Quand le scandale est dans la poche, quand les sapins se diamantent et quand le nul s’emballe : c’est l’actualité des montres (en mode solsticial)<!-- --> | Atlantico.fr
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Une des plus légendaires montres de l’histoire, malheureusement réduite au silence par la misère du ministère de la Culture…
Une des plus légendaires montres de l’histoire, malheureusement réduite au silence par la misère du ministère de la Culture…
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Mais aussi la transparence qui confine au strip-tease mécanique, l’identité précieuse qui nourrit l’histoire contemporaine et le cadran gravé comme une armure de la Renaissance…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LEROY 01: La sublime grande dame qui fait la fierté et la honte de l’horlogerie française…

Seuls les plus pointus des amateurs de montres connaissent l’existence de la « Leroy 01 », une montre mécanique française, signée Leroy, qui est restée pendant près de quatre-vingt-dix ans (1901-1989) la « montre la plus compliquée du monde » – loin devant ce que les Suisses pouvaient réaliser. Cette magnifique montre de poche, orgueil de la tradition mécanique française, ne propose pas moins de vingt-cinq grandes complications associées, du simple affichage de l’heure à la lecture du baromètre ! On peut estimer la valeur de cette montre de poche unique au monde autour des 25 millions d’euros. Un livre vient d’être consacré à cette « Leroy 01 », qu’on peut aujourd’hui admirer au musée du Temps de Besançon : ce livre, « La Leroy 01 Ultra Compliquée », sera le cadeau de Noël idéal et abordable pour tous les fanatiques de mécaniques horlogères. Une fois le livre en main, chacun réalisera le scandale qu’est aujourd’hui l’état dégradé de cette montre que le monde entier nous envie, mais que la République est incapable de restaurer faute de budgets « culturels ». Réalisée au début du siècle pour un richissime amateur portugais, cette « Leroy 01 » est revenue en France en 1955 grâce à une souscription nationale auprès de nombreuses institutions. Peut-être faudrait lancer aujourd’hui une nouvelle souscription publique – pourquoi pas sur les réseaux de sociofinancement ? – pour trouver le million d’euros nécessaire à sa restauration, qui exigera les soins d’une équipe spécialisée pendant près d’un an, mais qui fera ensuite la fierté de tous les amoureux français de la montre…

• « La Leroy 01 Ultra Compliquée », de Joseph Flores, éditions de l’AFAHA (Association française des amateurs d’horlogerie ancienne : www.afaha.com), 160 p., 28 euros.

FILIPPO LORETI : Une montre de m… qui valait 4,8 millions d’euros…

L’horlogerie adore les contes de fées : imaginez une marque totalement inconnue voici cinq semaines, qui se lance sur les réseaux de financement collaboratif (Kickstarter) en annonçant un besoin de 20 000 euros et qui termine, trente-cinq jours plus tard, avec 4,8 millions d’euros souscrits par 18 500 amateurs, qui n’avaient jamais entendu parler auparavant de cette marque et qui ne connaissent encore de la montre qu’une image numérique. Les nouvelles montres Filippo Loreti ont été lancées par deux Lithuaniens, qui ont opté pour une collection réalisée en Chine, ce qui leur permis d’abaisser les prix autour des 150 euros, ce qui reste beaucoup par rapport à la qualité intrinsèque d’une montre assez nulle et passe-partout. Même le marketing était misérable : trois cartes postales italiennes et des codes copiés sur ceux de la communication des montres de haute horlogerie. Ce mystère d’une montre sans intérêt (« Une montre de m…», écrivait Business Montres), qui génère 4,8 millions de commandes (au nez et à la barbe des marques suisses) n’en est pas vraiment un : le phénomène Filippo Loreti – un record dans l’histoire des montres classiques sociofinancées – éclaire le basculement brutal du marché horloger dans le monde numérique. C’est une ubérisation de l’offre comme de la demande, bien loin de la seule horlosphère : tous ces souscripteurs ont été « dragués » par une brillante campagne de mobilisation des réseaux sociaux, très loin de cénacles étroits de l’horlogerie suisse, qui n’a pas encore compris ce qui se passait sur ses marchés traditionnels…

https://www.kickstarter.com/projects/2050848594/redefining-italian-luxury-watches-filippo-loreti

