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Sarko & Co ou Hollande Ltd ?
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Revue de presse des hebdos

Candidats à la reprise de la maison France, Nicolas Sarkozy et François Hollande s’étripent sur la maîtrise de la dette, faisant des agences de notation de véritables “ arbitres ” de la campagne... 2012, première présidentielle soumise à la loi du marché ?

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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“ De quoi Sarkozy est-il le nom ? Très prosaïquement le nom d’une famille d’entrepreneurs ”. Très en forme, “ Challenges ” s’attaque cette semaine à la “ Sarkozy, Father & Sons (& Sister) Corporation ”. “ Pal a 5 enfants, 1 président et 4 patrons ”, sourit l’hebdo sous une photo de famille très clan, très “ Time ”, très win-win, présentant autour du patriarche Nicolas, Guillaume, François, mais aussi Caroline et Olivier, nés de l’union de Pal Sarkozy avec Christine de Ganay. “ Ce self-made man, qui a monté à Paris deux sociétés de création publicitaire après avoir débarqué de sa Hongrie natale sans un sou en poche, a aussi transmis (à ses enfants) son esprit d’entreprise ”, note le journal. Tous ont superbement réussi : Guillaume, l’aîné, dirige Malakoff Médéric (6000 employés). François, le brillant médecin, s’est reconverti dans “ une florissante activité de conseil ”. Olivier, “ le plus américain des Sarkozy ”, fait des étincelles dans la société d’investissements Carlyle à New York. Caroline, la discrète, a créé une société de décoration prospère, “ sans afficher son nom de famille ”. Et Nicolas est devenu Président.

Le président “ entrepreneur ”

“ Challenges ” le rappelle, “ Nicolas Sarkozy est le premier président de la Ve République à ne pas être issu de la haute administration. Avocat d’affaires, il a démêlé les embrouilles des plus grands entrepreneurs français. (…) Dans le strict respect de la législation, il s’est éloigné du cabinet d’avocats qu’il avait créé en 1987 (…). Mais il peut revenir à tout moment ”. D’après Alain Minc, qui est aujourd’hui son conseiller, le chef de l’Etat “ est un entrepreneur accompli, cela se voit dans sa façon de faire de la politique. (…) Je me suis retrouvé en face de lui, se souvient-il, (alors que) je conseillais Bolloré, qui avait lancé son raid contre Bouygues. Je l’ai vu faire. Il était très, très malin. Avec deux qualités qui font les grands avocats : le sens du timing et une perception très fine de la psychologie de l’adversaire ”. Deux qualités qui ne peuvent pas nuire à un futur candidat à la présidence.

L’hebdomadaire le souligne pourtant, “ cette proximité avec le monde de l’entreprise est à la fois un atout et une faiblesse pour Nicolas Sarkozy. (…) Dans une interview au Jdd.fr, l’un de ses anciens ministres, Hervé Morin, n’y a pas été par quatre chemins : “ Il est devenu “ président des riches ” à travers ses comportements personnels, affirme-t-il… Et il y a le bouclier fiscal, bien sûr ”. Président du directoire de Publicis, Maurice Lévy, voit les choses autrement : “ Il s’intéresse vraiment à la réussite ”, dit-il. “ Malgré sa force de conviction, conclut pourtant “ Challenges ”, le président Sarkozy n’a pas vraiment réussi à transmettre aux Français son amour pour la réussite économique et le goût d’entreprendre ”.

Hollande et Sarkozy à la botte des marchés ?

“ Entrepreneur ”, François Hollande ? Côté chiffres, il s’y entend aussi, apparemment. A “ Libération ” qui l’interviewait le 15 juin, le candidat socialiste l’a dit : “ Les nouveaux cadeaux fiscaux sur l’ISF comme l’accumulation des dettes vont continuer de peser au point que les agences de notation nous surveilleront pendant toute la campagne ”. D’après “ L’Express ”, “ Ces quelques mots de François Hollande marquent un tournant. Pour la première fois, un responsable politique de premier plan hisse ces organismes financiers au rang de juges de paix de l’élection présidentielle. Le 24 juin, à Bruxelles, le président de la République riposte sur le même terrain. Interrogé sur le dernier rapport de la Cour des comptes qui pointe le risque d’emballement de la dette, Nicolas Sarkozy répond que cet avertissement vise plutôt le PS et son projet peu soucieux, selon lui, de la maîtrise des dépenses. (…) La notation de la France (le fameux “ triple A stable ”), la meilleure possible, est devenue un bien public. Désormais chaque camp accuse l’autre de remettre en question cette Légion d’honneur financière qui permet à la France de s’endetter aux taux les plus bas. Au risque de donner le sentiment de s’agenouiller devant la dictature des marchés ”.

Mais peut-on faire sans les agences de notation ? “ Accusées de n’avoir pas vu venir la crise des subprimes, elles surveillent de près la dette des pays, indique “ L’Express ”. (…) “ Juste ou pas, leur jugement s’impose, remarque l’économiste Daniel Cohen, et l’élection va se faire sous leur regard puisqu’elles n’appréhendent pas seulement les actes, mais aussi les probabilités ” ”. Reste à ne pas en devenir le jouet. “ “ Il faudrait que les candidats cessent d’instrumentaliser les agences de notation et l’Europe, et présentent la maîtrise des finances publiques à long terme comme quelque chose de nécessaire et de positif, souligne Jérôme Creel, économiste à l’OFCE et professeur à l’ESCP-Europe. “ Votez Moody’s ! ”, s’exclame le journal, pas terrible comme slogan électoral ”.

La couille molle et la méchante menteuse

La nouvelle candidate à la primaire socialiste rebondira-t-elle sur le sujet pour mieux contrer son “ adversaire ” ? “ Le Nouvel Observateur ” nous le rappelle, des fois qu’on l’ignorerait, Martine Aubry et François Hollande “ se détestent souverainement ”. Elle l’appelle “ super couille molle ”. Il la trouve “ méchante et menteuse ”. “ Officiellement, poursuit l’hebdo, ils ont juré que la primaire serait un lit de roses. (…) Pour le moment, le premier qui tire est mort. Mais quand la primaire sera vraiment lancée, comment imaginer survivre sans que les pulsions homicides retrouvent soudain leurs droits ? ” Oui, comment ?

“ Martine a un bruit moyen ”

Si, comme le dit “ l’Obs ”, “ ils ne peuvent pas se sentir, (Hollande et Aubry) ont souvent bataillé dans le même camp. A l’ombre de Delors puis à celle de Jospin. (Leur) haine est sans cadavres. Elle s’est nourrie de vexations et de manquements supposés. Elle relève plus de la psychologie que de la politique. On serait bien en peine d’y greffer des conceptions opposées du socialisme ”.

Martine/François, bonnet blanc, blanc bonnet ? Si tel est le cas, tout va se jouer dans la “ com ”… Or Martine Aubry, d’après “ L’Express ”, a, dans le domaine, encore beaucoup à apprendre, contrairement à François Hollande. “ Il a travaillé son réseau de journalistes depuis vingt ans, souffle au journal “ un parlementaire inquiet ”, il est doté d’une redoutable force de frappe pour faire passer ses messages ”. “ Ecorchée vive des médias, (sa concurrente, elle) déteste la pression des caméras, trouve les questions des reporters superficielles, abhorre le culte du buzz et l’avalanche des polémiques. (…) Avec les photographes, c’est carrément le jeu du chat et de la souris (tandis qu’avec Hollande) “ on peut faire ce qu’on veut ou presque ”, ironise l’un d’eux ”.

