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Salman Rushdie s'attaque au glamour du radicalisme religieux et au manque de courage des démocraties; Lei Jun, le Steve Jobs chinois inquiète Apple; La Fontaine ou la sagesse transgressive
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Revue de Presse des Hebdos

L’été a plongé bon nombre de lecteurs et de magazines dans un temps parallèle. Désormais, l’actualité est moins "chaude". Les sujets existent mais ils sont traités avec plus de recul, plus de distance et parfois même de réflexion.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Salman Rushdie : le radicalisme religieux, une sorte de « Glamour » 

« L’Express » revient sur les événements terroristes qui secouent l'Occident ces derniers mois et se tournent pour cela vers Salman Rushdie. « Sans le savoir, cet homme nous a fait entrer dans le XXIème siècle », avance le magazine.  A l’époque, on est en 1989 : le mur de Berlin vient de tomber, l’empire soviétique se fracture et la Chine écrase dans le sang l’espoir né de Tienanmen. A cette même époque, donc, « seul contre tous, Salman Rushdie expérimente une violence inédite en Occident : être l’objet d’une fatwa lancée à l’époque par l’ayatollah Khomeini, pour avoir publié un livre « irrévérencieux » envers le prophète Mahomet  : « Les Versets sataniques ».

Cette fatwa «  a ouvert la voie au massacre perpétré à Charlie Hebdo » décrypte « L’Express » qui interroge ainsi Salman Rushdie sur son analyse. Il tire d’abord une leçon de « l’affaire Rushdie » et charge l’occident d’une vraie responsabilité face à la situation aujourd’hui : « le courage n’est pas la vertu la plus partagée au sein des démocraties ». Il poursuit plus loin : « ceux là qui veulent la tranquillité au prix du déshonneur recevront en récompense Al-Qaeda et l’Etat islamique, le 11 septembre 2001 et le 7 janvier 2015 ».

Et au sujet de Daech, la lecture de Salman Rushdie est à la fois réaliste « j’observe que ce mouvement n’est plus vraiment arabe », et à la fois littéraire quand il constate que du « radicalisme religieux irradie une sorte de « Glamour » : « Offrez une Kalachnikov et un uniforme noir à un jeune sans sous (… ), soudain vous conférez  un pouvoir à celui qui sent vulnérable et défavorisé (…). Beaucoup de ces volontaires ne vont là-bas que pour le plaisir de tuer »… Comprendre,  pas forcément par croyance religieuse.

La Fontaine : pour faire parler la bête qui est en nous et pour être heureux !

En proposant en couverture son dossier spécial sur « La Fontaine, le plus moderne des philosophes », « Le Point » cherche aussi à nous apporter un peu de « sagesse » tout en restant « transgressif ». Le fabuliste était-il un penseur indispensable ?  Ce qui est certain, c’est qu’il a su ouvrir une voie différente. « La fontaine est un centriste, l’homme du juste milieu qui prône le repos, la sagesse en toute chose » pose dès le début le magasine avant de donner la voix à Fabrice Luchini qui en fait un auteur plus qu’essentiel :

« Ce n’est pas du beau langage du 17ème ! Non il restitue la langue parlée. C’est le naturel même de la vie qu’on entend, le souffle de la liberté au milieu de la contrainte. C’est extrêmement rare dans la littérature »… et à Luchini de rajouter (à la Luchini) : « ses morales je m’en fous. D’ailleurs lui aussi. La morale il s’en tape, elle change tout le temps ! Ce qui m’intéresse plus c’est la dialectique qui est en œuvre dans chaque fable ».

L’académicien Marc Fumaroli est aussi interrogé et, variant le ton, semble aussi vibrer grâce à La Fontaine. Il re-contextualise : « dans un régime qui n’accordait pas à ses sujets l’exercice de la liberté politique, La Fontaine fait de cette privation une chance : celle de réussir sa vie privée en choisissant librement la discipline, la grâce et le naturel d’un art de vivre heureux et de rendre heureux ». De rendre heureux ? Oui, Marc Fumaroli insiste et explique : « La fontaine est de ceux qui savent rendre heureux parce qu’ils traitent les autres dans leur conduite comme dans leurs œuvres, en amis et non en objets qu’on manipule » !

Et quid de La Fontaine aujourd’hui ? Selon l’académicien, il enseignerait la modération avec son « sens de la mesure  qui passe pour un manque de punch » . « On a en horreur aujourd’hui » ! Sage et transgressif à la fois, ce n’est plus trop dans nos cordes en effet…

Nietsche ou la joie par dessus tout 

D’auteur en auteur, de guide en guide, dans « l’Obs », on fait plutôt le choix de placer « Nietsche ou la joie par dessus tout » et on l’aborde avec le philosophe Clément Rosset qui revient sur cette façon qu’a eu l’auteur du « Gai savoir » d’aborder « l’indissolubilité de la joie et du tragique dans la condition humaine ».

Le sexe : la nouvelle révolution 2.0 et ses « applis »

Et puisqu’on est dans le magasin du « bonheur », profitons de faire un détour par la couverture de « l’Obs » qui se pose probablement dans son antichambre, cette semaine, tout particulièrement. Puisque c’est l’été, le sujet est d’autant mieux venu sans doute, de se poser cette question : « La sexualité 2.0, ça donne quoi ? ».

Ainsi le magazine a enquêté (sérieux) et ses reporters ont « testés » (coquins) les « nouveaux joujoux connectés » pour faire l’amour à distance.

Car en effet, sont en cause nos nouveaux modes de vies mais aussi ce que produit le progrès et la technologie pour s’y adapter : in fine « grâce à la géolocalisation sur les applis de rencontre », le « rapprochement des corps à vitesse supersonique. C’est rapide direct pour qui cherche le coup d’un soir ». Et semble-t-il efficace !

Airbnb : économie sociale et solidaire 2.0 ou capitalisme 2.0 ?

« Les Inrockuptibles » planchent (en cette semaine de vacances pour beaucoup d’entre nous lecteurs) sur la face cachée d’airbnb. « Airbnb, c’est un plan à trois entre un locataire aventurier, un hôte businessman et un intermédiaire – Airbnb – à la fois psy, shérif, banque et préleveur de dîme. Une sorte d’Etat dans l’Etat ». Rappelons que ce système qui permet de louer un petit bout de chez soi à un étranger a totalement révolutionné l’économie du voyage et en 7 ans, ce « rouleau compresseur » s’est imposé et compte aujourd’hui 40 millions d’utilisateurs dans le monde. Mais « les Inrocks » mettent en cause l’image solidaire du système : « en transformant chacun de ses abonnés en micro entrepreneur de la location à court terme », ce système est « tout sauf solidaire et engendre de multiples effets pervers, loin du storytelling de la boîte californienne. »

Quelques phrases bien tournées, quelques exemples de marie-Eve dans les Pouilles, de Romain à Liverpool, et quelques mauvaises expériences plus tard, l’hebdo fait quelques calculs : « aujourd’hui, l’entreprise est valorisée à 24 milliards de dollars, juste derrière le groupe Hilton et vient de lever 1,5 milliard de dollars. Prochaines étapes ambitieuses ? Dégager 5 milliards de bénéfice dans 5 ans ».

Alors oui, de fait, comme le décrypte Damien Demailly (spécialiste de l’économie collaborative) : « dans l’économie collaborative dont on parle aujourd’hui, on a aussi bien du capitalisme 2.0 que de l’économie sociale et solidaire 2.0, et même de l’associatif 2.0 ».

Et alors oui, de fait, aujourd’hui, cette « micro-multinationale concurrence les plus grands groupes hôteliers traditionnels et ambitionne de rejoindre le club très fermé des GAFAT (Google, Amazon, Facebook, Apple, Twitter) ». Sans doute plus proche des plus grands que des plus petits…

Lei Jun, « le Steve Jobs chinois » numéro un, en Chine, devant la pomme !

En Chine, il se paie le luxe d’être « numéro un » devant la pomme ! « Le Point » accorde plusieurs pages à Lei Jun, « le Steve Jobs chinois » qui est le fondateur et président de Xiaomi. Ce « Quadra au physique de gendre idéal » ne semble plus faire rire « à Cupertino, au siège d’Apple, ou à Séoul le fief de Samsung… il rime déjà avec menace » !

Son nom en mandarin se traduit par « le petit grain de riz »… un grain de riz qui a su bouleverser le marché mondial du téléphone, raconte « Le Point » : « sa start up de Pékin est devenue en 2014 le troisième vendeur de téléphones connectés de la planète écoulant 69 millions d’unités et coiffant au poteau des mastodontes comme Lenovo ou Huawei ». et autant que nous le sachions, puisque ça ne semble être que le début pour « petit grain de riz » ! La croissance annuelle de ses ventes est de 227% et il vise la barre des 100 millions d’euros pour 2015. On sera prévenu !

Le sport : miroir des maladies du capitalisme !

Pour « Télérama », l’été permet de se bouger les fesses et de sans doute essayer de reposer ses méninges. D’ailleurs, ils l’écrivent noir sur blanc dès le départ : « le sport, l’été. Deux mots qui vont si bien ensemble… le sport qu’on pratique des plages aux alpages et celui qu’on regarde enfoncé dans son canapé »… c’est beau comme de la poésie, de La Fontaine, ou du Nietsche, non ? Pas vraiment, rappelle l’hebdo : « vingt ans de dopage sur le Tour de France, dix ans de surenchères indécentes sur le marché des footballeurs, un printemps pourri à la FIFA, des joueurs de handballs qui parient sur leurs propres matches »… le sport ne garantit pas une si belle santé, dirait-on : un « Beau miroir des maladies du capitalisme ! » (Encore lui !?)

Guy Novés : donner au joueur une certaine liberté pour qu’il soit au mieux de lui même

On a beau parler de maladies et douter de ses vertus, « Télérama » offre quand même ses colonnes à Guy Novès, qui deviendra sélectionneur de l’équipe de France de rugby, en novembre. Cet « ex-champion de demi-fond et professeur d’éducation physique, lui, croit à la solidarité et au partage » ! (enfin un…).

Mais il explique que « la nouveauté c’est que cette exigence de spectacle – un fait de société qui dépasse le seul cas sportif – porte aujourd’hui sur quarante à cinquante minutes de jeu effectif par match ; il y a trente ans elle ne dépassait pas les 15 minutes ! »… Alors forcément, il y a a priori bien besoin de retour sur investissement, mais Guy Novès croit aux valeurs et en l’individu. Il explique : « Le bon coach est celui qui donne au joueur une certaine liberté pour exprimer au bon moment toutes ses qualités physiques, intellectuelles et mentales. Sinon, l’entraîneur ne sert à rien ».

Migrants et Sans papiers : « Circulaire y a rien à voir » !

Mais, avant la rentrée prochaine, en ces temps de chants de cigale, certains s’affairent toujours aux affaires. Par exemple, le projet de loi sur le « droit des étrangers » est examiné à l’Assemblée depuis le 20 juillet, rappelle « L’Express » qui revient sur « la circulaire Valls de novembre 2012 » et sur le fait que la droite la brandit comme le symbole du laxisme du gouvernement en matière d’immigration ».

Que dit donc cette circulaire ? Elle définit des critères de régularisation des sans-papiers. L’hebdo profite pour en redonner les contours, soit « 4 catégories pouvant prétendre à ces régularisations :

1.     « Les parents présents en France depuis plus de 5 ans et dont les enfants sont scolarisés depuis au moins 3 ans » ;

2.     « Les conjoints d’étrangers en situation régulière », sous réserve de 5 ans de présence et dix huit mois de vie commune ;

3.     « Les jeunes majeurs » à condition d’être venus en France avant 16 ans et de vivre avec un parent ;

4.     « Les travailleurs » qui justifient d’un certain nombre de fiches de paie ».

« L’Express » explique que cette procédure d’admission exceptionnelle au séjour «  n’a « pas vocation à accroître le nombre de régularisations », qu’ « en réalité, seuls quelques milliers d’étrangers en ont bénéficié depuis 2012 », et que malgré cela « la droite a fait de cette circulaire de Manuel Valls l’une de ses cibles favorites ». 

Ainsi aujourd’hui, les postures politiques s’affirment. D’un côté, « ne pas réveiller la polémique, tel semble être le choix du gouvernement sur fond de pression migratoire forte en Méditerranée et d’examen sous haute tension du texte sur le « droit des étrangers » à l’Assemblée en cette fin de juillet, et au Sénat en septembre » De l’autre, « les Républicains qui organisent à la mi-septembre un séminaire sur l’immigration sont déterminés à faire c de ce thème l’un de leurs angles d’attaque dans la campagne 2017 ».

Un sujet de rentrée…

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