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Sarkozy et Fillon, la chute : à peine revenus, déjà morts ?, l’UMP sacrifiée sur l’autel des ambitions présidentielles, Tapie stratège gagnant : quand l’Etat joue à la roulette russe
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi le FN "florissant", la France forcée de s’équiper de logiciels espions pour surveiller la Toile, le criminel présumé des attentats de Boston Djokhar Tsarnaev adulé comme une rock-star et, et, et… Philippe Sollers, "éditeur infiltré", pourfendeur du "système", pris en flagrant délit de contradiction...

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Dix jours après le grand “ retour ” de Nicolas Sarkozy (voir la RP de jeudi dernier), quelles nouvelles à l’UMP ? “ Plus personne ne croit à l’UMP que les dons permettront de recueillir 11 millions d’euros d’ici au 31 juillet, indique “ Le Point ”. “ Mais si tout va bien, on devrait atteindre 7 millions, en plein été ce n’est pas si mal, explique Jérôme Lavrilleux, bras droit de Jean-François Copé. Avec cette somme, on aura de quoi convaincre les banques de nous suivre ”. Les voilà averties ”. Ah ben, nous aussi.

Les députés passent à la caisse

Pour que tout “ aille bien ”, rien n’est laissé au hasard. Et tout le monde est prié de participer. Même les députés. “ Ouverte aux sympathisants, la souscription pour combler les dettes de l’UMP concerne aussi les parlementaires, nous informe “ Le Nouvel Observateur ”. “ Les députés se sont engagés à fournir une contribution importante et significative ”, souligne Christian Jacob. Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale refuse de préciser le montant que recouvrent ces termes mais, selon plusieurs élus, il est question que chacun verse 2000 euros. “ C’est ma femme qui va être contente ”, persifle Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais ”. Sûr… et à la veille des vacances en plus !

L’ardoise de Fillon

De là à ce que certains resquillent… D’après “ Le Point ”, “ En interne, des caciques s’émeuvent du manque de solidarité des parlementaires, qui ne sont pas tous à jour de la quote-part de l’indemnité qu’ils versent à l’UMP. Pis, certains auraient de gros arriérés : “ François Fillon doit un peu plus de 30 000 euros au parti, on ne peut pas dire qu’il montre l’exemple et la solidarité ”, persifle l’un d’eux. Ce à quoi l’entourage de l’intéressé rétorque, en guise de démenti : “ Ce sont des boules puantes qui n’on qu’un seul but : diviser et abaisser à un moment où nous n’en avons vraiment pas besoin… ” ”. Ca, c’est vrai, ça, comme dirait la mère Denis.

Fillon veut un nouveau comité de suivi des finances de l’UMP

Qui ment, qui dit la vérité ? Hou, voilà une affaire compliquée ! A l’heure où certains lui attribuent une ardoise de 30 000 euros, “ L’Obs ” nous informe que lors de son entretien avec Jean-François Copé “ lundi 8 juillet, quelques heures avant l’intervention de Nicolas Sarkozy devant le bureau politique extraordinaire de l’UMP ”, François Fillon a proposé “ notamment au président du parti la constitution d’un comité de suivi des finances de l’UMP ” en lieu et place de celui qui existe déjà ”. Pour faire une telle proposition, vaut mieux être à jour de ses cotisations… Alors qui ment, qui dit la vérité ? Bah, est-ce qu’on le saura jamais ? 

