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Quand les rats envahissent les cadrans et quand les femmes exercent leur sens des responsabilités : c’est l’actualité des montres pour la fin 2019
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Atlantic Tac

Mais aussi les quatre piliers d’une nouvelle sagesse bisontine, les montres françaises qu’on s’arrache (ou pas) en souscription et les chevaux cousus de fil d’or…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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AWAKE : La montre qui leur fait du bien (aux dames) !

Mais si, souvenez-vous, Awake, la marque française présentée cet été, à Biarritz, par le président Macron à ses hôtes du G7 qui n’en revenaient pas de cette promotion pour une montre solaire française totalement recyclable (ou presque) – relire notre chronique Atlantic-tac du 31 août dernier. Awake, c’est aussi une collection de montres féminines, plus « classiques », mais pas moins éco-responsables. La collection Odyssée s’affirme ainsi inspirée par la nature, avec des boîtiers en acier non allergène et recyclable à l’infini, des mouvements solaires (pas de pile, une énergie naturelle, gratuite et illimitée) et des bracelets en cellulose (fibre végétale 100 % naturelle) ou en acier. Même le prix est sacrément friendly (autour des 180 euros pour faire du bien à la planète). À notre connaissance, c’est la première montre féminine à ce point… responsable !

HERMÈS : De fils en aiguilles…

Originaire d’Asie, l’art du textile Ikat s’inscrit dans une tradition artisanale très expressive. On a créé ici un cadran de montre au motif équestre tissé de fils d’or. Parlons un instant de technique : pour réaliser ce motif équestre en relief, l’artisan dépose sur le cadran une multitude de fils trois fois plus fins qu’un cheveu. Au préalable, il aura déterminé un point de départ et d’arrivée de chaque fil, puis aura creusé au laser les cavités destinées à en accueillir les extrémités. Il coule dans les points d’accroche de l’or 24 carats, qu’il fusionnera avec les deux bouts du fil. De forme spécifique, chacun des 1 165 fils requis est disposé selon un ordre et un placement de haute précision – ceci afin de créer les jeux de transparence et de lumière de la trame. Les croisements et les différents niveaux des fils, tout comme l’extrême finesse du cadran (0.35 mm), représentent un défi de chaque instant pour la création de cette œuvre miniature. Le résultat est à la fois minimaliste et spectaculaire, l’extrême minceur de la montre accentuant encore l’élégance de cette montre Slim Cheval Ikat, dont il n’existera que deux séries de trente-six montres (or blanc cadran bleu, or rose cadran blanc)…

UTINAM : Les quatre piliers de la sagesse bisontine…

Puisqu’on vous dit que l’horlogerie française a toujours son mot à dire ! Regardez donc du côté de Besançon, capitale historique de l’horlogerie française : les nouveaux projets de nouvelles marques se multiplient. Témoin cette Quadripod d’Utinam, la marque de l’horloger Philippe Lebru : plus carrée que ronde, mais bien galbée tout de même, elle « repose » sur quatre pilastres, d’où son nom, apparemment sans rapport avec les quadripodes impériaux de la légende Star Wars. Dans ce boîtier de 43 mm x 28 mm, le mouvement est automatique (Made in Japan, mais il n’existe pas de mouvement « français »), le cadran ivoiré ou bleu ou encore en aventurine (ci-dessous), avec l’aigle héraldique de Besançon sur la couronne de remontage. Le tout avec des prix entre 1 700 et 1 990 euros selon les versions (réservation Utinam : [email protected]), ce qui est on ne peut plus raisonnable pour une des montres françaises les plus originales du marché.

