Quand les mammouths dessinent des cartes, quand le trench-coat colore la céramique et quand le temps gagne en épaisseur sonore : c'est l'actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Chaque édition annuelle de la Swatch Valentine's Day est un plaisir. Celle de 2014 est un bonheur de kitsch sublimé dans l’élégance graphique…
Chaque édition annuelle de la Swatch Valentine's Day est un plaisir. Celle de 2014 est un bonheur de kitsch sublimé dans l’élégance graphique…
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Atlantic-tac

Et aussi les vertus de la pensée magique pour la Saint-Valentin, le couplet révolutionnaire des Franches-Montagnes suisses, le style vintage qui se retrempe dans le grand bleu...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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SAINT-VALENTIN : La montre comme gri-gri magique pour les amoureux…

Toutes les chroniques « Atlantic-tac » ne tombant pas systématiquement le 14 février, journée votive pour les amoureux, profitons-en pour sacrifier à la mode de la Saint-Valentin, sachant que la montre est toujours un cadeau très apprécié entre fétiche d’amour – plus d’ailleurs de l’homme qui offre vers la femme que l’inverse. Les marques d’horlogerie voient un double avantage dans cette fête : stimuler les ventes de montres dans une période de l’année généralement désolée et récupérer les montres ainsi tartinées de rouge ou de cœurs allégoriques pour les revendre ensuite sur les marchés asiatiques – où cette couleur est supposée conférer puissance et richesse, les cœurs relevant d’un imaginaire « branché » [parce qu’occidental] censé lui aussi apporter une modernité symbolique à forte valeur ajoutée progressiste. Vertus de la pensée magique à la chinoise ! Les propositions valentinesques sont donc aussi nombreuses qu’inégalement réussies, de la plus sublimement nunuche quoique très réussie Swatch Valentine Day (ci-dessus) à la plus subtile Féerie rouge de Van Cleef & Arpels, maison qui vous facturera tout de même 100 000 euros pour cette petite fée émaillée dont la baguette d’or vous indique les heures, alors qu’une de ses ailes serties de diamants précise les minutes. Dommage pour les marques qui se contentent de ripoliner en rouge une de leurs montres ou qui surjouent le style girlie avec des petits cœurs qui n’en font battre aucun. Bonne idée chez Jaeger-LeCoultre, qui dédie aux amoureux – disons aux femmes qui ont un amoureux doré sur tranches – une montre pas explicitement consacrée à la Saint-Valentin, mais qui cache un mini-poche secrète où enfermer des messages qu’on espère, eux, très explicites…



BURBERRY : Il fallait être Burberry pour oser la céramique couleur « trench »…

Les lecteurs d’Atlantico ont été les premiers à découvrir en avant-première la nouvelle montre The Britain signée par Christopher Bailey, le directeur artistique de Burberry. Un an et demi plus tard, cette création Swiss Made est en passe de devenir une nouvelle icône, dont les déclinaisons successives élargissent le périmètre de séduction. The Britain se risque aujourd’hui sur le terrain de la céramique, matériau emblématique de marques comme Chanel [ce n’est sans doute pas un hasard du point de vue de Burberry], mais en donnant à cette céramique une couleur « trench-coat » encore jamais vue. Une teinte qui se marie très bien à l’or traité lui aussi dans une couleur proche de celle des fameux imperméables fétiches de Burberry, qui a rajouté sur le mouvement une gravure « tartan » qui évoque les doublures de ces vêtements. L’élégance de la montre emporte l’adhésion : Burberry apprend vite et bien son nouveau métier d’horloger…

PIAGET : On a mobilisé les mammouths de la préhistoire sibérienne…

Sur le cadran ci-dessous, Piaget n’est pas le nom d’un continent, mais celui de la marque qui réhabilite dans l’horlogerie la technique du scrimshaw : un art de la gravure sur ivoire qu’on pratiquait déjà dans la Scandinavie des origines, mais que les marins au long cours ont brillamment illustré dès la fin du XVIIIe siècle. Ils enrichissaient alors des dents de narval, de morse ou de cachalot de gravures évoquant leur vie quotidienne à bord ou tout un bestiaire fabuleux qui font aujourd’hui le bonheur des collectionneurs. Généralement spécialisés dans la décoration des couteaux d’art, très peu de praticiens contemporains du scrimshaw – un type très particulier de gravure à l’aiguille et à l’encre – se sont risqués à imaginer des cadrans de montres. Piaget ressuscite cette technique en utilisant de l’ivoire fossile [celui des mammouths qui peuplaient la Sibérie, il y a plus de 10 000 ans] pour recréer des cartes anciennes. Renommé comme artisan graveur, Richard Maier a su donner à ces cartes un style parcheminé qui fait de ces modèles Altiplano de véritables pièces uniques, pour lesquelles une loupe est recommandée afin de ne perdre aucun détail…

DURR : Comment réenchanter le temps sans donner l’heure ?