Dette de l’UMP : le trésorier avait prévenu

Ce que l’on sait, c’est que l’ancien trésorier de l’UMP avait alerté sur la situation financière du parti avant de démissionner le 26 novembre dernier. “ Dès l’été 2012, rapporte “ L’Obs ”, (Dominique) Dord avait prévenu Fillon de l’état calamiteux des finances du parti. Puis, dans sa lettre de démission, il avait prédit “ un déficit de trésorerie qui atteindra plus de 50 millions d’euros en juin prochain ” et “ un plan de redressement douloureux ”. C’était compter sans les 11 millions d’euros de la campagne présidentielle à rembourser d’ici au 31 juillet. Au début de la semaine, la souscription nationale avait déjà rapporté 5 millions. La dette initiale de l’UMP (hors campagne de Sarkozy) a été négociée l’an dernier avec les banques par Dominique Dord. Le parti doit rembourser 11 millions par an pendant cinq ans. L’actuelle trésorière a versé la première tranche fin juin. “ On a déjà économisé 15 millions d’euros sur le fonctionnement du parti, je vois mal où on peut trouver des économies supplémentaires ”, dit Catherine Vautrin, qui précise n’avoir renouvelé aucun contrat à durée déterminée. Selon elle, il reste aujourd’hui 98 contrats en CDI au siège de la rue de Vaugirard, et l’UMP doit fonctionner avec un budget de 35 millions d’euros contre 50 millions les années précédentes ”. Pas évident… et pas brillant, brillant, tout ça. Y’a urgence à redresser la barre. Reste à définir comment…

Fillon entre désir de réforme et ambition présidentielle

Sera-ce à travers le nouveau comité de suivi des finances proposé par Fillon ? Pas gagné, à en juger par la discussion à laquelle a donné lieu l’offre, ainsi rapportée par "L'Obs". “ “ On peut s’en occuper toi et moi ”, avance Copé, manifestement peu emballé par la création d’une nouvelle instance. “ Non, dit Fillon. Il faut un vrai comité. C’est plus sérieux ”. “ Bon, reprend Copé, il faudrait le réunir tous les trois mois —Non, compte tenu de la situation financière, ce ne serait pas raisonnable. Il devrait se réunir une fois par semaine ”. “ On pourrait demander à Juppé et Raffarin ”, propose encore Copé, qui sait parfaitement que les deux anciens Premiers ministres ont d’autres chats à fouetter. “ Pourquoi pas ? ” élude alors Fillon, qui veut prendre le temps de réfléchir à la composition de ce comité et souhaite y voir siéger des personnalités peut-être moins prestigieuses mais plus disponibles… ” Surtout, l’ancien Premier ministre veut éviter de retomber dans les erreurs du passé. Comme le souligne le journal, “ L’ancien Premier ministre veut (…) veiller à ne pas surmédiatiser cette séquence. Pas question non plus de ressusciter la guerre Copé-Fillon de l’an dernier et de redescendre une marche alors qu’il est devenu le rival de Nicolas Sarkozy ”. Nous y voilà…

Fillon patron de l’antisarkozysme

“ Le Sarthois devait, à tout prix, se réaffirmer en patron de l’antisarkozysme. C’est fait, annonce “ le Point ”. Les flèches décochées lors de son discours de La Grande-Motte, jeudi 11 juillet, en réponse au vrai faux retour de Sarkozy devant le bureau politique exceptionnel de l’UMP, ont causé d’irréparables dégâts dans leur relation. Le verbatim est féroce : “ L’UMP ne peut vivre immobile, congelée, au garde-à-vous, dans l’attente d’un homme providentiel ” ; “ personne ne peut dire “ circulez, il n’y a rien à voir, le recours c’est moi ! ” ” ; “ rester sur son piédestal en attendant que la gauche s’effondre et en espérant être plébiscité des Français : ça, c’est l’assurance d’échouer ” ”. L’a pas mâché ses mots, Fifi…

