Quand les Mayas regravent le temps et quand le cuivre tourne en rond dans un carré : c’est l’actualité pré-Toussaint des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Le dépouillement minimaliste d’une remarquable élégance formelle (Massena Lab)…
Le dépouillement minimaliste d’une remarquable élégance formelle (Massena Lab)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi une collaboration en mode Bauhaus, une montre courtoise et très parlante, un arc-en-ciel qui se laisse aborder, une Wonder Week imminente et un bracelet qui ne vole pas…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LIP : Service compris…

Si la maison Lip n’a pas vraiment inventé la « montre de courtoisie » (celle qu’on prête aux amateurs le temps pour eux de faire réparer leur montre), elle avait su créer, dans les années 1960, un véritable engouement pour ses « montres de SAV » (service après-vente) : les clients ne voulaient plus les rendre et elles se revendaient très cher sur le marché secondaire. Ce qui avait contraint Lip à cesser d’en équiper les clients qui apportaient leur montre en révision : il faut avouer que, pour Lip, c’était aussi un moyen d’initier ces clients aux délices de la précision électronique et à des mouvements à pile qui semblaient révolutionnaires. Il faut dire, aussi, qu’elles étaient très belles ces « montres de prêt », avec leur cadran marqué « Après-vente – Votre horloger vous prête l’heure » et leur mouvement électromécanique, très en avance sur son temps. Datée de 1964, cette belle idée de Fred Lip revit aujourd’hui avec une nouvelle série de montres qui portent la même expression, toujours en 35 mm mais avec un mouvement à quartz contemporain. On adore l’éclair qui zèbre le cadran et qui rappelle le temps où l’électronique était synonyme de modernité horlogère – un temps où les nouvelles technologies étaient plus riches de promesses que de menaces. Merci à Lip de nous redonner, avec ce cadran très parlant, le goût de ces « montres de courtoisie » : comme on aimerait que d’autres marques retrouve ce sens du service, au lieu de surfacturer des révisions qui peuvent durer plusieurs semaines…

BOMBERG : Métaphysique crânienne…

Voici dix ans, quand la jeune marque indépendante Bomberg a fait sa première apparition sur le marché, bien malins ceux qui auraient risqué de lui prédire une longue vie. Dix ans plus tard, Bomberg est toujours là, avec une collection de Bolt-68 justement dédiées à ce dixième anniversaire. Cette série récapitule avec bonheur les codes non conventionnels de la marque, à commencer par le crâne – prononcez « skull » pour faire branché – qui est devenu emblématique sur ses cadrans. Ces crânes – calaveras dans le folklore mexicain du Día de Muertos (le « jour des morts » – sont une forme horlogère de vanité philosophique, qui nous oblige à vivre la tête haute pour mieux regarder la mort. Cette série anniversaire complète et renforce cette approche crânement mexicaine par des boîtiers et des bracelets dont les gravures sont inspirées par les cultures préhispaniques des peuples mayas : on y reconnaît le yaxche, l’arbre de vie maya qui connecte les vivants, les morts et les dieux. Pour Bomberg, cette célébration culturelle est une leçon de vie, qui se prolonge par un écrin en cuir dont la forme évoque un crâne [on pourra toujours le recycler en ‘boîte à tout faire »] et un T-shirt qui ne passera jamais inaperçu et qui a été spécialement conçu par la maison de mode mexicaine Au Güey. 42,5 mm d’acier (environ 2 000 euros) pour cette montre automatique saturée de symboliques culturelles hautement métaphysiques : la vanité contemporaine n’est plus dans le prix, mais dans le message…

BELL & ROSS : Carrément cuivrée…

La « BR » de Bell & Ross – un rond dans un carré, avec des vis aux quatre coins – est un des classiques du design horloger au XXIe siècle : avec son bracelet à maillons métalliques, c’est même une des expressions les plus réussies du nouveau « sport chic » en mode Swiss Made, mais avec une indéniable touche française dans les moindres détails. Bell & Ross adore ainsi changer notre regard sur le cadran avec quelques touches de couleurs : la BR 05, qu’on a connue en noir, en argent et en bleu, nous arrive maintenant en Copper Brown, comprenez avec d’intéressants reflets cuivrés, qui contrastent virilement avec l’acier du boîtier de 40 mm. La montre est également disponible avec un bracelet en caoutchouc dont la teinte est assortie au cadran, le tout étanche à 100 m (4 900 euros). Le plus intéressant reste que cette BR 05 automatique s’avère aussi à l’aise sur le terrain qu’en ville, sous un blouson comme sous un costume : c’est clairement la montre des nouvelles générations actives, celle des élégants urbains qui ont besoin d’instruments capables de leur donner en toute circonstance, jusqu’au bout du monde s’il le faut…

