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Sarkozy dans "Valeurs actuelles" : ce qu’il dit exactement, Marcela Iacub au tribunal du "Nouvel Obs" : accusée, levez-vous ! Les révélations du mag sur sa liaison avec DSK
©DR

Revue de presse des hebdos

Hou, y’a du lourd, ce jeudi, dans les hebdos ! D’abord, l’article de "Valeurs actuelles" sur le retour sacrificiel, pas "par envie", juste "par devoir", de Nicolas Sarkozy. Ensuite, ensuite… le drôle de retournement de "L’Obs" contre Marcela Iacub et, scoop ou vengeance ?, le "vrai récit" de ses trois mois de liaison avec DSK...

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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“ Valeurs actuelles ” n’était pas sorti qu’on nous rebattait déjà les oreilles, mercredi, avec son papier sur Nicolas Sarkozy qui, on résume, n’aurait “ pas envie ” de revenir mais s’y forcerait malgré tout par "amour de la France"… Ce résumé est-il conforme à ce que dit l’article ? On est tenté de dire oui, quoiqu'après lecture, cela semble un chouïa plus compliqué… Les conditions de réalisation de “ l’enquête ” proposée par le journal posent aussi question… Mais procédons par ordre, et commençons par le commencement, hmm ?

Nicolas dans les vestiaires du Parc des Princes avec Beckham et Vic

Au commencement, donc, “ Valeurs actuelles ” nous narre la rencontre et la conversation “ en anglais ” de l’ancien président avec David Beckham “ dans les vestiaires du Parc des Princes ” juste avant le match du “ dimanche 24 février ” : “ “ Tu sais, (dit Sarkozy au footballeur), j’ai 58 ans, et jamais j’aurais rêvé de voir, en championnat de France, Beckham jouer avec Ibrahimovic ”. Arrivent les parents du joueur anglais. Nicolas Sarkozy papote avec eux, nous raconte le mag. Il blague. Détendu. Heureux. Simplement heureux. Il est l’heure pour les joueurs de rejoindre la pelouse. “ Vous viendrez bien dîner à la maison ? ”, demande-t-il à David Beckham et à son épouse. Rendez-vous est pris ”. Sympathique, cette petite introduction… un peu people, peut-être, mais tellement cool ( ? !)

“ Il reçoit tous ceux qui souhaitent le voir, à la condition qu’ils ne l’aient pas insulté ”

Mais le journal sait redevenir sérieux et s’empresse de suivre “ l’ex ” dans “ ses bureaux du 77, rue de Miromesnil ”. “ Lundi 25 février, reprend-il. Il est 15 h 30. Un industriel arrive pour une entrevue avec l’ancien président de la République (…) au moment où celui-ci raccompagne ses invités précédents. Des écrivains, des amis, des historiens. Il lui faut maintenant préparer une conférence qu’il doit donner à Abou Dhabi deux jours plus tard. Un déplacement qui l’empêche d’assister à la dernière audience papale réservée aux personnalités internationales, à laquelle Benoît XVI l’avait invité ”. Des invités de prestige, une invitation non moins prestigieuse du pape aujourd’hui retraité malheureusement déclinée à cause d’un agenda surchargé, l’ancien chef de l’Etat est visiblement très sollicité... “ Valeurs actuelles ” nous le précise d’ailleurs au cas où on n'aurait pas capté : “ Entre deux voyages, son agenda est plein de rendez-vous. Le 77, rue de Miromesnil est une fourmilière où Nicolas Bazire, directeur général du Groupe Arnault croise Sébastien Loeb, champion du monde des rallyes. Où le paléontologue Yves Coppens peut se retrouver, dans le couloir, face à Pierre Blayau, patron du fret à la SNCF, qui reconnaît avoir voté Hollande. Où Thierry Breton, actuellement président du groupe Atos, salue Henri Loyrette, le futur-ex-président du musée du Louvre. “ Il reçoit tous ceux qui souhaitent le voir, à la seule condition qu’ils ne l’aient pas insulté ” ”. 