L’UMP sacrifiée sur l’autel des ambitions présidentielles

“ Entendant les balles siffler en direction de son champion, poursuit le mag, Brice Hortefeux, le président de l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, a aussitôt décroché son téléphone et prévenu l’ancien président de la nouvelle : Fillon a revêtu les peintures de guerre. Déjà parti en vacances au Canada, Nicolas Sarkozy, semble-t-il assez surpris de la virulence des attaques, a donné la consigne : surtout ne pas surenchérir. Inutile de monter sur le ring trop tôt. La séquence du lundi précédent, à l’UMP, était jugée par lui suffisamment bonne pour ne pas la compromettre par un coup de sang déplacé. Voilà ce que le public devait retenir : Nicolas Sarkozy avait volé au secours de son parti en ruine, la collecte de fonds fonctionnait bien (déjà 4,5 millions d’euros récupérés par la souscription sur le 11 millions perdus), le chef était toujours écouté, craint et son retour espéré… Pour agrémenter le tout, des militants triés sur le volet avaient été chargés d’assurer les vivats devant les caméras à l’entrée du siège de l’UMP. Et pour Fillon, pas de doute, les sifflets de ces mêmes militants, lors de son arrivée au siège, étaient téléguidés… Bref, Sarkozy avait, à ses yeux, soigneusement esquissé un joli triptyque : Copé, à droite, était censé jouer le Roi mage, Sarkozy, au centre, la victime d’un complot d’Etat, et Fillon, à gauche, était confiné dans le rôle d’un petit Judas ”. Charmant tableau… Mais brisons là, et faisons le bilan des courses. D’un côté, Sarkozy satisfait de sa séquence du 8 juillet soucieux de “ ne pas monter sur le ring trop tôt ”, de l’autre, Fillon content de sa sortie du 11 à La Grande-Motte attentif à ne pas “ ressusciter la guerre Copé-Fillon de l’an dernier ”, parti comme c’est parti, l’est pas sauvée, l’UMP… De là à penser qu’elle est d’ores et déjà sacrifiée sur l’autel des ambitions présidentielles ?

Sarkozy et Fillon, la chute : à peine revenus, déjà morts ?

Cette question posée, s’en pose immédiatement une autre. En s’estimant satisfaits de leurs prestations respectives, et donc de l’affichage de leurs, disons, “ différends ”, Nicolas Sarkozy et François Fillon se fourreraient-ils le doigt dans l’œil jusqu’au trognon ? “ La querelle étalée entre les deux chefs de la droite est sanctionnée dans notre baromètre Ipsos-“ Le Point ”, constate l’hebdo. Nicolas Sarkozy accuse la plus forte baisse du mois au classement général et recule de 5 points chez les sympathisants UMP (- 8 points). François Fillon paie aussi l’addition chez les plus sarkozystes des sympathisants UMP. Les luttes fratricides qui ont émaillé la chronique de “ la droite la plus bête du monde ” depuis quarante ans pourraient-elles faire deux morts de plus et profiter, in fine, à François Hollande (à son plus bas historique avec “ 26 % de jugements positifs et un niveau de défiance à 71 % ”, ndlr) “ ou à un troisième homme ”, comme certains le disent à l’UMP ? ” Bonne question.

Le FN florissant

Et tandis que la droite s’écharpe, que le navire UMP sombre sous le poids de sa dette, “ Le Point ” nous apprend, en passant, l’air de rien, au détour d’une brève que “ grâce à son compte en banque florissant et au boom des adhésions, le parti de Marine Le Pen compte quarante permanences en France — contre dix en 2010. Les dernières en date ont ouvert à Dijon, Savigny-sur-Orge, Forbach, Toulon ou Boulogne-Billancourt. Objectif de Steve Briois, délégué général du parti : “ En ouvrir encore trente d’ici aux municipales de 2014 ” ”. Hou, que c'est youp-la-boum, tout ça.

Affaire Tapie : des failles dans la stratégie du CDR

Quid de Tapie ? “ Va-t-il tout perdre ? ” s’interroge “ L’Express ”. Rien n’est moins sûr... “ Selon nos informations, indique le mag, la procédure engagée par son adversaire, le Consortium de réalisation (CDR, l’organisme de défaisance des actifs pourris du Crédit lyonnais), afin d’obtenir la révision de l’arbitrage, présente en effet d’étonnantes failles. (…) La démarche (du CDR) en vue d’une révision comporte un risque : le Consortium a choisi d’agir sur le seul  terrain d’un arbitrage “ interne ”, laissant de côté une autre possibilité de recours. L’arbitrage interne s’applique lorsque le différend oppose deux parties de même nationalité. Pour les conseils du CDR, il n’y a pas l’ombre d’un doute : le vendeur (Tapie) et l’acheteur (le Crédit lyonnais) sont français. Ces mêmes conseils font également valoir le fait que la procédure suivie jusqu’alors, y compris par l’avocat de Bernard Tapie, a toujours été celle de l’arbitrage interne. Enfin, deux décisions du tribunal administratif et surtout de la Cour d’appel, le 3 juin 2013, ont conforté ce point ”. Où est le problème, alors ?

