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Hollande face au tsunami de conseils des éditorialistes
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Revue de presse des hebdos

A élection historique, numéro historique, et informations inédites. Les hebdos "news", avec "le Président" et sa photo en pleine page de couverture étaient prêts pour l’impression dès les résultats connus ou les estimations confirmées.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour vous raconter  tout ce que vous voudriez savoir sur la victoire de François Hollande, ils disposaient d’une arme fatale : "les quick books", ces livres sur les coulisses qui s’écrivent au fil d’une campagne électorale par ceux qui suivent en permanence les candidats. Les dernières lignes sont rédigées le soir ou la veille des résultats, et les bonnes feuilles ont auparavant été "vendues" aux hebdomadaires. Vous en trouverez au moins une demi-douzaine sur les étals de vos libraires. En attendant, une fois lus les hebdos, vous ne pourrez plus ignorer aucun détail sur celui qui a été choisi par les Français, ni sur les raisons qui ont mené le perdant à l’échec .

Coté impression, la course de vitesse a apparemment été remportée par l’Express, en vente dès dimanche soir à Bastille, avec un François Hollande esquissant un léger sourire, pensif. Le journal raconte naturellement l’ascension de l’ancien premier secrétaire du PS et fait le portrait des "cent avec qui il va changer la France". Vous les retrouverez également dans le Nouvel Observateur : François Hollande, souriant, tient un drapeau tricolore à la main sur la couverture du Nouvel Observateur, barrée par un "Enfin !" de bonheur. La pose de l’élu est plus grave en une du Point. Et, formule people exige, c’est le couple François Hollande-Valérie Trierweiler fait la couverture de Paris Match, qui, en recherche d’idées originales, a fait appel à Thomas Hollande pour raconter "L’homme qui croyait à son destin." Le protocole de l’Elysée pourrait contraindre le couple officiellement formé à convoler en justes noces. "Voilà qui ne devrait pas créer de difficultés" affirme le Nouvel Obs.

Son héros est Mitterrand

… Alors qu’eux n’y croyaient pas ! On vous le raconte depuis des semaines, ils n’en finissent pas de battre leur coulpe nos chers confrères de ne pas avoir vu venir François Hollande, qui se préparait depuis 2008 à devenir le candidat du PS pour être élu à la Présidence de la République. "Mais qui est vraiment cet homme sous-estimé par ses adversaires que le pouvoir aujourd’hui transcende ? Non pas un Sisyphe poussant son rocher pour l’éternité, comme il l’a récemment prétendu. Mais plutôt un Ulysse, un rusé devant les dieux qui a fait un long voyage et conjuré les dangers par la seule force de son intelligence…. Le Hollande nouveau fait oublier ces qualificatifs désobligeants qui lui ont longtemps collé à la peau. Mou, flou, irrésolu ! La constance, l’assurance et l’autorité dont il a fait preuve durant sa campagne victorieuse démontrent que les apparences étaient trompeuses…" Ce fils de médecin de droite a "hérité son bon caractère de sa mère Nicole, assistante sociale à la personnalité enjouée et aux idées progressistes…", écrit Sylvain Courage dans le Nouvel Obs ; et de citer Cécile Duflot : "Dès 2007, juste après le Fouquet’s, il m’a dit qu’il voulait être candidat en 2012 et qu’il ferait campagne sur la normalité." Le journaliste poursuit : "Hollande bâtit toute sa campagne, tel l’indispensable récit de sa rencontre avec le peuple français. Son héros est Mitterrand. La posture, le discours, le rituel ou le choix de l’adversaire… Il faut mettre sans complexes ses pas dans ceux du seul vainqueur issu de la gauche. L’effet ira bien au-delà de ses espérances. Hollande s’étonne aujourd’hui de vivre une forme de réincarnation : "on revit 1981 ! ", s’est-il exclamé sur le marché de Tulle la veille du 6 mai. Sachez encore que "le septième président de la 5e République ne souhaite pas installer ses pénates sous les ors de l’Elysée. Il conservera son domicile du 15 e arrondissement parisien et jure : "je continuerai à faire les courses si le frigo est vide"…Hum ! C’est ce qu’on dit avant d’être happé par l’agenda et …les services de sécurité !