Nicolas, ce héros

Pas d’insultes : le sésame pour être reçu. De là à multiplier les louanges à l’endroit de l’ancien président, il n’y a qu’un pas… “ Quelques jours plus tôt, nous raconte l’hebdo, (Nicolas Sarkozy) est sorti faire le tour des commerçants du quartier. “ Il était impossible de marcher, raconte un de ses proches, tout le monde l’agrippait et lui disait : “ C’est grave, monsieur le président. Revenez, revenez-nous vite ! ” Il ne leur répondait pas non. Mais simplement : “ Je n’ai pas envie ”. Le jour de son anniversaire, ajoute le journal, Nicolas Sarkozy a reçu 8 500 cartes de vœux, sans compter d’innombrables mails. Tous disaient : “ On a peur ”, ou bien “ Ca fait peur ! ” (…) Au mois de janvier, complète encore le news, il a disserté, en anglais, pendant une heure et demie devant les 400 associés de (la banque Goldman Sachs). “ Ils m’ont applaudi debout ”, dit-il, fier de cette nouvelle vie qui le comble. “ Je leur ai dit dans les yeux que la vertu majeure en économie, c’est la responsabilité. Parce que s’il suffisait qu’il y ait de la liberté pour que tout fonctionne bien, on se demande alors pourquoi la finance est devenue folle. Non seulement ils étaient heureux, mais ils m’ont écrit pour me dire que cela avait été le moment le plus important de leur année ” ”. Rien que ça ! Ca va, les chevilles ? Côté pompe à reluire, c’est pas mal non plus, remarquez… Au moins, ici, on sait qui parle — qui écrit ? — : lui, et rien que lui.

De la traçabilité du bifteck à celle des enfants en passant par l’Allemagne : comment abattre Hollande en trois coups

Et que dit Nicolas Sarkozy ? Ben, tout le bien qu’il pense de son successeur, c’te question ! Premier coup de boutoir : les relations France-Allemagne. “ “ Le problème, explique-t-il (à “ l’industriel ” évoqué plus haut), c’est que plus rien n’est désormais possible entre la France et l’Allemagne. Hollande a cassé tout ce que j’avais réussi à construire avec Angela Merkel. Pas tellement parce qu’il ne s’entend pas avec elle, mais parce qu’il mène une politique exactement contraire à celle de l’Allemagne ”. (…) A l’un de ses visiteurs du soir qui le voyait régulièrement à l’Elysée, rapporte un peu plus loin le journal, il confie : “ Tu sais, les Français sont moins en colère qu’effrayés. Quand on pense que le sujet du moment, c’est la traçabilité du bifteck ! Tout le monde veut savoir s’il y a du cheval dans ce qu’on mange. Mais la traçabilité des enfants, qu’est-ce qu’on en fait ? C’est tout de même plus important. Avec leur “ mariage pour tous ”, la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui, bientôt, ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant. Et le petit, plus tard, quand il demandera qui sont ses parents ? On lui répondra : “ Désolé, il n’y a pas de traçabilité ” ”. Percutant, ce parallèle entre la traçabilité du bifteck et celle des enfants… bizarre, en même temps…

Français, tremblez !

“ Les Français sont moins en colère qu’effrayés ”, analysait plus haut l’ancien président. Comme pour appuyer ses dires et finir de nous convaincre qu’il y a de quoi vraiment flipper, “ l’ex ” revient à deux reprises sur le sujet. “ Tout d’un coup, l’ancien président se fait plus grave, note sobrement “ Valeurs actuelles ”. Lui qui était encore si détendu, la veille au soir, dans la loge présidentielle du Parc des Princes, (…) se tend comme un arc : “ Tu sais, dit-il à cet industriel, on va au-devant d’événements graves. D’abord, sur le plan économique. Les voitures ne se vendent plus. Les appartements pas davantage. Il n’y a plus un emploi qui se crée. Ensuite, il y aura une crise sociale. Puis, on va se prendre une crise financière d’une violence rare. Et enfin, cela finira avec des troubles politiques ”. C’est tout ? Non. “ “ Même pendant la crise de 2008-2010, qui aurait pu tout emporter, la France n’a jamais été dans cet état-là ”, confie-t-il. “ J’ai tout mis en œuvre pour éviter les tensions, pour faire en sorte que la France soit crédible, qu’elle ait toujours son leadership ” ”. Ah, ben, y’a plus qu’à le faire revenir, alors, celui dont les Français, inconscients qu’ils étaient, n’ont plus voulu ! Son retour, voilà comment Sarkozy le voit…