PIAGET : Extrêmement féminin et historiquement précieux…

Les belles dames ci-dessous sont, à gauche, Nathalie Portman qui sera Jackie Kennedy dans le film Jackie (sortie début 2017) et, à droite, la Piaget vintage qu’elle porte dans le film et que la marque réédite pour l’occasion, avec un cadran ovale en jade serti de diamants et de tourmaline, en plus d’un bracelet très souple en mailles d’or, qui était une des spécialités de Piaget dans les années 1960. Une montre « Extremely Piaget » qui, comme son nom l’indique, résume parfaitement l’identité féminine, précieuse et joaillière de la marque – heureusement pas trop perdue de vue dans les collections de ces dernières années. On voit d’ailleurs dans la bande-annonce du film de Pablo Larrain (vidéo ci-dessous) d’autres montres Piaget portée par Nathalie Portman dans son rôle de Jackie Kennedy. Que serait l’histoire contemporaine sans les montres qui lui sont associées, pour les meilleurs comme pour les pires moments ?

BELL & ROSS: Le parti-pris de la transparence…

À quoi peut bien servir une montre en verre saphir entièrement transparente ? Techniquement, elle ne donne pas mieux l’heure. Pratiquement, elle est même plus fragile qu’une montre en acier, même si la résistance aux chocs de ce verre saphir est exceptionnelle et que son montage dans ce boîtier complexe garantit un niveau supérieur d’endurance. C’est esthétiquement et presque « culturellement » que ce choix de la lumière s’impose pour mettre en valeur le tourbillon qui tourne sur son axe en paraissant flotter dans l’espace et pour voir s’animer les mécanismes du chronographe de cette BR-X1 dont il n’existera que cinq exemplaires – il est vrai que le prix va jouer un peu au-dessous du demi-million d’euros ! C’est la rançon de la singularité au poignet et la coquetterie ultime pour un collectionneur amateur de strip-tease mécanique…

ARTYA: Dans le goût des orfèvres de la Renaissance…

De l’or, du platine, une mécanique d’exception (le fameux « tourbillon » mécanique cher aux amateurs d’horlogerie) et une décoration qui évoque le travail de gravures des orfèvres de la Renaissance, qui sculptaient aussi bien des objets relevant des arts de la table que des armures ou des mousquets. L’acier du cadran est travaillé à la gouge et au burin, pour dégager les motifs où seront insérés les motifs d’or et de platine : un travail qui se fait sous microscope stéréoscopique, avec un grossissement de vingt fois pour la précision du geste et du rendu. Il ne reste plus ensuite qu’à bleuir le cadran à la flamme. Les volutes sont directement inspirées par les ornements décoratifs de l’Europe du Nord, aux XVe et au XVIe siècle. Tout ça pour une montre ? C’est le prix de la rareté (pièce unique) et de l’exclusivité : heureusement qu’il existe encore des ateliers créatifs « à l’ancienne » comme la manufacture genevoise Artya et des clients assez opulents pour s’offrir des montres aussi exceptionnelles.

DE GRISOGONO : Une joaillerie onirique entre les sapins…

Rêvons un peu, au pied du sapin, de l’univers féerique mis en scène par Fawaz Gruosi, le joaillier le plus créatif de sa génération, créateur et animateur de la manufacture De Grisogono. Dans son pays des merveilles, la montre New Retro s’habille d’or rosse et de de diamants, tandis qu’une parure d’onyx et de diamants noirs et blancs montés sur titane dessine des pommes de pin oniriques entre les ramures. Heureuses, celles qui pourront porter un tel collier et de telles boucles d’oreille. La magie de Noël, c’est de croire que la beauté peut soudain réenchanter le monde. Pourquoi se le cacher ? On entre ici dans une précieuse bulle hivernale, inaccessible au commun des mortels, quelque part entre les tapis rouges foulés par les vedettes de l’écran et les chalets cossus des stations de neige où s’entassent les milliardaires. C’était juste pour le plaisir des yeux …

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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