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61% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy ne soit pas candidat à la présidentielle de 2017.
61% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy ne soit pas candidat à la présidentielle de 2017.
©Reuters

Politico Scanner avec Délits d'Opinion

Bien que les militants UMP aient toujours une excellente image de Nicolas Sarkozy, selon BVA seuls 62% d'entre eux souhaiteraient qu'il soit candidat pour 2017. Sa personnalité trop clivante à l'échelle nationale pourrait conduire à ce que lui soit préféré un des jeunes loups du parti.

Matthieu  Chaigne

Matthieu Chaigne

Matthieu Chaigne est co-fondateur du site Délits d'Opinion, site de référence de l'opinion publique et des sondages. Il a commencé sa carrière au  pôle politique de TNS SOFRES avant de travailler au sein du groupe Ogilvy à partir de 2008  en tant que planneur stratégique. En 2012 il a rejoint le cabinet de conseil en communication Taddeo, en charge notamment des études et du planning stratégique

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Le succès de l’opération n’était pas écrit d’avance. Invalidés par le Conseil Constitutionnel, les comptes de campagne de l’ancien candidat Sarkozy offraient bien-sûr une fenêtre de tir pour reprendre la main, mais sur un sujet défensif et entaché du sceau de la condamnation. Indéniablement, le bilan du discours au bureau politique est plutôt bon : Sarkozy reste le chouchou à droite. Certes, il perd 5 points dans le baromètre IPSOS auprès des militants UMP, signe que la stratégie du silence protège davantage qu’une parole par nature attaquable. Mais en valeur absolue, les études réalisées après la séquence sont sans appel. 82% d’avis favorable pour IPSOS, 90% pour l’IFOP : les sympathisants UMP conservent une excellente image de l’ancien président.

Un enjeu d’image qui ne constituait pas le principal objectif d’un ancien président moins désireux de donner des gages à une opinion de droite déjà conquise que soucieux tuer dans l’œuf toute velléité de succession. L’enquête BVA réalisée juste après son intervention souligne le leadership de l’ancien président. 54% des sympathisants de droite souhaitent que Nicolas Sarkozy soit le candidat pour 2017. Un chiffre qui monte même à 62% au sein de l’UMP.

Pour autant, ce dernier chiffre témoigne en creux d’un jeu qui n’est pas totalement fermé. Pourquoi presque 4  sympathisants UMP sur 10, par ailleurs convaincus à 95% de l’excellent mandat passé de leur champion et certains dans les mêmes proportions que Nicolas Sarkozy ferait un très bon mandat, sélectionnent-ils un autre candidat pour 2017 ? Pensent-ils que les temps auront changé, qu’il ne pourra pas se présenter ou bien que Nicolas Sarkozy ne peut plus faire gagner la droite ?

Car les bons chiffres à droite ne doivent pas occulter la personnalité très clivante du président sortant. L’adhésion du peuple de droite est à la hauteur de l’opposition qu’il continue de susciter. L’UMP salue son champion, mais la France hésite à tourner la page : 61% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy ne soit pas candidat à la présidentielle de 2017. Il y a bien sûr les sympathisants de gauche, restés viscéralement anti-sarkozystes. Mais au delà peut-être aussi l’enseignent qu’il ne sera pas aussi facile de renouer les fils. D’autant que derrière Sarkozy, les prétendants à la fonction suprême jouent des coudes.

Juppé, Fillon : un challenger peut en cacher un autre

Fillon est dans les starting-blocks. Habilement, l’ancien Premier ministre veut réduire le débat de la succession à un match entre Sarkozy et lui. L’histoire « du collaborateur » en quête d’émancipation est certes vendeuse dans les médias. L’échappée solitaire de François Fillon est pourtant une histoire paradoxale tant l’anti-sarkozysme constitue le cœur de son positionnement. Doté d’une cote d’avenir de 22% en avril 2007 selon TNS Sofres, François Fillon caracole à 60% en juin 2007 en tant que Premier ministre. Ainsi propulsé, il va ensuite construire sa popularité en tant que  réceptacle des déçus de Nicolas Sarkozy. Dépendant de cet ancien président qui le fait exister en contrepoint, Fillon a tout intérêt à exacerber le combat pour exclure du jeu les autres prétendants. D’autant que dans l’opinion, un trouble-fête s’invite dans la guerre des chefs.