“ Regardez comment j’ai été traité ! Mais vous croyez vraiment que j’ai envie ? ”

Sa vie d’aujourd’hui, insiste le journal, est “ une vie qui lui plaît intensément. Une vie qui rassure Carla Bruni, son épouse. Une vie qui lui permet de voir grandir sa fille Giulia. Reste la France, bien sûr. La politique, non. Mais la France, oui. Peut-être un jour ! “ Que ce soit clair, explique-t-il, je n’ai pas envie d’avoir affaire au monde politique qui me procure un ennui mortel. Et puis, regardez comment j’ai été traité ! Lorsqu’on m’a convoqué pour treize heures d’interrogatoire, à propos de l’affaire Bettencourt. Tout cela, pour quoi ? Lorsque trois juges sont chargés d’enquêter sur mon soi-disant rôle dans l’affaire de Karachi. Un dossier où ma seule contribution a été de dire à Edouard Balladur, à propos de ce fameux contrat pakistanais : “ Ne le signez pas ! ” Mais vous croyez vraiment que j’ai envie ? Sans compter la manière dont ils ont traité ma femme. Interdite de chanter pendant cinq ans ” ”.

“ Tu crois que je ne sais pas que je vais mourir ? ”

“ La réponse est cinglante, poursuit le mag. L’interlocuteur (de qui s’agit-il ? C’est pas très clair) est presque assommé. Il lui reste encore une possibilité de tenter sa chance : “ Envie de prendre votre revanche ? ” Et là, il se lève du canapé : “ Mais quelle revanche ? Tu plaisantes ? La revanche, d’abord, c’est un très mauvais sentiment. Cela n’a jamais rendu heureux personne. Et puis, quelle revanche ce serait ? Pour reprendre la France dans l’état où les socialistes la laisseront. Tu crois que je ne sais pas que je vais mourir ? Donc, franchement est-ce que j’ai envie de revenir ? Non ” ”. Revenir et mourir… c’est beau comme un James Bond, dis donc ! C’est cornélien, en même temps… c’est un vrai sacrifice qu’on lui demande, là, à notre ancien président…

Par devoir pour la France

Un sacrifice auquel il est pourtant prêt. “ Lui-même en convient, indique “ Valeurs actuelles ” : “ Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : “ Avez-vous envie ? ” mais “ Aurez-vous le choix ? ” Ce ne sera pas le moment le plus glorieux pour la France. Il s’agira d’un moment où le pays sera tenaillé entre la poussée de l’extrémisme de gauche et celui de droite. Parce que François Hollande n’aura pas tenu compte de toute cette France des invisibles et des oubliés. Et puis, il s’agira d’un moment où la droite n’offrira aucune solution de recours. Pas plus que la gauche. Dans ce cas, je ne pourrai pas continuer à me dire : “ Je suis heureux, j’emmène ma fille à l’école et je fais des conférences partout dans le monde ”. Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d’y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu’il s’agit de la France ” ”. C’est beau !

“ Le chemin de ce retour ne passe pas par la politique ”

C’est beau et pourtant, il reste un point obscur dans les conditions de ce retour… L’hebdomadaire l’indique : “ Tous ses visiteurs entendent ce même refrain : “ Le moment où je l’aurai décidé, je le dirai aux Français. Je prendrai la parole. Mais librement, sans calcul. Une chose est certaine : le chemin de ce retour ne passe pas par la politique. La politique, c’est fini. En revanche, il passe par une crédibilité internationale incontestée. Il est donc très important que je continue à voyager. Il passe aussi par une crédibilité économique, car les Français ont soif de cela. Et il faut s’attendre à me voir prendre des initiatives économiques fortes ”. Lesquelles : mystère. Même ses plus proches l’ignorent encore ”. Ah ben, ah ben, qu’est-ce que ça peut-être, ce chemin qui “ passe par une crédibilité internationale incontestée ” et qui “ passe aussi par une crédibilité économique ” ? Le Fonds monétaire international, Nico, c’est déjà pris… Comme nous le rappelle “ L’Express ”, à fond sur le dossier Tapie depuis quinze jours, Christine Lagarde “ devrait être entendue par la Cour de justice de la République ” afin de donner sa version sur les conditions de “ l’arbitrage ”, mais bon, ça ne devrait pas mettre en danger la patronne du FMI, hein ? A moins que… Bah, c’est très mystérieux, tout ça…