Drôle de montre, qui ressemble à une montre, qui se porte comme une montre, mais qui n’a pas d’aiguilles alors qu’elle décompte parfaitement le temps qui passe. Elle ne donne pas l’heure, mais, toutes les cinq minutes, elle vibre. C’est là qu’on découvre la relativité du temps et qu’on se prend pour Einstein, père de cette théorie de la relativité générale. Cinq minutes de plaisir sont un feu de paille comparées au lent supplice de cinq minutes de contrainte : c’est donc la position de l’observateur qui définit l’écoulement du temps. CQFD. Sans préciser l’heure (pour les détails minutés, il suffit de regarder l’écran de son téléphone), la montre Durr fait déguster le temps par tranches de cinq minutes : on comprend mieux le temps qui passe, au détriment le temps qu’il est, voire de l’heure qu’il est à l’instant T. Ce n’est plus un temps géométrique, déduit de l’angle de deux droites perpendiculaires à un cercle, mais un temps incarné dans l’espace par sa vibration et par sa récurrence cyclique. Les heures ne sont plus abstraites : elles ont une présence physique, une durée précise et une épaisseur sonore, sans rien perdre de leur régularité. Une leçon de philosophie contemporaine pour une poignée d’euros, ça ne se refuse pas…

RUDIS SYLVA : Les Franches-Montagnes suisses nous jouent un air révolutionnaire…

Une montre peut en cacher une autre : cette Rudis Sylva donne l’’heure, certes, sur un cadran déporté à 12 h, mais c’est ce qui se passe dans le cœur apparent de la montre, à 6 h, qui la rend absolument unique et révolutionnaire. Ce cœur battant (celui qui fait tic-tac) est un double cœur tournant : deux balanciers dentés – une hérésie mécanique, si bien maîtrisée ici qu’elle assure une correction permanente de la précision de la montre – oscillent sur leur axe en même qu’ils tournent sur eux-mêmes, à 360°, toutes les soixante secondes. C’est l’ensemble balanciers-plateau tournant qui a donné son nom à la montre : « Oscillateur harmonieux ». Pour le décompte des secondes, fiez-vous à la petite pointe de flèche rouge découpée dans ce plateau. Les puristes apprécieront au passage les finitions, mais surtout le nombre des angles « rentrants » (intérieurs) de cet Oscillateur harmonieux : leur polissage réclame de nombreuses heures de travail, juste pur la beauté du geste et le rendu du mouvement décoré. Une montre née dans le Jura suisse, au cœur de ces Franche-Montagnes qui regorgent aujourd’hui d’horlogers créatifs et d’ateliers virtuoses…

GIRARD-PERREGAUX : Que c’est beau, une belle montre bleue !

Rose rouge pour les filles puisque c’est la Saint-Valentin, d’accord, mais bleu tout bleu pour les garçons : c’est la clé de l’élégance masculine, avec tous les bleus, du ciel à l’outremer, qui sont autrement plus chics et plus variés à l’œil que le sempiternel noir à la mode depuis quelques saisons. La manufacture Girard-Perregaux – plus de 150 ans d’expérience – a décidé de retenir ce bleu légèrement ardoisé pour rhabiller sa montre Vintage 1945, déjà très habillée avec sa petite seconde à 6 h (notez la touche de coquetterie du 60 rouge) et son style rétro galbé et gourmé. Très esthétiques, les chiffres arabes en relief apportent sur le champ bleu du cadran la profondeur nécessaire. Le mouvement automatique produit par Girard-Perregaux apporte de son côté la touche suisse et la précision indispensable. La bonne couleur servie à point : il n’en faut pas plus pour réussir une belle montre, sans bleu à l’âme…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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