La stratégie Tapie

C’est qu’ “ à l’inverse, explique “ L’Express ”, l’homme d’affaires défend le caractère international de l’arbitrage. “ C’est une société allemande qui vend Adidas en 1990, affirme-t-il.. Et à l’époque, Adidas ne fait que 6 % de son chiffre d’affaires en France. A la fin, le nouveau propriétaire, Robert Louis-Dreyfus, est suisse et sa société est installée au Luxembourg ”. Si les juges de la cour d’appel de Paris donnent raison à Tapie sur la caractère international du conflit, le coup sera rude pour le CDR et l’Etat. Car il n’y aura plus aucune possibilité de contestation. Ils devront alors se résoudre à un nouvel arbitrage, avec le trio d’origine (Estoup-Bredin-Mazeaud), dont la décision est si contestée. Au contraire, si le CDR obtient gain de cause sur la nature “ interne ” de la procédure, ce sera à la cour d’appel de prendre en main le dossier, donc à la justice ordinaire de se prononcer. Un scénario jugé bien plus périlleux pour Bernard Tapie ”.

Quand l’Etat joue à la roulette russe

“ En attendant, poursuit le journal, l’inquiétude grandit devant la stratégie du CDR et de l’Etat, d’autant que le temps presse. La date limite pour déposer le second recours, cette fois devant le tribunal arbitral, expire le 28 juillet. En choisissant de tout miser sur un seul type de recours (la voie “ interne ”), ils semblent jouer à la roulette russe — ou à tout le moins prendre un risque inconsidéré. De fait, l’attitude des pouvoirs publics, en particulier du ministère de l’Economie et des Finances, paraît difficile à saisir, y compris pour des spécialistes de la question arbitrale proches du gouvernement. “ En déposant les deux recours à la fois, l’Etat et le CDR se prémuniraient d’une défaite irréversible ”, explique ainsi le professeur de droit Thomas Clay. D’autres, plus sévères, évoquent même un “ véritable sabotage ” ”. C’est quoi, le problème ? C’était bien ça, la question, au départ ?

La France forcée de s’équiper de logiciels espions pour surveiller la Toile

Scoop ? D’après “ L’Express ”, “ la France s’est dotée, en toute discrétion, de logiciels espions pour intercepter et lire les communications sur la Toile ”. “ Après l’Italie et l’Allemagne, et avant l’Espagne et les Pays-Bas, explique l’hebdo, les autorités tricolores se sont dotées secrètement de cet arsenal avec le concours de la société Ercom, soutenue par le Fonds stratégique d’investissement (FSI). Ce spécialiste des tests et de la mesure de performance des réseaux de télécommunications a bénéficié d’une levée de fonds de 18 millions d’euros en 2011. (…) Si police et gendarmerie cherchent à s’équiper d’un tel dispositif, c’est faute d’avoir obtenu la coopération bienveillante des géants de l’Internet. Dans les affaires de banditisme ou de terrorisme, les suspects peuvent utiliser des services grand public pour échanger entre eux, via les messageries Gmail (Google) ou Outlook (Microsoft), le service de voix sur Internet Skype (Microsoft), ou encore iMessage (Apple) ou Facebook. Or toutes ces communications sont chiffrées, rendues illisibles pour quiconque ne possède pas l’indispensable clef de lecture. (…) Pour être plus efficaces dans leurs investigations, les agents ont donc demandé, de façon informelle, les passes numériques à plusieurs géants d’Internet. Mais, selon nos informations, la plupart n’ont pas donné suite, à l’instar d’Apple ou de Google ”.

