Grindr : l'application de rencontre gay prête à consommer<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Plus d'un million d'usagers se connectent à Grindr tous les jours. En moyenne, 7 millions de messages et 2 millions de photos sont échangés toutes les vingt-quatre heures.
Plus d'un million d'usagers se connectent à Grindr tous les jours. En moyenne, 7 millions de messages et 2 millions de photos sont échangés toutes les vingt-quatre heures.
©Capture d'écran / Grindr

Revue de blogs

Cette application destinée aux homosexuels permet de géolocaliser sur son smartphone les hommes disponibles pour une rencontre. Et plus si affinités...

Photo de la page d'accueil du site Grindr

Andy est à 9 mètres. François est à 300 mètres. Ils sont gays, ils sont sur le réseau mobile Grindr, ils sont disponibles, Ils sont tout près, géolocalisés par GPS. Si la photo du profil plait, quelques lignes de tchat sur l'écran du mobile, et l'impact peut avoir lieu dans trois minutes, les ébats dans  l'heure. Uneapplication mobile capable de fédérer quatre millions d'abonnés gays dans le monde et qui permet de conclure plus rapidement que n'arrive un livreur de pizzas, c'est une révolution sexuelle, technologique, très urbaine, mais qui influence. Le magazine Interview vient  de shooterune série mode slips et maillots pour hommes dans le style graphique de l'interface Grindr. On trouve déjà  des thèsesuniversitairessur le phénomène Grindr tandis que les Chinois ont lancé leur propre clone de Grindr, Blued.

Une saga gay

Joel Simkhai, le créateur de Grindr, situe son moment Eureka à la sortie de l'iPhone deuxième génération en 2008, qui permettait de créer des applications et de les associer à la géolocalisation par GPS. La question qui l'intriguait depuis l'adolescence, "Qui est gay comme moi autour de moi?"', avait son début de réponse. Un développeur danois, qui n'était pas gay, mais passionné par la technologie GPS, accepta de créer l'application. Depuis 2009, le reste est dans les smartphones et  dans les phénomènes de société.

Dans une interview à un site gay, Joel Simkhai reconnaissait que le succès de son application devait beaucoup au profil de la cible gay.  "Il y a plusieurs choses uniques chez les gay. L'adoption de la technologie, [l'habitude] du réseautage social ; nous avons été les premiers sur (le réseau social) Friendster, dans les salons de tchat AOL. Nous sommes des éclaireurs, nous ouvrons la voie au reste de la population". On peut rajouter que la cible homos est minoritaire, doit souvent cacher ses préférences sexuelles, et qu'elle est donc plus encline à chercher un partenaire ou un compagnon "au hasard". 

Et pour les hétéros ?

Grindr a ouvert une voie et décomplexé la géolocalisation. Mais le gros de ce marché, ce sont les hétéros. Où en sont-ils ?  Le marché des rencontres, sexuelles ou non, va bondir de 1 à 2.3 milliard de dollars, prévoit une étude de marché Juniper. Les applications se multiplient : MatcheHarmonySkoutYubackOkCupidMeetMoi, Plenty Of Fish, Badoo ont tous leur appli avec option de géolocalisation et surveillent l'évolution des réticences, qui reculent peu à peu. Mais le créneau n'est pas simple.
L'appli jumelle de Grindr pour hétéros, Blendr, a fait  flop. L'Américaine Ann Friedman l'a testée dès sa sortie et raconté après différents tests, sur le site Goodpourquoi Blendr, comme d'autres applis de rencontres géolocalisées pour hétéros, l'avait déçue, alors qu'elle n'avait rien contre des brèves aventures. Entre autres raisons : l'avalanche de messages hard ou encore de photos anatomiques en gros plan sans message qu'elle a reçues. Le créateur de Grindr le reconnait, même s'il n'a pas su trouver la réponse : "La proximité est moins excitante pour les femmes qu'elle l'est pour les hommes. Nous sommes tous des créatures sociales, mais les hommes et les femmes sont différents. Grindr a été fait pour l'homme. Pour  attirer les femmes, il faut procéder différemment".


Capture d'écran de Blendr, le pendant hétéro de Grindr


Qu'est-ce qui manque aux applis pour hétéro? 

Ann Friedman a décrit l'appli "brèves rencontres pour femmes libérées" qu'elle aurait créée, si elle était développeuse. "Pour qu'une appli de ce genre pour hétéros fonctionne, elle doit aussi 1. Se positionner clairement comme une appli destinée à des rencontres sexuelles ; nous sommes (...) en 2012. Est-ce qu'on pourrait arrêter de prétendre que seuls les hommes sont intéressés par des rencontres 'sans blabla' ? Bonus : cela éviterait les photos bizarres de pénis comme indicateur d'intérêt sexuel. On saurait tous pourquoi on est là. 2. Que seules les femmes puissent chercher. (...) Pour qu'elle soient à l'aise, donnez-leur le contrôle. Autorisez les hommes à s'inscrire et à se déclarer disponibles, mais autoriser uniquement les femmes à chercher. 3. Demander des recommandations.Pour que le profil d'un homme apparaisse,il devrait avoir des recommandations de femmes qui utilisent ce service. Pas nécessairement d'une partenaire sexuelle Mais juste pour savoir, bref, que ce n'est pas un meurtrier".
"Mais comme le milieu de la tech est très masculin, concluait-elle, ce n'est pas pour demain".
Dans un registre plus soft, les applications géolocalisées pour rencontres amoureuses hétéro souffrent d'handicaps : le flou artistique sur le but de ces rencontres ("Faites vous des amis"). Et le fait qu'une femme n'a pas besoin d'une application pour reconnaître si des hommes sont  intéressés autour d'elle. Elles ne les l'utilisent que si cette denrée vient à manquer. Et elles pensent à leur sécurité, en protégeant leur anonymat et leur géolocalisation. Mais le business de la rencontre commence à mieux les comprendre. 

L'arrivée d'applications de rencontres sur Facebook, comme Zoosk, Are you Interested? et Find Friends Nearby (de Facebook lui même) signale qu'un message a été compris. C'est l'existence ou la recommandation de connaissances communes, d'au moins un contact en commun, qui  peut lever les réticences et les craintes. Comme dans la vie. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !