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Régionales J-6 : pas besoin de regarder la télé, voilà les commentaires que vous entendrez le soir du premier tour
©Reuters

Rhétorico-laser

Face à la poussée FN qui s’annonce, nul doute que la machinerie rhétorique tourne déjà à plein régime dans tous les camps.

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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Est-ce prendre un gros risque que de prévoir le résultat majeur du premier tour des régionales, dimanche prochain ? Une poussée forte du FN, voire (on en prend ici le pari) plus forte que ne l’annoncent les tout derniers sondages post-attentats. Pour une raison simple et décisive en politique : au-delà des intentions déclarées de vote, les préoccupations dominantes de l’électorat décidé à aller voter ont viré au tout-sécuritaire et à l’anti-immigration. Et cela, même si la correction politique des sondages s’est efforcée de masquer le phénomène en saucissonnant les motivations électorales entre "insécurité" et "terrorisme" et entre "immigration" et "migrants"… Cumulés, les scores que font ces thèmes sont tout simplement écrasants. Or qui les manie mieux que le FN ? Et, selon la loi d’airain de toute élection énoncée en son temps par Laurent Fabius : "l’agenda fait le résultat". Or la droite, coincée entre union nationale et COP21, semble d’ores et déjà avoir oublié d’inscrire à cet agenda la hausse spectaculaire du chômage, thème qui lui est le plus favorable avec la hausse des impôts. A quoi s’ajoute la modestie (apparente) de l’enjeu : un premier tour de régionales, reléguées en fin d’année avec carte électorale bouleversée et compétences incompréhensibles, voilà qui ne peut que stimuler l’envie de se défouler dans un "climat" (dans tous les sens du terme) hyper-anxiogène. On verra bien pour le second tour…

Il est dès lors encore moins difficile d’anticiper les commentaires qui fleuriront sur tous les plateaux au soir du 6 décembre. Dans une cacophonie encore redoublée (s’il est possible !) par rapport aux prises de bec habituelles, LA question unique era : "qui est coupable de la montée du FN ?". Et la gauche et la droite de s’agonir d’injures sous l’œil gourmand des responsables frontistes qui se paieront le luxe de la placidité, calculette en main pour les projections du second tour…

Partons plus précisément de l’hypothèse suivante que nous considérons non pas comme certaine, mais tout simplement comme la plus probable au soir du premier tour: 3 régions promises à la droite, 3 au FN, 2 à la gauche, et 5 très incertaines (dont trois triangulaires serrées).

Entrons alors plus avant dans les débats du 6 décembre :

- Aux représentants de la droite, la question des journalistes sera simple : "Vous deviez gagner haut la main : reconnaissez-vous votre échec ?"

- Aux représentants de la gauche : "Même si la gauche résiste,l’effet Hollande post-attentats semble limité. Qu’en pensez-vous ?".

- Aux représentants du FN : "N’avez-vous pas honte de capitaliser ainsi sur les attentats ?"

Les réponses seront :

-A droite : "Nous avions prévenu le pouvoir socialiste sur l’impréparation du pays. Pourquoi réagir si tard ? Pourquoi si peu ? C’était faire le lit du FN".

-A gauche : "les compromissions de la droite avec le FN expliquent ce dangereux résultat pour la démocratie : mais le cumul des voix de gauche annoncent la résistance au second tour. Nous lançons un appel, etc…"

- Au FN : "les résultats parlent d’eux-mêmes. Ils nous donnent tout simplement raison".

Quant aux titres de la presse nationale, les voici :

- Le Monde : "La surenchère sécuritaire de la droite fait le jeu du Front national" ; ou "La montée du FN prive la droite de la victoire escomptée" ; ou encore : "Malgré la percée du FN, la gauche garde ses chances pour le second tour".

- Libération : "La gauche fait de la résistance" ; ou "La peur bourre les urnes" ; ou encore "Défouloir dans l'isoloir !".

-Le Figaro : "Pas d'effet Hollande sur les régionales" ; ou "FN en forte hausse, droite en progression" ; ou encore "Gauche: la déconfiture".

Et puis, le 7 au matin, viendra le crépitement des "fact checkers"…

Ils prendront, comme il se doit, les bases de calcul suivantes :

- Non pas les élections de 2010 (triomphe de la gauche) mais les sondages d’avant les attentats (favorables à la droite républicaine) avec l’argument-massue : "ce qui compte, c’est les résultats par rapport aux prévisions". 

- Non pas les 22 régions de 2010 mais les 13 nouvelles grandes régions: "car on ne peut pas comparer l’incomparable"…

-Tout en ajoutant les régions (inchangées) d’Outre-mer, acquises à la gauche pour l’essentiel.

La conclusion (contenue dans ces prémisses) sera donc : percée du FN,résistance de la gauche et déconvenue de ladroite."

CQFD, alors même que la gauche risque fort de perdre les ¾ de ses 21 anciennes régions au terme du second tour !

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