Tout faire tout de suite

"Non, on ne rêve pas ! ", exulte Laurent Joffrin, en rappelant qu’"il y a deux ans, il courait seul les rédactions sur son scooter, sa réforme fiscale sous le bras, technique et austère à souhait…lui qui ne dépassait pas 3% dans les intentions de vote. Une grande intelligence, une rare ténacité : les rivaux trop sûrs d’eux avaient négligé ces qualités-là." Et de prodiguer ses conseils au nouvel élu : "Il faut tout faire tout de suite, en tout cas le plus possible, la réforme bancaire, la réforme fiscale, la relance du pouvoir d’achat, la relance du pouvoir d’achat, la réforme de la démocratie et quelques autres." "De l’audace, de l’audace, de l’audace !" poursuit Joffrin : "Il ne faut pas reculer devant la confrontation avec les féodalités financières ou les dogmatismes de Bruxelles. Ni devant les mesures douloureuses : il faudra bien rendre l’Etat plus efficace et moins coûteux, sauf à succomber sous le poids de la dette ; il faudra bien encourager l’entreprise, qui crée les emplois …Dans l’urgence, les tabous de la gauche doivent céder autant que les préjugés de la droite… ".

Dépenser beaucoup moins

Le patron de l’Express , Christophe Barbier, a également pris sa plume  et écrit une longue "Lettre à François Hollande", dans laquelle il prévient : "En vous accordant leurs suffrages, les Français ont voulu d’abord en finir avec le pouvoir sortant, en finir avec un homme, en finir avec un clan. Nicolas Sarkozy a été puni dans les urnes pour son style … et peut-être plus encore pour n’avoir pas été le président qu’on attendait …Nicolas Sarkozy  est également châtié, chassé, pour l’échec de sa politique. L’homme du "travailler plus pour gagner plus" a été écrasé par la crise …Dans cette météo brumeuse qui baigna la fin du quinquennat Sarkozy et la longue campagne électorale, vous avez été un marin avisé, loin du "capitaine de pédalo" brocardé par Jean-Luc Mélenchon, mais aussi loin du corsaire audacieux ou du découvreur visionnaire…Parce qu’il n’y a pas , dans votre élection, d’illusion démesurée, il n’y aura pas, dans votre mandat, de désillusion cruelle. Pas de lendemains qui chantent, pas même d’aujourd’hui qui fredonne. Vous incarnez le socialisme vacciné. Nul ne vous soupçonne, homme sans démesure, de vouloir quitter l’habit du simple, du sobre et du sage pour céder aux excès de puissance. C’est plutôt l’excès inverse qui inquiète : ne serez-vous pas trop faible, trop modeste, trop banal ? Votre absence de tout ministère, cette virginité exécutive dénoncée par la droite fut un atout durant la campagne. A partir d’aujourd’hui, elle est un handicap, et ce serait un comble pour la France, après avoir souffert d’une hyperprésidence, de se plaindre d’une hypoprésidence. L’inquiétude vient, Monsieur le Président, de votre programme. Le renier serait périlleux, l’appliquer sera dangeureux." Alors, que faire ? Pas une minute à perdre, suggère Barbier mais "votre programme ne laisse pas d’inquiéter : l’Etat est en faillite, les spéculateurs sont en embuscade, le monde vous regarde. Il ne s’agit pas de dépenser moins, il s’agit de dépenser beaucoup moins, et vite …. Faites en sorte que les Français partent en vacances lucides. Mécontents, peut-être, mais lucides…Vous êtes le "fils" de Jacques Delors, vous êtes l’ancien collaborateur de François Mitterrand, vous êtes le disciple de Pierre Mendès-France, ne décevez pas ! Vous ne pouvez effacer le mandat précédent. S’il (Nicolas Sarkozy) a froissé, bousculé, blessé le corps social français, par ses mots, son style et ses décisions, il a aussi incarné la modernité : celle de la réforme possible et celle du sursaut nécessaire, celle également de la présence au plus près  des évènements et des citoyens. Avec le quinquennat, le président arbitre est mort et le chef de l’Etat cumule désormais la responsabilité du long terme et la charge du quotidien, quelle que soit sa vision de l’administration ou du rôle des ministres. Si les Français n’attendent de vous aucun miracle, ils ne tolèreront aucune défausse, aucune dérobade. De tout aujourd’hui, vous êtes comptable devant nous. Et ce statut-là n’a vraiment rien de "normal"…"

