Quand les plongeurs de Mussolini font recette, quand valsent les pétales et quand les milliardaires la bouclent<!-- --> | Atlantico.fr
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Des vraies feuilles de tabac sous le cadran, cueillies dans les domaines d’Arturo Fuente à Saint-Domingue, mais roulées selon des techniques suisses par la manufacture Hublot.
Des vraies feuilles de tabac sous le cadran, cueillies dans les domaines d’Arturo Fuente à Saint-Domingue, mais roulées selon des techniques suisses par la manufacture Hublot.
©DR

Atlantic-tac

Et aussi les biquettes marxistes-léninistes, l’empereur qui a un cheveu sous le cadran et la transgression anti-sociale des cigares horlogers…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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JOUVENOT : Les pétales qui font sauter les heures

C’est un des chefs-d’œuvre mécaniques les plus étonnants de l’année. En début d’année,Atlantic-tac vous avait dévoilé la montre Margot de Christophe Claret, qui permettait aux amoureuses d’effeuiller la marguerite. Pour cette fin d’année, le jeune créateur horloger Frédéric Jouvenot nous propose des heures affichées par des… pétales sautants ! Ces pétales en saphirs roses changent de couleur pour indiquer les heures de jour et de nuit. Au centre du cadran, le disque des minutes cache tout le dispositif mécanique qui anime cette montre Surya. C’est magique : en jouant avec la couronne de remontage, on fait défiler les heures pour le seul plaisir de voir ces précieux pétales de ce bouquet frémir au cœur de la montre. Prions pour que l’horlogerie suisse ait toujours d’aussi étonnantes créations mécaniques à nous proposer : ça nous changera des smartwatches

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ZODIAQUE : Les Chinois nous rendent chèvres

Le luxe adore commémorer – pour le meilleur et pour le pire – en faisant de tous les bons prétextes pour créer des séries limitées et générer un semblant d’exclusivité. Sachant les Chinois sensibles à leur zodiaque, même quand ils sont marxistes-léninistes et hiérarques du Parti communiste, les horlogers suisses se lancent dans l’exploitation de ce filon, en célébrant l’Année de la Chèvre, animal assez peu glamour à nos yeux d’Occidentaux décadents – sauf, peut-être, pour quelques âmes esseulées de la Légion étrangère. Pleuvent donc les « hommages » et les cadrans ornés de chèvres. C’est tantôt amusant, tantôt pathétique, rarement élégant, avec un déploiement vertigineux de techniques empruntées à des métiers d’art qui laissent penser que les horlogers suisses s’amusent comme des petits fous avec leurs biquettes. Pas sûr que cette obsession caprine amuse les amateurs occidentaux, auxquels on raconte par ailleurs que la Chine est en train de vivre un grand bond en arrière dans la nostalgie des années Mao et de l’austérité néo-prolétarienne…

ARTYA : Un amusant pied-de-nez à la loi Evin

Plus l’hygiénisme harceleur de l’Etat se fait inquisitorial, plus la société civile s’amuse à le défier. La marque indépendante Artya – née de l’imagination fertile d’Yvan Arpa, le créateur des montres qui incluaient des fragments du Titanic – a ainsi placé des vraies feuilles de tabac sous le cadran, façon cape de cigare cubain : un pied-de-nez nicotinique à la loi Evin, dans une montre pièce unique tout ce qu’il y a de plus Swiss Made – le bon tabac ne poussant guère dans les Alpes, le cadran n’a évidemment rien de suisse. Dans la même veine « J’ai du bon tabac dans la tabatière de poignet », mais dans un style encore plus ouvertement helvéto-caraïbe, la maison Hublot lance une montre ForbiddenX, le X désignant les délicieux cigares dominicains Opus X d’Arturo Fuente, partenaire de la marque : même logique d’inclusion de feuilles de tabac sous le cadran (en haut de la page), mais cette fois avec les vraies feuilles utilisées pour les capes des cigares. Rien de plus « gaulois » que ce délicieux parfum de transgression anti-sociale…

DEWITT : Tiens, il y a un cheveu sous le cadran !