“ L’Express ”, les femmes et “ l’arme du sexe ”

Et puisqu’on parlait de FMI, quelles nouvelles de DSK et de l’affaire Iacub ? Han, y’avait longtemps, hein ? Faut dire que sur le thème, à part “ Le Point ” qui, cette semaine, propose un dossier croquignolet sur “ Ceux qui cassent la France par corporatisme ou clientélisme, maladresse ou lâcheté ”, vos hebdos, “ L’Express ” et “ Le Nouvel Obs ” en tête, s’en donnent à cœur joie… “ Femmes : l’arme du sexe ”, rue “ L’Express ” en une qui affiche une photo de Marcela Iacub et des Femen, avec en sous-titre : “ Le cas Iacub. Les nouvelles amazones. Le grand malaise des hommes ”. Ma, qu’est-ce que c’est que cette couv-là ? Quel rapport entre Iacub et les Femen ? Et surtout, que signifie ce titre : “ Femmes : l’arme du sexe ”, que vient-il faire là ?

Marcela Iacub, simple “ courtisane ”

Histoire de nous mettre sur la piste ? Le news nous le dit en accroche : “ Le livre de Marcela Iacub et sa nouvelle affaire DSK ressuscitent la figure de la courtisane. Pourtant, les temps ont bien changé. Des féministes aux seins nus de Femen aux égéries décomplexées de l’érotisme féminin, de nouvelles amazones jouent ouvertement de leur corps et de leur sexualité. Pour défendre leurs idées comme pour assumer leur plaisir ”. Heu, on a mal compris ou “ L’Express ” a récupéré l’affaire Iacub, réduite à l’état de simple “ courtisane ”, l’a mélangée avec le dossier Femen (des filles qui se baladent les seins à l’air, ça a forcément la cuisse légère, hmmm ?), pour faire un dossier — une “ enquête ”, pardon — sur l’érotisme et la sexualité féminines ? 

“ Le sexe est une arme que les femmes dégainent autant au travail que dans la chambre à coucher ”

Après une petite semonce à Marcela — “ Marcela, les temps ont changé (…) Les filles de l’âge 2.0 ont mieux à faire que d’envoûter les mâles par leurs prouesses au lit ” ( ? ! ? !) —, on vous le confirme : le reste de l’article se focalise sur le développement de la “ littérature érotique ” (“ 50 Shades of Grey ”, “ Histoire d’O ” et “ La vie sexuelle de Catherine M. ” étant rangés dans le même panier), sur la fréquentation des sites de rencontre, l’évolution de la libido féminine et la recherche de “ performances ” dans le domaine sexuel, comme dans le professionnel. La conclusion ? “ Le sexe, depuis l’amorce de la libération des mœurs, est pour les femmes une arme à double détente. Une arme qui se dégaine autant au travail ou en politique que dans la chambre à coucher ”. Hé, dites donc, vous le saviez pas ? Les femmes sont des braqueuses ! Elles veulent un mec, elles veulent un job ? Ni une, ni deux, bang, elles te braquent ! Elles sortent leur cul, quoi… Sacrée démo, dis donc, toute en finesse, en réflexion, en impartialité… Et son auteur, forcément, est un gros macho ? Même pas ! C’est une fille — comme tous les auteurs du reste du dossier, d’ailleurs. Sacré dossier : mélangeant tout, débouchant sur une conclusion à la mords-moi-le-nœud, parce que faussé — forcé… — à la base. Pour appâter le chaland — en couverture, qu’est-ce que vous voulez, faut bien un peu tricher…

Mauvais joueur, “ Le Nouvel Observateur ” ?

Tricher ou être mauvais joueur, “ Le Nouvel Observateur ” a choisi. Décoré de l’infâme bandeau qui, habituellement orne la une des vulgaires magazines “ people ” et qui, aujourd’hui, proclame sa condamnation “ pour avoir porté atteinte à la vie de Dominique Strauss-Kahn ”, l’hebdomadaire, sous couvert de faire amende honorable, crie en fait à l’injustice et au mauvais traitement. “ La justice est souveraine, et nous respectons ses décisions, écrit Laurent Joffrin en ouverture de l’article “ DSK, Iacub et nous ” qu’il adresse “ à ceux que nous avons choqués ”. Après concertation avec nos avocats et dans le souci d’apaiser la polémique, poursuit-il, nous avons choisi de ne pas faire appel, en dépit des forts arguments juridiques dont nous disposions. Mais il est clair que “ L’Obs ” a été traité avec excès ”. Allez, va-z-y, Laurent, explique-nous ça un peu pour voir…

Jean Daniel : l’étrange absence

“ La violence des réactions, commence le directeur de la rédaction, s’explique par l’identité particulière de “ L’Obs ”, sa réputation et son image, au carrefour du journalisme et de la vie intellectuelle, telles qu’elles ont été forgées par Jean Daniel et qui font contraste avec le caractère sordide des frasques strauss-kahniennes ”. Petite remarque, au passage, comme ça, hmm ?, sans y toucher : Jean Daniel, ce jeudi, a exceptionnellement choisi de ne pas publier son édito — remplacé par un extrait “ en avant-première ” du nouveau, et donc dernier, livre de Stéphane Hessel. Bon, c’est vrai que des fois, l’actu demande certains ajustements, qu’il faut même, parfois, faire “ sauter ” des papiers. Stéphane Hessel étant disparu dans la nuit de mardi à mercredi en huit, le motif de l’urgence de dernière minute ne peut pas, ici, être invoqué. Le décès de “ personnalités ” n’a par ailleurs, à notre connaissance, jamais empêché le fondateur de “ L’Obs ” de s’exprimer et de publier son papier — bien au contraire. Pour Jean Daniel, la pilule serait-elle décidément trop difficile à avaler (voir la RP de jeudi dernier) ? Langue au chat…

“ L’Obs ” bouc-émissaire, “ payant pour les autres ”, selon Laurent Joffrin

Mais reprenons : “ Le traitement particulier qui nous est infligé, continue Joffrin, vient aussi de l’histoire depuis longtemps difficile de nos relations avec DSK et son équipe ”. Là, on vous la fait brève et en résumé : DSK n’aurait pas digéré, selon Joffrin, que “ L’Obs ” refuse de “ prendre parti ” en sa faveur alors qu’il était encore favori aux présidentielles. Troisième et dernière raison invoquée par le patron du journal pour expliquer le traitement “ excessif ” dont il a été l’objet : “ le ressentiment du public à l’égard des médias en général, ressentiment dont “ L’Obs ” devient en l’espèce le bouc émissaire, alors qu’il maintient une qualité de style et d’enquête aussi élevée que possible. (…) “ L’Obs ” en étant condamné avec tant de dureté paie aussi pour les autres, qui se récrient pour faire oublier leur propre comportement. Au moins cela nous permettra-t-il de méditer, peut-être avec moins de tartuferie, sur les paradoxes de notre métier ”, conclut le journaliste.

“ Un livre a le droit d’exister, mais il y a votre couverture : “ Mon histoire avec ”… avec ses guillemets roses pour bien marquer le plan cul ”

“ Tartuferie ”, vous avez dit “ tartuferie ” ? Dans son argumentation, Laurent Joffrin n’évoque à aucun endroit ce qui, foncièrement, “ fait problème ” et qui n’a pas échappé à une lectrice citée dans la page “ Courrier des lecteurs ” : “ Un livre a le droit d’exister, écrit Annie Sidier-Chambon, mais il y a votre couverture (“ Mon histoire avec ” alors que c’est une interprétation romancée), ces trois références à la “ juriste ” Iacub pour mieux légitimer le propos, les guillemets roses pour bien marquer le plan cul ”. Merci, Annie, du fond du cœur : tu as dit ce qu’aucun journaliste n’a, depuis trois semaines, "osé" formuler — et ce qu’aucun journaliste de “ L’Obs ” n’est à l'évidence prêt à reconnaître, même après avoir été “ condamné ”.

