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Quelle allocation de portefeuille dans ce monde très endetté ?
©Reuters

Jeu de dettes

Les bourses mondiales battent record sur record ces dernières semaines. Wall-Street a donné le ton, les pays émergents ont suivi…et les marchés européens ont fini par se réveiller la semaine passée, stimulés une fois de plus par Mario Draghi le président de la Banque Centrale Européenne.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Pourtant, de nouvelles publications de chiffres sur l’endettement mondial auraient pu jeter le trouble. Les montants atteints sont considérables : A l’échelle mondiale l’endettement a augmenté de 500 Milliards de Dollars en 2017 et atteint désormais 217000 Milliards de Dollars et représente plus de 3 fois le PIB Mondial d’une année ! Immédiatement revient en mémoire les études récentes du FMI avertissant que le poids trop important des dettes faisait courir un risque à la croissance mondiale. 

Evidemment, il faut tenir compte de ce type d’avertissement dans une allocation d’actif. Comme souvent dans ces chroniques nous évitons les positions extrêmes du type 100% investis sur des actifs risqués ou au contraire 100% en cash. Une certaine nuance s’impose donc…

Quelques éléments à prendre en compte dans la réflexion : d’où vient l’augmentation de cette dette ? Les pays émergents dans leur ensemble  sont à l’origine de cette hausse. Globalement leur dette a augmenté de 3000 Milliards de Dollars en un an. Le montant de leur endettement s’élève à 56000 Milliards de Dollars soit 2 fois leur PIB. La Chine est clairement le principal responsable de la hausse : Elle représente les deux tiers de la hausse à elle seule, cumule 33000 Milliards de dette…et évolue à contre-tendance. Partout le rythme de hausse de la dette ralentit…mais pas en Chine. Il est quand même un peu préoccupant de voir à quel prix la Chine finance sa croissance domestique ! 

L’autre problème plus général concernant l’ensemble des pays émergents est le poids de leur dette contractée en devises « fortes », Euro ou Dollar.  Si leur économie ralentit un peu et que leur devise venait à baisser, en particulier vis-à-vis du Dollar, le poids de la dette deviendrait préoccupant. Dès 2018, le sujet va être sur le devant de la scène, en effet les pays émergents vont devoir rembourser 1700 Milliards de dettes…Si la tendance récente de baisse du Dollar se poursuit tout ira bien. 

Les optimistes verront le rythme de croissance économique de ces pays comme raison d’y investir…nous considérons que les éléments de dette et de devise incitent désormais plutôt à la prudence : nous allégeons progressivement nos positions sur les pays émergents ces temps-ci…que ce soit en actions ou en obligations. 

Le Dollar pourrait reprendre le chemin de la hausse surtout si la FED s’engage, comme elle l’annonce depuis plusieurs mois, vers un retour à une politique monétaire plus restrictive….C’est d’ailleurs aussi un sujet d’interrogation pour les actifs en Dollar. Les Etats-Unis sont avec la Chine un des moteurs de hausse de l’endettement mondial, que ce soit en dettes d’Etat ou en dettes d’entreprises. Mais dans une période pendant laquelle la Banque Centrale monte ses taux plusieurs effets sont à redouter : avec la hausse des taux, les coûts de crédit vont monter et les entreprises les plus fragiles vont se trouver en difficulté. Un relatif ralentissement économique est à attendre…même si son effet pourrait être atténué par les mesures fiscales de D.Trump. Sur les Etats-Unis nous fuyons les emprunts d’états et les obligations d’entreprises et allégeons les entreprises les plus endettées. 

L’Europe présente globalement un profil moins risqué : la dette y est lourde comme partout mais des efforts sont entrepris par les Etats et les entreprises pour réduire le poids de la dette…la croissance est là, même si elle reste fragile. Par contre à l’inverse des Etats-Unis, la Banque Centrale Européenne annonce plutôt une poursuite de sa politique monétaire accommodante et donc des taux toujours bas. Il n’y a donc pas d’urgence pour changer fondamentalement d’allocation sur la Zone. Les plus prudents pourront prendre des profits sur les entreprises les plus endettés pour se donner des marges de manœuvre supplémentaires en cas de repli ponctuel des marchés. 

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