Signe d’un réel souci, “ au siège du PS, on a commandé des enquêtes sur le “ bruit médiatique ” de la première secrétaire, histoire de quantifier l’écho de ses déclarations dans l’opinion publique. Comme le confie un conseiller, dans une litote : “ Martine a un bruit moyen ” ”. De cette faiblesse, note le news, Aubry “ tâche de faire un atout, en se posant en Merkel de gauche : à défaut d’être charismatique, tenter d’être crédible et efficace économiquement. (…) Martine Aubry n’a pas une communication comme les autres, remarque “ L’Express ” — cela ne veut pas dire qu’elle ne se construit pas une image ”.

Observez bien cette image

L’image, justement, c’est le problème de Nicolas Sarkozy. Dans “ Le Point ”, Franz-Olivier Giesbert s’étonne du fait que le chef de l’Etat “ ne profite pas dans les sondages de sa métamorphose présidentielle. C’est le grand mystère politique de ces derniers mois, souligne-t-il (…) Observez-le. Le président n’a plus grand-chose à voir avec le turlupin bavard et ramenard du début du quinquennat qui exaspérait tant les Français. Il a commencé à habiter sa fonction. (…) Qu’est-ce qui cloche pour que Nicolas Sarkozy soit ainsi à la traîne, loin derrière François Hollande et Martine Aubry ? Tout indique que c’est plus la personnalité du président que son bilan qui fait problème. Ce qui laisse à penser que, pour lui, la situation n’est pas désespérée. En tout cas, pas encore ”.

Sarko et les “ humiliados ”

En posture délicate, notre président ? Dans les rangs de l’UMP, beaucoup s’interrogent, d’après “ Le Point ”. Beaucoup, qui plus est, parmi les “ amis de toujours ”. “ Sous prétexte de n’être pas prisonnier d’un clan, le chef de l’Etat a souvent privilégié des hommes ou des femmes qui n’avaient pas cheminé avec lui, explique l’hebdo. Les grognards ont été mal, peu ou pas servis, quand ils n’ont pas été débarqués au profit d’anciens adversaires, propageant l’amertume et la grogne ”.

Egrénant la liste des “ humiliados ” de Sarkozy, le journal évoque, bien sûr, “ l’ami de plus de trente ans, Brice Hortefeux, exfiltré de la place Beauvau ” mais aussi Jean-Louis Borloo, “ le plus humilié de tous ”, aujourd’hui “ souriant ” patron du Parti radical, que vient de rejoindre Rama Yade. Il conclut : “ Tout chef de l’Etat est confronté au même dilemme : vaut-il mieux s’entourer d’amis ou neutraliser ses possibles ennemis en se les attachant ? Nicolas Sarkozy est allé très loin dans la seconde direction. Avec le risque de démobiliser ses troupes à la veille d’une élection cruciale ”.

A lire, encore

“ La vérité sur Facebook et la vie privée ” (“ Challenges ”). Dans “ L’Obs ”, le gros dossier “ Ceux qui possèdent la France ”, “ Suppliciés du Novotel d’Abidjan : ce que cherchaient les assassins ”, “ Sept questions sur la démondialisation ”, “ Pour l’amour de l’art ” ou comment Laurent Fabius a mobilisé ses copains pour racheter la société d’enchères Piasa. Dans “ Le Point ”, plutôt que l’extrait du “ Roman vrai de DSK ” et l’interview de son avocat Benjamin Brafman, qui n’apprennent pas grand chose, lisez “ Al-Thani, l’émir qui rachète la France ” (hé oui ! c’est la tendance), “ Afghanistan : avec les médecins soldats ”, “ Ces poisons qui polluent nos assiettes ”, “ Les “ hacktivistes ” ” et, enfin, “ Arles, rencontres du troisième type ” — ça met l’esprit en vacances. Pour plus de détente, plongez dans le spécial “ Escapades à moins de 5 heures de Paris ” de “ L’Express ”. On s’y croirait. Et pour les flippés de l’avion “ Les 10 compagnies les plus sûres au monde ” (“ VSD ”). PNC aux portes, armement des toboggans, vérification de la porte opposée…

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