SOCIOFINANCEMENT : Des montres « françaises » en souscription…

Pour lancer une montre, rien ne vaut une bonne campagne de promotion sur Kickstarter : la nouvelle génération horlogère française ne s’en prive pas et le sociofinancement a déjà assuré le succès de marques comme Baltic, Depancel ou Akrone. Deux tentatives récentes marquent les limites de l’exercice, pour le pire comme pour le meilleur. Sans expérience préalable de ce type de campagne et sans savoir-faire précis dans le sociofinancement, l’équipe de Morpheus débarque de Bordeaux pour nous proposer une montre d’aviateur, qui se veut à la fois Swiss Made (cela semble un gage de qualité) et pleine de cette French Touch (qu’on nous dit irrésistible dans le monde entier). Si le projet de l’Aquitain Jérôme Tillet est sympathique, la montre n’a rien de très excitant (ci-dessous, à droite) : les fans ne se bousculent pas au portillon ! Avec un objectif de financement à 111 000 euros, n’avoir que quatre contributeurs et seulement 1 400 euros en caisse après deux semaines de campagne, c’est un peu maigre pour un lancement ultérieur… En revanche, pas de souci pour le projet Wolbrook, lancé sous pavillon français en dépit de son nom et de son axe de campagne : la renaissance d’une marque américaine, Douglas, qui produisait dans les années 1960 des montres de plongée qui avaient également la faveur des pilotes de l’US Air Force, dont le fameux Neil Armstrong, l’homme du premier pas sur la Lune. Avec un tel storytelling, une certaine habileté en matière de crowdfunding et une montre franco-yankee plutôt exciting pour son prix (comptez entre 150 euros et 280 euros selon que votre Skindiver sera automatique ou électronique), la campagne Wolbrook approche des 110 000 euros proposés par plus de 430 souscripteurs. Lancement garanti pour cette Skindiver Worldtimer née en 1960, dont la légende affirme qu’elle ait été portée sur la Lune par Neil Armstrong, comme « montre de secours ». On croit rêver : la montre du plus légendaire des Américains de la fin du XXe siècle remise sur le devant de la scène par une équipe française !

ANNÉE DU RAT : Les horlogers suisses piégés dans une ratière…

Quand on découvre que les rats envahissent Paris, tout le monde prend une mine dégoutée, mais les horlogers suisses ne se gênent pas pour rendre un hommage appuyé à ce muridé que les Occidentaux considèrent comme nuisible, mais que les Asiatiques vénèrent comme la première figure de leur cycle zodiacal zoomorphe : d’où les rats qui prolifèrent sur les cadrans des montres suisses à l’approche de l’entrée dans l’année du Rat, le 25 janvier prochain (ce sera le Nouvel an chinois). Si ces rats sino-helvétiques font rigoler les Chinois de souche, qui ne croient plus guère à leur zodiaque, sinon comme prétexte à faire bombance en s’offrant des cadeaux, les marques suisses prennent très au sérieux leur mission zodiacale, qui avait pu se justifier au temps béni de la « bulle » chinoise et des « montres de corruption, mais qui l’est de moins en moins avec le retour de la Chine à ses valeurs d’austérité prolétarienne post-maoïste. Certains de ces rats témoignent d’une vraie culture locale – c’est notamment le cas de Chopard ou de Vacheron Constantin (à gauche). D’autres semblent un tantinet plus décalé sur le plan esthétique – on aura du mal à se persuader de l’intérêt des propositions de Piaget ou de Panerai (au centre) dans ce domaine. Quelques marques donnent dans un kitsch pas forcément de bon goût, comme Blancpain (en bas de la page), mais d’autres s’en tirent plus habilement, comme Swatch qui tire le rat chinois du côté de Mickey Mouse (à droite), Jaquet Droz qui transforme son rat en souris champêtre (en bas à gauche) ou Perrelet, qui dissimule ses rats sous les ailettes de sa « turbine » (en bas, à droite). On se dira que beaucoup de ses marques – souvent avec une discrétion teintée de mauvaise conscience – sont en train de terminer une collection de montres dédiées au zodiaque chinois qu’elles avaient commencé en 2012 avec l’année du Dragon : ces maisons perdraient la face si elles cessaient cette collection avant la fin du cycle ! patience, les gars : plus que quatre ans à tenir avant le retour du Dragon, en 2024…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004... 

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