Attntion, opération de grand retournement ! “ L’Obs ” condamné se met à désigner des “ coupables ”

Non content d’éluder les questions qui dérangent, “ L’Obs ”, tout affairé à démontrer en quoi il est innocent, mieux : victime, et même “ bouc-émissaire ”, se met — attention, opération de grand retournement ! — à chercher des “ coupables ”. Premier sur la liste : DSK. Dans un article intitulé “ Le monde à l’envers ”, Jacques Drillon, singulière ironie, attaque, justement, sur le thème du “ retournement ”…

“ Tant qu’il y est, DSK pourrait attaquer Nafissatou Diallo pour “ atteinte à la vie publique ” ”

“ Prodigieux retournement !, s’exclame-t-il. Fantastique rétablissement ! Il n’y a que lui, ce monstre d’intelligence et de désir, qui ait eu les reins assez solides pour imaginer, sans honte (…), qu’il allait y parvenir. (…) Ce livre à l’intelligence aiguë, d’une insolente liberté, absolument neuf, de discours comme de ton, de projet comme de facture, il s’est appuyé dessus, et s’est relevé. C’est qu’il a lu Freud et connaît par cœur sa “ Psychologie des masses ”. Il sait que “ la foule déteste le nouveau ”. Un bon avocat là-dessus, et voilà un écrivain, un éditeur et un journal au tapis. Tant qu’il y est, DSK (…) pourrait attaquer Nafissatou Diallo pour atteinte à la vie publique ” : tirés ou portés, tous les coups sont permis ; et si cela se trouve, la justice lui donnerait raison. Le monde à l’envers ? Le monde à l’endroit ? En tout cas, Nietzsche avait raison : “ Il faut protéger les forts contre les faibles ” ”. C’est pas qu’on veuille particulièrement défendre DSK, hmm ? C’est juste ce déni total de la réalité, des erreurs — patentes — commises par “ L’Obs ”, son absence sidérante d'interrogation, de questionnement de soi, qui nous choquent. Quant à sa volonté de nous “ servir ”, du coup, “ des coupables ”, alors là, on n’a plus de mots… Ca n'est — malheureusement — pas fini…

“ Iacub manipulée ? D’ordinaire, c’est elle qui manipule ”

Sophie des Déserts a-t-elle lu le papier de son collègue Jacques Drillon avant d’écrire le sien, situé à peine une page plus loin ? Manifestement, les deux journalistes de “ L’Obs ” n’ont pas la même vision de “ l’affaire ”. Ils n’ont pas non plus le même coupable à fournir au tribunal de leur journal… Pour des Déserts, en effet, la fautive, celle qui est responsable de tout, c’est Marcela Iacub. Chaud devant ! La charge est corsée… “ Comment imaginer Marcela Iacub en femme manipulée ?, s’interroge-t-elle, en réaction au mail produit au cours du procès par les avocats de DSK selon lequel “ la juriste ” se serait “ laissée entraîner d’une manière un peu légère ” par des “ gens qui l’ont un peu dégoûtée après coup ”. D’ordinaire, écrit la journaliste, c’est plutôt elle qui manipule. La juriste du CNRS est un esprit brillant et libre. (…) La théorie du complot ne tient pas. Ce roman, Marcela Iacub l’a voulu, défendu contre l’avis de ses proches, intellectuels renommés qui, avant de se brouiller avec elle, l’ont mise en garde. Ecrire ainsi sur DSK, c’est une folie, disaient-ils ”.

