laisser le champ libre à son rival sur ce terrain-là".

L'Express ajoute : " Le jugement sur Hollande en termes de sécurité est très sévère, le procès du pouvoir est engagé, même si l'on ne sait pas à quel rythme il va monter en régime, avant ou après les vacances " (ndlr ... on l'a vu, cela n'a pas tardé...). François Hollande qui avait annoncé le 14 juillet à 13H qu'il mettait fin à l'état d'urgence, a été" obligé de se dédire quelques heures plus tard. Et cela " accrédite l'idée d'un pouvoir dépassé, qui ne voit rien venir", écrit le mag, en citant une personnalité qui veut conserver l'anonymat .Mais pour le journal, c'est aussi "Bernard Cazeneuve, l'incontestable qui vacille aujourd'hui sur son piédestal"....Le problème du premier flic de France est double. Il est d'abord victime, comme tous les ministres régaliens, d'un complexe de supériorité propre aux fonctions exécutives : puisqu'il sait tout, grâce aux services de renseignement, puisqu'il peut tout,  grâce à la discipline des forces de l'ordre il n'a besoin d'aucun conseil. Ensuite il est victime de lui -même: travailleur, épris d'austérité et allergique à la communication spectacle, il a fini par passer d'une raideur surjouée à une psychorigidité peinte en agacement.

Ne supportant pas, à juste titre, l'imprécision de ses contempteurs, le voici désormais sourd à toute critique, même constructive, protégé du péché d'arrogance par sa seule grisaille et de l'autisme par la seule violence des évènements. Comme Emanuel Macron, Bernard Cazeneuve, atout maitre dans le jeu du président il y a peu encore, est en train de devenir un de ses problèmes- en attendant d'être un de ses boulets". La charge est impitoyable mais la droite  n'échappe pas aux mises en garde, comme celle du député proche de Manuel Valls, Philippe Doucet, qui a rappelé "que le quinquennat précédent a vu la suppression  de nombreux postes de policiers et de soldats"." Nice est la ville où il y a le plus de caméras et de policiers municipaux, et cela n'a rien changé"clame-t-il, cité par le news qui ne manque pas lui non plus de pointer  le combat droite-droite qui se livre en marge de cet évènement, et singulièrement celui entre Juppé et Sarkozy. Entre une gauche qui semble toujours avoir un attentat de retard et une droite qui cherche à avoir une élection d'avance, la classe politique n'est à  l'évidence pas à la hauteur du défi posé par les terroristes. Les prétendants à la présidence de la République devront apporter une réponse précise et définir en conséquence une politique claire et efficace. Tout ce que l'actuel locataire de l'Elysée ne parvient pas à accomplir" tranche l'Express, péremptoire.

Le Point se montre plus compréhensif : "On mesure, bien sûr, le besoin pour le sommet de l'exécutif de ne pas céder à la sidération, de donner aux Français le sentiment que l'Etat est en capacité de réagir". Mais chez les militaires de "très haut rang", on s'inquiète d'un dérapage du discours politique, cédant trop à l'émotion ". Et c'est là que l'on retrouve Jean-Pierre Raffarin , qui s'exprime dans l'OBS. C'est un peu comme si Alain Juppé et lui s'étaient partagé les rôles. Le candidat Juppé cogne, le soutien Raffarin tempère et rassure un électorat que cela  pourrait  choquer ;  il appelle "à ne pas caricaturer l'action du gouvernement  et à faire preuve de hauteur de vue" et vise Nicolas Sarkozy  dont " l'analyse est fondée: nos politiques étrangères, de défense et de sécurité intérieure ne sont ni assez puissantes, ni assez coordonnées .Cependant Nicolas Sarkozy serait plus convaincant lors d'un contact direct avec le Président de la République ou par ses relais au parlement plutôt que de l'interpeller par journal de 20 Heures interposé face au monde entier". Cela ne l'empêche pas d'adresser quelques reproches  à François Hollande lorsqu'il affirme que "la France ne doit pas se définir comme une nation guerrière...Aujourd'hui on donne le sentiment, après la Libye et après la Syrie, que nous sommes des faucons. Nous ne sommes pas opposés, bien sûr , aux interventions quand elles sont nécessaires, mais le coeur de notre diplomatie est la résolution des conflits en passant par la diplomatie plus que par la guerre", assène-t-il, avant de réclamer plus de moyens pour la Défense

La  paix depuis 1945, une exception

"Attention", prévient le  philosophe Pascal Bruckner dans le Point : "si le gouvernement montre son impuissance, les réactions de rage et de terreur individuelle vont se multiplier, qui peuvent mettre à mal notre modèle démocratique et dresser les Français les uns contre les autres. Nous qui avons été si longtemps préservés de la mort brutale en Europe  devons nous préparer mentalement à cette nouvelle ère où nous entrons : la paix depuis  1945 n'était pas la norme, mais une exception. Une parenthèse se clôt, nous entrons à nouveau dans la tourmente. Désormais c'est la guerre des idées autant que la guerre militaire qu'il faut mener. Il s'agit de démonter  les a priori, de lutter  au niveau sémantique contre les mots toxiques, celui d'"islamophobie", par exemple, qui transforme une grande religion en race. Ce terme d'islamophobie  recouvre un chantage destiné à imposer le silence à tous les croyants libéraux. N'oublions pas en effet, qu'à coté de ces centaines de français d'origine maghrébine ou subsaharienne qui veulent s'engager sous l'étendard du djihad, il y en a des dizaines, des centaines de milliers, des millions qui réussissent, qui sont les produits de la méritocratie".

