Record d'impopularité de François Hollande : toutes ces catégories de population qui lâchent le président <!-- --> | Atlantico.fr
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La baisse de popularité de François Hollande est particulièrement manifeste chez les jeunes de moins de 35 ans.
La baisse de popularité de François Hollande est particulièrement manifeste chez les jeunes de moins de 35 ans.
©Flikcr

Politico Scanner avec Délits d’Opinion

Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive, commente le baromètre Harris Interactive/Délits d'Opinion qui indique que François Hollande perd en popularité parmi presque toutes les populations.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : Dans le baromètre Harris Interactive/Délits d'Opinion, François Hollande perd 5 points pour atteindre un plancher historique. Quelles nouvelles catégories l'ont-elles lâché ?

Jean-Daniel Levy : L’enquête Harris Interactive intervient  après une séquence marquée par une reprise en main, au moins partielle, de l’agenda médiatique par le président de la République. Entre une rentrée marquée du sceau de l’avenir (La France en 2025), l’attitude concernant la Syrie notamment dans le cadre du G8 en Russie et la prise de parole solennelle au journal télévisé de TF1, le chef de l’Etat a pu choisir le « terrain de jeu » sur lequel il pouvait s’exprimer. Il s’avère, malgré tout, qu’il n’est pas « récompensé » par les Français. Et la confiance baisse alors même que François Hollande était parvenu à maintenir un niveau d’appréciation quasi-constant depuis juin dernier.

La baisse est à relever parmi quasiment toutes les populations. Elle est particulièrement manifeste chez les jeunes de moins de 35 ans (31%, - 13 points), les catégories populaires (19%, - 10 points) et les sympathisants socialistes (79%, - 12 points). Jamais le niveau de confiance n’a été aussi bas pour aucune de ses trois populations.

Les impôts vont-ils devenir le sparadrap du président ? Après Nicolas Sarkozy, président des riches, Hollande court-il le risque de devenir le "président des impôts" ?

La critique à l’égard de Nicolas Sarkozy reposait plus, en l’espèce, sur une politique perçue comme inégalitaire que comme une politique à destination d’une seule catégorie de population. L’attente à l’égard de François Hollande, ce dernier l’avait d’ailleurs théorisée, reposait déjà sur une politique plus juste. Force est de constater qu’aujourd’hui ce terme n’émaille pas le descriptif par les Français de l’action du président, même auprès des franges de population lui accordant sa confiance.
Il est certain que les impôts et les taxes participent fortement de la critique exprimée à l’égard de François Hollande et ce dans un contexte ou, malgré tout, les Français pensent toujours qu’il est important de réduire la dette et les déficits.

Nous avions souligné, le mois dernier, la part croissante des impôts dans les motivations de l’absence de confiance accordée au président. Observons que, parmi les près de 20% de sympathisants socialistes déclarant ne pas accorder leur confiance en François Hollande, les impôts, la fiscalité constituent un point de crispation forte.

Ajoutons à cela, qu’actuellement, ce qui n’était pas le cas par le passé, cette frange du cœur électoral du président met en avant dans un même élan l’absence de résultats et la différence entre les promesses de campagne et la pratique du pouvoir.

Dans le baromètre Harris interactive/Délits d'Opinion, le premier ministre chute dans les mêmes proportions que François Hollande. A la lecture des questions ouvertes, peut-on dire que Jean-Marc Ayrault a gagné en autonomie aux yeux des Français ?

Il est frappant de remarquer qu’à certains égards, au regard de la tradition de la cinquième République – à tout le moins dans la période du septennat – la répartition des rôles entre le président et le Premier ministre est, pour les Français, à front renversé. Parmi les sympathisants socialistes n’accordant pas leur confiance, les critiques exprimées à l’égard du président de la République portent notamment sur l’absence de résultats. Celles exprimées en pensant au Premier ministre se structurent autour des axes suivants : incompréhension de la ligne politique, déficit de cohésion gouvernementale, manque d’autorité… Il faut probablement y voir (mais les prochaines vagues d’enquêtes permettront de valider ou infirmer cette analyse) les effets de la prise de parole perçue comme différente entre Jean-Marc Ayrault et François Hollande sur la pause fiscale. Ce sujet, on ne peut plus emblématique, abordé différemment par les deux représentants de l’exécutif, a – visiblement – plus eu d’impact sur le Premier ministre que sur le président. 

Le sujet des Roms cristallise les débats pour les municipales et au sein de la gauche. Le sujet contribue t-il à la baisse de popularité de l'exécutif ? 

Au moment de l’enquête, ce terme n’est quasiment pas ressorti. Ce qui ne veut pas dire que cette thématique n’aura pas d’incidence. Le débat ayant pris une tournure particulière après que les dernières enquêtes aient été administrées, la prochaine vague du baromètre sera, à ce titre, fort instructive.

Ligne Duflot contre Ligne Valls : existe t-il vraiment deux gauches dans l'opinion ?

On peut remarquer que Manuel Valls voit la confiance exprimée à son égard baisser un peu (50%, - 2 points). Tout comme celle de l’ensemble des ministres. Et que celle concernant Cécile Duflot baisse également. Encore plus fortement (25%, - 4 points). Concernant le dossier des Roms, le discours de Manuel Valls teinté de République ne crée pas de césure au sein de la gauche. On se rappellera qu’en France, les citoyens – et notamment ceux de gauche – sont balancés entre deux sentiments : 1. les conditions d’intégration doivent être réunies pour maintenir le pacte Républicain et la cohésion économique et sociale de notre pays ; 2. la France a le devoir d’aider les populations en difficulté.

On se rappellera qu’en 2010, à la suite du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, les Français le soutenaient. Et qu’après les prises de parole de la gauche, du tissu associatif, d’anciens premiers ministres de droite, de l’Eglise (à travers le pape) et de l’Europe (notamment), les expulsions des Roms ne suscitaient pas l’adhésion d’une majorité de Français. Quelques mois plus tard, en novembre 2010, à la faveur d’un remaniement, le Ministère de l’Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire disparaissait. On le voit, sur ce sujet – notamment – les représentations peuvent évoluer très rapidement. En fonction de la focale, et de la nature des enjeux posée, les opinions peuvent nettement varier.

La phrase que Michel Rocard affirme avoir prononcée, souvent abrégée lorsqu’elle est mobilisée : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part » qualifie pleinement aujourd’hui ce que ressent la Gauche prise en tension entre ce qu’elle considère comme des difficultés économiques et sociales et ce qu'elle peut qualifier comme constituant un devoir de la France.

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