Le problème des logiciels espions

Interviewé par le journal, le juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic explique : “ Pour déchiffrer des communications suspectes, nous devons faire appel au centre technique d’assistance du ministère de l’Intérieur, qui peut mettre jusqu’à trois semaines pour nous répondre. C’est trop long. Nous avons besoin de lire en temps réel les conversations dans le cadre d’affaires de terrorisme. Va-t-il falloir attendre un incident avant de réagir et de nous donner des moyens ? ” s’emporte-t-il. Le magistrat, précise le mag, milite de longue date pour une deuxième solution : l’utilisation de logiciels espions, capables de capter des informations à la source, avant même qu’elles soient chiffrées, en entrant dans les PC et les téléphones ”. Problème, évidemment : “ ces dispositifs intrusifs (mis au point par la société italienne Hacking Team “ déjà vilipendée pour avoir vendu son système à des régimes autoritaires ”, ndlr) font craindre à l’opinion publique européenne des atteintes à la vie privée, voire à la vie tout court de dissidents politiques, reprend le news. (…) rien n’indique (par ailleurs) que ces espions numériques n’envoient pas aussi les informations qu’ils collectent à des services de renseignements étrangers ”. Ca fait pas mal de risques, tout ça, effectivement…

Le dispositif développé par la France n’est pas sans danger

“ Pour éviter cet écueil, la France a donc préféré développer son propre dispositif, avec le soutien d’Ercom. (…) Pourtant, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) demeure extrêmement réservée sur le recours à de telles solutions. Pour une raison au moins : elles “ permettraient de collecter des données transitant sur des systèmes utilisés par des personnes protégées par le législateur ”, comme les cabinets d’avocat ou de médecin, les études de notaire, d’avoué ou d’huissier, les locaux d’une entreprise de presse ou encore les parlementaires et les magistrats… Et la Cnil de rapporter les conclusions de la Cour constitutionnelle fédérale allemande. Cette institution a estimé que ces systèmes ne pouvaient être employés que s’il existe réellement des éléments présentant une menace concrète sur l’intégrité corporelle, la vie, la liberté des personnes, ou une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Une façon de rappeler que la frontière est bien mince entre la recherche de la sécurité et la violation de la vie privée. Une fine séparation, que l’on nomme aussi démocratie ”. Bé vi.

Le coauteur des attentats de Boston adulé comme une rock-star

C’est un phénomène pour le moins étrange : “ Alors que s’ouvre le procès du coauteur présumé des attentats de Boston, ses groupies et admirateurs se déchaînent sur les réseaux sociaux ”, nous apprennent “ Les Inrocks ”. “ Si beaucoup défendent (Djokhar Tsarnaev) sur la base de théories du complot, d’autres se muent en groupies pour lui vouer un culte façon rock-star, explique le mag. Qualifiées de “ disgusting fan girls ” par le “ Los Angeles Times ” le 10 juillet, elles commentent à longueur de tweets, de blogs et de pages Facebook, le physique du criminel présumé et peuvent péter les plombs à la vue d’un dessin de l’Associated Press le représentant au tribunal, si elles le jugent peu flatteur ”. Ah oui ? C’est pas fini…

“ Djokhar Tsarnaev est TROP BEAU ! ! ! ”

“ Sur Twitter, continue le journal, une certaine @dzokharstruth poste le 3 juin la photo d’un de ses tatouages en forme d’idéogramme chinois signifiant “ vérité ” qu’elle s’est fait inscrire en l’honneur de Tsarnaev. Le 11 juillet, @Cybeleko tweete en français : “ J’osais pas le dire mais puisque certaines l’ont fait avant moi… Djokar Tsarnaev est TROP BEAU ! ! ! ” Cerise sur le gâteau : le site américain Gawker rapportait en avril dernier avoir aperçu des photos de Djokhar Tsarnaev assorties de cœurs sur un Tumblr d’ados dédié à l’un des membres du boys band One Direction. Contactée par Gawker, la jeune fille expliquait : “ Je le trouve mignon, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je me suis impliquée dans ce mouvement. J’y suis car je ne trouve pas cela juste de mettre une personne totalement innocente en prison pour le reste de sa vie ” ”. C’est gratiné, cette histoire...