MASSENA LAB x RAÚL PAGÈS : Tendance Bauhaus…

Si le label créatif franco-américain Massena Lab a pu s’imposer sur le devant de la nouvelle scène horlogère, c’est grâce à l’immense culture horlogère de son animateur, l’infatigable William Rohr (son éducation niçoise lui a fait choisir « Massena » comme nom de guerre), mais aussi grâce à son flair de « renifleur de talents » qui lui fait choisir les collaborations les plus excitantes pour les collectionneurs. Son dernier opus : une série de 99 montres développées avec Raúl Pagès, un des plus sympathiques jeunes horlogers indépendants des vallées suisses. Cette Magraph, qui est affichée autour des 8 600 euros, est déjà pratiquement introuvable, les amateurs ayant apprécié le fait qu’elle était dotée – pour la première fois chez Massena Lab – d’un mouvement « propriétaire », c’est-à-dire conçu et réalisé exclusivement pour le studio de création Massena Lab. Les passionnés auront à cœur de repérer la silhouette de tortue cachée sous le balancier de ce mouvement M660 à remontage manuel : c’est l’animal fétiche et la signature secrète de Raúl Pagès ! Le cadran est une démonstration quasi-parfaite de ce que le style Bauhaus a pu avoir de meilleur, dans l’expressivité minimaliste comme dans l’élégance formelle : on admirera au passage les aiguilles bleuies à la flamme, mais aussi le néo-classicisme d’un boîtier en acier de 38,5 mm, venu tout droit des plus belles montres de l’âge d’or de la grande horlogerie suisse. Coquetterie supplémentaire : un bracelet en… esturgeon, d’un bleu indigo profond, spécialement conçu pour cette Magraph par les ateliers parisiens de Jean Rousseau. Massena Lab : c’est sans doute le bon moment pour investir !

FESTINA : Destination arc-en-ciel…

La mode pour les dames est à la montre « boy-friend » [celle qui semblent piquée à ces messieurs], mais la tendance est aussi à la montre-bijou, plus que féminine avec des sertissages aussi spectaculaires que possible – l’arc-en-ciel, « inventé » à l’origine par les plus grandes marques d’horlogerie joaillière, rafle ici tous les suffrages. Allure « mec », mais détails féminins : la nouvelle collection Rainbow de Festina a l’intelligence de marier en beauté ces deux codes, avec un chronographe dont le boîtier de 39 mm en impose au poignet, un cadran qui sait jouer avec les couleurs et une lunette sertie d’oxydes de zirconium multicolores du plus bel effet. Le tout étanche à 100 m parce que Festina est une maison horlogère des plus sérieuses. La preuve : ce chronographe est proposé à 159 euros, ce qui en fait un must-have de saison à peu près aussi indispensable que l’association jeanboyfit et blouse à froufrous. Quand l’arc-en-ciel de la lunette a des touches rouges, oranges, jaunes, vertes, bleus, indigos ou violettes, il est plus facile d’accessoiriser ses tenues…

EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ : c’est toujours bon à savoir…

•••• B.R.M. : pour la seule manufacture horlogère de la région parisienne, un « bracelet volant » n’est pas un bracelet qui s’envole, mais un bracelet en forme de volant – quoi de plus normal pour une marque qui a voué son identité à la défense et à l’illustration des sports mécaniques ? Voici donc, dans le respect scrupuleux des codes B.R.M., un volant à trois branches à porter au poignet pour exprimer sa propre passion pour l’automobile : à bien réfléchir, la seule chose qui n’a pas changé au cours des 120 ans de l’histoire des voitures à moteur, c’est bien le volant ! Celui-ci est en titane (24,5 mm de diamètre : ci-dessous), avec une cordelette à base de matériaux recyclés (disponible en six couleurs) : il ne vous sera facturé que 190 euros – mais la passion a-t-elle un prix quand le Père Noël est prié de pointer le bout de son nez en haut de la cheminée ? •••• WONDER WEEK 2022 : plus que quelques jours avant l’ouverture de la traditionnelle session horlogère de novembre, qui verra, tout particulièrement en Suisse, mais aussi dans le reste du monde, se succéder les ventes aux enchères de montres de collection, le Grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG) et de nombreuses manifestations reliées à l’univers de la montre. N’allez pas croire que les prix se sont vraiment calmés sur le marché de la spéculation horlogère : tant les collectionneurs que les investisseurs ont trop besoin de cette « monnaie parallèle » que constituent les montres pour que ce marché hautement déflagrant retrouve un minimum de rationalité. D’autant qu’il est maintenant prouvé que le grand banditisme a compris l’intérêt de ces montres à trop forte valeur ajoutée pour camoufler habilement des transferts de fonds pas forcément gagnés à la sueur du front d’honnêtes travailleurs…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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