Essais au poing et talons hauts aux pieds, Iacub cherchait depuis dix ans la notoriété

“ Seulement, voilà, poursuit Sophie des Déserts, voilà plus de dix ans que la juriste cherchait la notoriété, à coups d’essais, de chroniques décapantes dans “ Libé ”. et de mises en scènes de sa personne. Yeux fardés, chapeaux, talons hauts, l’intellectuelle, ardente défenseure des animaux, a gagné une petite renommée médiatique et des contrats inespérés au regard de ses chiffres de vente. Mais Iacub, elle, se vit en égale de Foucault. DSK était pour elle un sujet en or. (…) DSK était surtout un adversaire à sa hauteur. Marcela, la grande Marcela, qui, tout au long de son œuvre, se place au-dessus des femmes, de leur désir trivial de fidélité et de maternité, sauverait DSK. Seule, elle irait au chevet du réprouvé. Et elle le changerait ”. Hé ho, Sophie, y’a un truc qu’on n’a pas tout à fait compris, dans ta démo, là... DSK, elle voulait le manger tout cru pour être super-puissante, Marcela, ou elle voulait le sauver et le changer ? Sorry, mais y’a un truc qu’on pige pas…

Le “ vrai récit ” de la liaison de Marcela avec “ le cochon ”

A en juger par la suite de l’article, y’a qu’un seul truc à comprendre : c’est que c’est tout de la faute à Marcela. “ C’est elle qui a demandé à rencontrer Strauss-Kahn, enchaîne la journaliste, après qu’il lui eut envoyé un mail lors de la sortie, en janvier 2012, d’ “ Une société de violeurs ? ”. Anne Sinclair avait été la première à écrire un mot de remerciement. Quand DSK accepte de prendre un café avec la juriste, il n’a pas pris le soin de se renseigner. Imprudent comme toujours (pauvre cher petit DSK…), il s’est contenté de regarder sa photo sur Internet. Marcela Iacub est une aubaine. Une apparition inespérée dans la vie d’un paria. Il est séduit. Elle aussi. Etranges jeux de miroirs. Dans “ Libé ”, elle continue sans craindre le mélange des genres, de prendre la défense de son amant. A ses amis, la juriste raconte qu’elle sort avec un homme célèbre et pas tout jeune, qui la comble. “ Il traite Voltaire comme une secrétaire ”, dit-elle avec autant d’humour que d’immodestie. C’est l’extase, jusqu’à ce que “ le cochon ” se lasse. Il aurait suffi de trois mois (et non sept, comme elle l’écrira). L’intellectuelle maîtrisant son sujet aurait dû l’anticiper. Mais la femme souffre. Il y a des cris, des larmes, des menaces. Une visite à la rivale, Anne Sinclair, à qui Iacub témoigne tant d’égards, avant de l’assassiner d’un trait de plume ”. Ben, dis donc, quand ils ont décidé de se trouver un(e) coupable, à “ L’Obs ”, ils y vont pas de main morte : ils balancent tout… Wow ! Ca plaisante pas. Zallez trouver ça too much, mais… c’est pas fini !

Marcela victime de sa volonté de vengeance — ou de celle de “ L’Obs ” ?

“ Elle a décidé de se venger, poursuit en effet le magazine. De tout raconter, comme sa copine Catherine Millet (quel rapport entre “ Belle et bête ” et “ La vie sexuelle de Catherine M ” ? Comme “ L’Express ”, “ Le Nouvel Obs ” ne s’encombre pas de détails…). Poussée par son éditeur, elle retravaille le manuscrit afin de ne laisser aucun doute quant à l’idée du “ cochon ”. Le mail lu à l’audience n’était que le coup de sang d’une intellectuelle de 48 ans qui, au moment où elle met un point final à son ouvrage, tente de se dédouaner, peut-être parce qu’elle se sent mal. L’immorale a-t-elle des états d’âme ? Elle s’en veut surtout d’avoir été amoureuse, puis jetée. Ramenée à la condition d’une midinette ordinaire. “ Je te demande d’effacer ce mail ”, écrit-elle sottement à DSK. Il l’a gardé, bien sûr. Celui-là et d’autres. Cloîtrée chez elle, avec sa chienne Lola, lâchée par ses amis, cernée par les paparazzis, Marcela Iacub n’a pas exactement la gloire dont elle rêvait. Mais elle a, conclut le journal, réussi l’incroyable exploit de transformer DSK en victime ”. Et “ Le Nouvel Obs ”, aussi… Sacrée semaine, dis donc, d’où la presse ne ressort pas forcément grandie, hmm ?

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