Anne Hildago, la dame de fer de l'hôtel de ville

La transition est toute trouvée pour évoquer le long portrait d'Anne Hidalgo dans l'Express, admiratif :" En deux ans, Anne Hidalgo a réussi à s'imposer dans son camp. En deux ans "ma petite Anne", comme l'appelait Bertrand Delanoë, " et qui ne la ménageait pas "  a achevé sa mue. Et l'animal politique sorti de la chrysalide n'a rien d'un papillon délicat". Ses propres camarades l'ont sous-estimée  avec une telle constance qu'ils n'en reviennent toujours pas. Chaque fois  qu'un sujet déchire la gauche-la déchéance de nationalité, la loi Travail, elle se démarque du gouvernement. Sa voix porte. Anne Hidalgo a la défiance définitive, surtout quand elle sert son intérêt politique : Myriam El Khomri a fait les frais de ces ruptures sans retour ; elle peut aujourd'hui mettre au placard la moindre ambition législative à Paris. "Ségolène Royal,  Manuel ont  dû céder, la première sur l'instauration de vignettes sur les véhicules réputés polluants, le second sur la fusion des quatre premiers arrondissements de Paris sur laquelle il hésitait ... Aujourd'hui chacun prend garde à ne pas la froisser : le candidat socialiste aura besoin d'elle en 2017. Elle n'exclut rien pour 2022". Et au PS tout le monde le sait !

Bernadette Chirac et Sarkozy au grand coeur

A 83 ans l'épouse de Jacques Chirac  continue de porter la flamme de son époux en Corrèze. Paris Match l'a suivie et interviewée à Brive :" La Corrèze est ma deuxième maison " déclare  l'ex-première dame  à Caroline Pigozzi. Mme Chirac revient sur la mort de sa fille ainée et les témoignages reçus à cette occasion : " plus de huit cent lettres de condoléances ... nombre de chefs d'état ou de gouvernement nous ont écrit, tout comme Valéry Giscard d'Estaing, Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault, et bien d'autres. François Hollande m'a téléphoné .Quant à Nicolas Sarkozy, il a tenu, une heure avant de partir pour les Etats-Unis, à venir se recueillir à mon coté. Il a essayé, par ses paroles sensibles, d'apaiser ma douleur. C'est vraiment un homme de grand coeur". En Corrèze qui s'inquiète de "la désertification des campagnes. Autour de Bity, par exemple toutes les maisons du village ont fermé...". Pour la présidente des Fondations Hôpitaux de Paris et  Claude Pompidou les temps changent aussi :" pour la première fois je dois trouver des mécènes" afin de pouvoir mener ses actions caritatives. Cependant pour Madame Chirac  il y a des constantes, par exemple le pouvoir de séduction des hommes politiques :" ils aiment séduire , cela fait partie de leur "métier", ce qui signifie à leurs yeux, séduire d'abord le public féminin, et séduire avant de convaincre Par ailleurs, comme tous les personnages de pouvoir en général, ils sont formidablement courtisés et, lorsqu'ils ont gravi tous les échelons, les femmes tournent indéfiniment autour d'eux .C'est une réalité: quand on partage le quotidien d'un homme politique, mieux vaut s'habituer ou, sinon, renoncer à cette forme d'existence". Et elle s'est parfaitement adaptée à la situation.

L'ordre règne à Ankara

Vos mags reviennent également sur le coup d'état manqué en Turquie, où les purges vont bon train. Le Point rappelle le bilan qui est lourd : 265 personnes ont péri et plus d'un millier sont blessées la nuit du putsch, les manifestants, à l'appel du président Erdogan " traquent inlassablement  les partisans du coup d'état, prenant d'assaut un à un les chars de l'armée déployés dans les rues. Aux côtés des policiers, ils libèrent d'une  même main les chaines de télévision occupées par les putschistes raconte le mag. L'Obs révèle " les secrets d'un putsch raté", "dont l'amateurisme  a surpris les observateurs", et donne la parole à Levent Unsaldi, un sociologue à l'Université d'Ankara qui explique : " cette intervention était ridicule, pathétique. Elle avait très peu de chances de réussir. Pourtant l'armée turque a une solide expérience des coups d'Etat, elle sait comment faire. Mais cette fois, tout indique que l'opération, mal préparée, a été lancée dans la préparation.Si les officiers putschistes ont déclenché cette opération en urgence, c'est parce qu'ils se savaient menacés .Le conseil militaire qui s'ouvre le 1er août , devait acter un certain nombre de promotions et de mutations. En amont de cette réunion, le gouvernement avait l'intention de procéder à des arrestations massives de militaires le week end du 16 juillet.Les comploteurs ont eu vent de ce projet. Du coup, ils ont mis leur plan à exécution dans l'impréparation et la précipitation .La tentative de coup d'Etat était prévue pour une date ultérieure et elle a été avancée ...". Et elle a échoué, avec les conséquences que l'on sait.

Arnaud Montebourg s'invite à Frangy

Arnaud Montebourg réussira-t-il à "manger" Emmanuel Macron ? L'ancien ministre de l'Economie et le nouveau se parlent. "Emmanuel, je l'aime beaucoup, c'est un ami", va jusqu'à avancer l'ancien locataire de Bercy qui ne manque pas d'ajouter selon L'Obs : " C'est un Inspecteur des Finances qui a fait l'ENA. Il y en a déjà beaucoup sur le marché".

Des avocats (la profession d'Arnaud Montebourg avant qu'il se lance dans l'entreprenariat) également ! En attendant  de se mesurer avec Emmanuel Macron ou avec Benoit (Hamon), Arnaud Montebourg va s'auto-inviter à la traditionnelle fête de la Rose de Frangy en Bresse  qui marque généralement la rentrée politique fin août. Information de l'Express.

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