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Tempêtes dans un Verdun : une semaine de comedia dell'arte politique
©Reuters

Jeux de rôles

Motions de censure, harcèlement sexuel, rap sur ossuaires : riche semaine pour les pharisiens du microcosme.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Pour une belle semaine d'hypocrisie politique, ce fut une belle semaine d'hypocrisie politique ! Un vrai festival... Pour les coupés du monde dont l'ADSL serait tombée en rade et auxquels un type de chez Bouygues aurait vaguement promis de rétablir Internet dans les six mois ("Juré craché, cher client. De toute manière, c'est la faute de France Télécom"), je veux bien en tenter le résumé.

Voyons voir : on a d'abord eu droit à la consternation de l'état-major d'EELV à la révélation par Mediapart de la présence d'un prédateur sexuel dans ses rangs (une sorte de DSK chauve plaquant ses camarades-eees contre les murs pour mieux les peloter), révélation immédiatement suivie de timides "OK, on savait, mais qu'y pouvait-on, hein ?" et de larmes de crocodiles dans les travées d'une droite manifestement totalement exempte de beaufs en rut.  Enfin, ça, c'était juste avant qu'on comprenne que, si les langues vertes avaient fini par se délier, c'était surtout parce qu'elles ne craignaient plus le courroux des Thénardier Cosse & Baupin depuis leur passage à l'ennemi social-libéral pro-nucléaire et que l'heure de la vengeance avait sonné.

Bah, une poignée de "plus jamais ça !" télévisés, de pétitions indignées sur Change.org et de tribunes outragées dans Libé plus tard, les prédateurs continueront vraisemblablement de prédater, les écolos à s'entre-poignarder et Mediapart à servir de boîte aux lettres à règlements de comptes. On aura bien rigolé tout de même.

Est ensuite arrivée la séquence "motions de censure", au cours de laquelle un quarteron de frondeurs PS a théâtralement  fait semblant de vouloir faire tomber le gouvernement pour cause d'inversion de la "hiérarchie des normes" (expression ayant récemment pris le relais de "c'est clair !" et de "j'ai envie de dire" dans le langage courant) avant qu'un régiment de sarkozystes ne fasse également semblant de renvoyer Valls à ses chères études pour à peu près le contraire (je résume, on a dit).

Le gouvernement est évidemment resté en place, sa loi a été adoptée grâce au 49-3  - ce machin que tout le monde critique dans l'opposition mais applique dans la majorité -, frondeurs et sarkozystes ont hurlé au déni de démocratie et tout le monde est rentré à la maison pour regarder la série Marseille sur Netflix. Là aussi, on a bien rigolé.

Mais la semaine s'est achevée sur une note plus, hum, musicale, avec la décision du maire de Verdun de commémorer les 700 000 victimes de la mère de toutes les batailles en invitant un rappeur apparemment allergique aux homosexuels, aux juifs et aux "kouffars" à venir amuser la jeunesse. Un tas de gens s'en sont émus pour des raisons diverses, souvent bonnes, parfois débiles. D'autres les ont traités de fascistes, le maire a annulé le concert et les Poilus s'en sont fichus parce qu'ils étaient morts. On a encore rigolé, mais moins tout de même. Disons que c'était un rire nerveux.

Ah, et il a rappelé, le type de chez Bouygues pour l'ADSL ? Non ? Ben s'il rappelle, dites-lui que ça ne presse pas et que vous allez plutôt lire un livre.

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