Car, le second candidat préféré à droite pour 2017 n’est pas Fillon mais Alain Juppé. Doté d’une cote d’avenir de 33% selon TNS, l’ancien ministre bénéficie d’une cure de jouvence depuis sa nomination au quai d’Orsay. Et il devance François Fillon : selon BVA, 19% des sympathisants UMP souhaitent qu’Alain Juppé soit candidat contre 8% pour François Fillon. Un score qui ne doit pas étonner. En novembre 2011 déjà, Juppé se payait déjà le luxe de talonner Sarkozy aux yeux des sympathisants UMP (36% le souhaitent voir candidat  contre 59% pour Sarkozy), et de même dépasser le président sortant de l’époque auprès des électeurs de droite. Mais faute d’armée, « le meilleur d’entre nous » avait préféré renoncer. Une situation qui risque de se reproduire, d’autant que la génération montante semble vouloir jouer en solo.

Les jeunes loups à l’affut

Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, NKM : ces 4 quarantenaires se préparent pour 2017 en ordre dispersé. Certains que faute d’entrer dans l’arène, ils ne pèseront rien. Un an après la défaite de la droite, les favoris ont pris du plomb dans l’aile.

Affaibli par une campagne jusqu’au-boutiste, Jean-François Copé stagne dans les eaux basses de la popularité. Il a fait le pari d’une loyauté sans faille envers Sarkozy, convaincu qu’une défection de ce dernier lui permettrait de préempter l’aile droitière du parti.

A l’inverse, mousquetaire moins visible, Bruno Le Maire est monté en puissance cette dernière année, restant bien présent dans les radars. Donnant de la voix pour taper contre le gouvernement, il parvient encore à gagner 4 points dans le dernier baromètre IPSOS de juillet. Le baromètre IFOP confirme que Bruno Le Maire est en train de s’affirmer comme figure incontournable de la droite, même si le plafond de verre de la notoriété n’est pas totalement brisé. L’ancien ministre de l’Agriculture est encore inconnu d’un tiers à un quart des sondés selon les instituts, témoignant de sa difficulté à imprimer les esprits.

Ancien secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand peut se prévaloir d’une très bonne assise auprès des sympathisants de droite, et d’une popularité forte notamment parmi les artisans, professions libérales et chez les agriculteurs, qui façonnent un ancrage populaire et proche du terrain. Fort par ailleurs d’une parfaite connaissance du dossier des retraites, il pourrait profiter de la réforme de l’automne pour s’imposer comme porte-drapeau plus large du mécontentement des Français.

Enfin NKM, s’est saisie des municipales à Paris pour se hisser dans le camp des poids lourds de la droite : si une défaite honorable ne serait pas en soi rédhibitoire, les attaques socialistes concernant sa personnalité et le centre de gravité de son positionnement seront clés pour ne pas obérer ses chances lors d’éventuelles primaires. Mordant au centre gauche sans pour autant susciter la défiance des électeurs FN, elle se situe dans la moyenne basse des autres cadres de l’UMP. NKM navigue sur un cheminétroit. Une ligne iconoclaste aussi indispensable pour gagner que facile à déséquilibrer.

Pour ces jeunes loups, l’année électorale sera doublement décisive, avec les municipales mais surtout les européennes. Sans ligne de parti claire en interne, ces élections constitueront une opportunité unique pour transgresser les discours convenus sur une Europe qui cristallise l’impuissance du politique face au déclassement individuel et collectif ressenti.

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