Sarkozy et Hollande ont menti …pendant le débat

On le sait, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et pourtant les conseils au nouveau président s’étalent à longueur d’éditoriaux. On décernera la palme à Pierre-Antoine Delhommais, qui, dans Le Point, revient sur le débat de l’entre-deux-tours, pour noter que "M.M. Hollande et Sarkozy auront passé une bonne partie de la soirée à se traiter de menteurs, alors qu’ils étaient unis dans un même mensonge et une même hypocrisie : ceux de passer sous silence le fait que le redressement de l’économie française exigera des efforts et des sacrifices collectifsinédits ." Plus sévère encore quand il pointe que "Monsieur Hollande a laissé croire que la France serait, grâce à lui, assez grande et assez forte pour ignorer la contrainte extérieure. Et pour faire cavalier seul en mettant en œuvre une politique, toujours très populaire, à court terme, de relance." Et de rappeler ce qu’il advint après 1981 et "l’embauche immédiate de 50.000 fonctionnaires, la hausse de 10% du SMIC, la revalorisation de 20 à 25% des minima sociaux". François Hollande devra donc devenir impopulaire, rien que cela, car "pour réenchanter les finances publiques et les comptes extérieurs français, pour éviter moins lyriquement  mais plus sérieusement une flambée des taux d’intérêt en France et une crise suraiguë dans la zone euro, M.Hollande devra faire l’exact contraire de ce qu’il a laissé miroiter depuis un an et de ce que la gauche avait tenté en 1981. Il devra commencer par la rigueur avant de pouvoir se montrer généreux. Ce qui veut dire qu’il devra mener d’emblée une politique économique résolument impopulaire, plus tournée vers les entreprises et la compétitivité que vers les ménages et le pouvoir d’achat. Sa politique, pour réussir, ne devra pas seulement déplaire aux riches, mais aussi aux classes moyennes et aux fonctionnaires, aux retraités et aux futurs retraités, aux syndicats et à M.Mélenchon. Et à ses chers camarades du Parti Socialiste. Devenez vite très impopulaire, M.Hollande , ce sera le signe que vous allez dans la bonne direction ". Plus facile à dire qu’à faire, même si en privé certains socialistes sont du même avis !!  

La Guerre des chefs, Sarkozy  simple justiciable

 Malheur au perdant ! Les récit de la défaite de  Nicolas Sarkozy sont relégués loin derrière les innombrables portraits de "Ceux qui vont gouverner la France". Sur le mode "Comment a-t-on pu en arriver là ?", tous les journaux entraînent le lecteur dans les coulisses de la défaite, celle d’un homme seul, si l’on en croit l’Express qui cite Thierry Mariani : "Nicolas pense qu’il se suffit à lui-même", ou  Jean-Pierre Raffarin : "On est associés mais on ne partage pas…Cela aurait été utile de parler de stratégie en amont. On n’est pas dans la conception. Il faut juste qu’on ait le moral", dixit l’ancien premier Ministre. Dans Le Point, Sylvie Pierre-Brossolette  fait la chronologie de la défaite, et Anna Cabana brosse le portrait ce celui qui est considéré comme "le Mauvais Génie qui refuse de porter le chapeau",  j’ai nommé Patrick Buisson, l’homme qui a conseillé à Nicolas Sarkozy de faire une campagne "à droite toute", mais qui n’a pas été intégralement suivi (d’où l’échec ??), qui méprise les journalistes ("la médiacratie"), un sentiment que partagerait Carla Bruni –Sarkozy, si l’on en croit Saïd Mahrane. Notre confrère du Point raconte un coup de fil de l’épouse du président reçu au journal, le 17 avril dernier : "Sa voix est d’abord calme et rieuse, puis, à mesure que l’on aborde la campagne, elle se fait sèche, dure. "Je sais que la volonté des médias est de faire élire l’autre candidat, mais je pense quand même qu’on va gagner, et ça démontrera combien vous êtes déconnectés des Français." Et, de ponctuer ce coup de sang par cette affirmation : "Sachez seulement que si mon homme est battu, c’est la fin de votre métier. Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir raconter sur l’autre ? Il va falloir vous renouveler". On cherche, Madame, on cherche, et je suis sûre qu’on va trouver. Et comme si cela ne suffisait pas, les journaux notent qu’en quittant l’Elysée, Nicolas Sarkozy redeviendra simple justiciable, et qu’il pourrait "être convoqué" dans le cadre des affaires Bettencourt et Karachi (Le Point et l’Express).

Vous voulez en savoir plus ?

Mauvaise(s) nouvelle(s) : On a froid ou plutôt chaud dans le dos avec cette information du Point : "la présence de vastes fermes d’éoliennes a réchauffé le climat dans une partie du Texas", parce que "les turbines modifieraient les échanges de chaleur et d’humidité avec le sol". Et dire que les éoliennes doivent contribuer à  lutter contre l’effet de serre (L’Express).

Le risque sismique ne concernerait pas seulement la centrale de Fessenheim, mais aussi celles du Tricastin, du Bugey, de Saint-Alban et de Cruas (Nouvel Obs)

…Bonnes nouvelles : manger du poivre noir empêche de grossir, grâce à des molécules appelées piperines (Le Point).

Et plus sérieusement : l’imagerie médicale permettrait de lutter plus efficacement contre le cancer car "on peut identifier avec une précision extraordinaire la tumeur primitive ou la métastase. Et en appliquant une dose d’irradiation supérieure, adaptée au malade, la détruire de manière ciblée, tout en préservant les tissus sains autour." (Le Nouvel Obs qui cite une étude publiée dans The Lancet, journal médical de référence).

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