Les réseaux sociaux, moteurs de cette “ hystérisation collective ”

“ Cette attirance pour un criminel a un nom, nous informent “ Les Inrocks ” : l’hybristophilie ou ubristophilie, du grec hybris (la démesure), que Jean-Bernard Garré, psychiatre spécialiste de criminologie, définit comme “ une fascination pour les gens qui transgressent, qui vont au-delà des limites ”. Selon lui, cette “ pulsion à transgresser nous libère des codes sociaux. Dans la nature, il n’y a pas de morale. La barbarie est donc éventuellement au fond de nous ”, rappelle-t-il. Au sujet des fans féminines de Tsarnaev (dont on voit une “ représentante ” much in love, visiblement, en photo dans le mag) Jean-Bernard Garré souligne tout de même l’importance des réseaux sociaux, moteurs de leur “ hystérisation collective ”, qui leur assurent un quart d’heure de célébrité : “ Elles veulent crier leur amour à la face du monde. S’il n’y avait pas de public pour les écouter, il y aurait moins de fans ”. Un engouement qui s’est matérialisé en envoi d’argent à Tsarnaev ainsi qu’à sa famille (19 000 dollars récoltés début juin selon Channel 4 News), et qui pourrait, selon Bruno Fay (journaliste et auteur de “ Complocratie, enquête aux sources du nouveau complotisme ”, Editions du Moment), lui être favorable dans son procès ”. Pourquoi se gêner, hein ?

Sollers a tout compris au système : il s’autoédite — chez Gallimard, quand même

Dans le genre sans gêne, Philippe Sollers se pose un peu là… Pour l’été, “ Les Inrocks ” ont initié une série de portraits d’éditeurs, initiative qu’on ne saurait que trop louer, et se penche cette semaine sur le cas Sollers. Titre de l’article : “ Infiltrer le système de la publication ”. Chapô : “ Figure majeure du milieu littéraire français depuis plus d’un demi-siècle, Philippe Sollers est l’un des rares à avoir réussi l’équation périlleuse d’être à la fois écrivain et éditeur ”. Ah oui ? Et il l’a résolue comment, cette “ équation périlleuse ”, le big Philou ? A la question : “ Quand et pourquoi êtes-vous devenu éditeur ? ”, voici ce qu’il répond : “ Quand je me suis rendu compte, après avoir eu un très grand succès (avec “ Une curieuse solitude ”, 1958, ndlr) très jeune, à 22 ans — ça me paraissait très suspect —, qu’il fallait infiltrer le système de la publication. Bien m’en a pris car je peux dire aujourd’hui que si je n’avais pas joué ce jeu, d’abord au Seuil puis chez Gallimard, je ne suis pas sûr que je serais encore publié. Donc, je m’auto-édite ”. On n’est jamais mieux servi que par soi-même… C’est d’un cynisme, quand même ! L’a tout compris — et très vite, au “ système ”, Sollers… Et il ne s’en cache même pas. Mais le meilleur est à venir.

Sollers pourfendeur du “ système ” pris en flagrant délit de contradiction

“ Que pensez-vous de la critique littéraire aujourd’hui ? ”, lui demande, à la toute fin de l’interview, Nelly Kaprièlian. —“ Elle n’existe pratiquement plus, pas plus que la presse littéraire dans son ensemble, répond Sollers. Moins il y a de littérature, moins il y a de critiques littéraires, et plus la tyrannie peut s’exercer. Et puis il y a l’incestuosité du milieu. C’est sociologique. En France, l’identité sociale domine tout. La lutte des classes reste une spécialité, aujourd’hui plus que jamais. Le système de publication des journalistes a été mis en place au début par Françoise Verny, chez Grasset, dans les années 70. C’était très simple : selon elle, si les journalistes écrivent des livres, les journalistes rendront compte des livres qu’écrivent leurs confrères, et ainsi de suite ”. Et ainsi de suite, oui : il y a aussi les écrivains-éditeurs qui “ s’auto-éditent ”… dans le genre “ incestueux ”, difficile de faire mieux ! Dommage que “ Les Inrocks ” n’aient pas relevé la contradiction… c’est pas très rock, tout ça, zont mangé leurs dents ou quoi ? Bonne semaine, les goulus ! A samedi, les fondus de pipoleries ! Et bel été à ceux qui partent !

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