Toujours assidue dans l’exploration de l’infiniment précis et de l’infiniment précis, l’horlogerie suisse explore le temps : la maison genevoise DeWitt, fondée par Jérôme De Witt, descendant direct d’un des frères de l’Empereur, s’offre ainsi le luxe d’inclure dans le verre de ses montres un cheveu de Napoléon – acquis aux enchères et authentifié par des experts. Peu importe la montre, pourvu qu’on ait le parfum d’une légende magnifiée par un millimètre de cheveu bonapartiste. Frisson nécrophile ou passion império-capillaire ? Ce qui est douteux, en revanche, c’est qu’on puisse extraire le moindre ADN de ces cheveux, contrairement à ce que suggère la communication de la marque : sans le bulbe du cheveu, pas de manipulation génétique possible. Passe le rêve d’un impossible Historic Park…

ROLAND ITEN : Une boucle de ceinture qui vaut le prix d’un appartement

450 000 francs suisses (375 000 euros) : s’il avait su, le ministre socialiste Jérôme Cahuzac aurait ramené de sa banque suisse deux de ces boucles de ceinture et le fisc français n’y aurait vu que du feu ! Eh oui, les milliardaires ont des caprices épatants : cette boucle de ceinture en titane – signée Roland Iten, conçue comme une montre de haute mécanique Swiss Madeet sertie comme un joyau de la place Vendôme – vaut le prix d’un petit appartement ou, si vous préférez 176 mois (14 mois et demi) de salaire moyen en France. À quoi ça sert ? Question bête ! À montrer à ses copains diamantés sur tranche qu’on a les moyens de s’offrir un coûteux jouet de garçon (ça compte entre gens qui ne comptent pas). Avouons-le, ça peut aussi servir à élargir discrètement la taille de sa ceinture quand on sort d’un bon déjeuner. Une simple pression du doigt et on gagne quelques millimètres décongestionnants (ça aide quand on ne relève pas de l’aide alimentaire). Sinon, cette boucleest génialement ingéniérée sur le strict plan mécanique, avec des finitions dignes des meilleurs ateliers de haute horlogerie, sans parler des cliquetis de haute armurerie. En cherchant bien, vous trouverez une des ces boucles Predator à Paris chez Laurent Picciotto, le petit prince parisien des boy toysqui arrachent (Chronopassion : 271, rue Saint-Honoré).

PANERAI : Plonger avec Mussolini sans parader avec le luxe contemporain

« C’était mieux avant ! » : la nouvelle ritournelle du débat intellectuel français concerne également les montres. Exemple avec Panerai, marque italienne née en 1935 quand Mussolini décide d’équiper ses nageurs de combat d’une montre étanche, qui sera une Rolex vendue à la Marine royale italienne par un atelier florentin, l’Officine Panerai, qui en fabriquera quelques dizaines (officiellement, moins de 300) entre les années 1930 et les années 1980. Rachetée par le groupe de luxe Richemont et relancée en 1997, la marque va devenir la plus fashionable des montres « militaires » tellement à la mode depuis les années 2000, y compris pour les poignets féminins. Depuis sa mutation en marque de luxe, Panerai a produit plusieurs centaines de références, plus ou moins inspirées par leurs ancêtres fascisto-subaquatiques. Hélas, à force d’exploiter la poule aux œufs d’or, les collectionneurs se sont un peu lassés de la marque, au point de bouder les rééditions récentes pour plébisciter les reliques épargnées par les hommes-grenouilles du Duce, voire par les plongeurs du Führer puisque les nageurs de combat allemands portaient aussi des Panerai créées par Rolex : plus de 100 000 euros pour les pièces historiques, quand à peine un tiers des montres contemporaines trouvaient preneur, à des prix très sages, lors de la grande vente aux enchères thématiques d’Artcurial, le 10 décembre, à Paris. C’est le prix de la nostalgie (ci-dessous : une rareté à 155 000 dollars, une Panerai qui équipait les plongeurs de la Marine militaire égyptienne dans les années 1950)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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