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Quand le calendrier se cale sur 2 500 ans et quand la petite Française se met à l’ouvrage : c’est l’actualité des montres en mode solstice d’hiver
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Atlantic Tac

Mais aussi les nouveaux habits du Père Noël, le dernier cadran de l’automne, l’horloger de la Marine qui séduit les aviateurs et le double tourbillon qui triple ses rotations…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LAURENT FERRIER : Les mois, les jours et les heures…

Une montre dont les couleurs rendent hommage à cet automne finissant : Laurent Ferrier nous propose un calendrier annuel qui affiche, en plus des heures et des minutes (aiguilles classiques), une « petite seconde » à six heures, une date désignée par une longue aiguille qui évolue sur un calendrier circulaire et un double guichet qui indique le jour et le mois. Ce calendrier annuel reconnaît les mois de trente jours et ceux de trente-et-un jours : il ne faut donc le régler qu’une fois par an, au premier jour de mars, pour corriger l’anomalie de février (26 ou 29 jours). Ce boîtier en acier de 40 mm cache, sous son cadran opalin aux couleurs d’or rouge automnal, un mouvement mécanique qu’on peut qualifier de « somptueux » dans son exécution comme dans sa conception. Tant qu’elle restera capable de produire de tels chefs-d’œuvre et tant qu’il y aura des amateurs pour de tels « trésors », témoins de quatre siècles de traditions hautement mécaniques, l’horlogerie suisse n’aura rien à redouter des montres connectées… 

MARIE BOUTTEÇON : La dame qui « ouvrage » les montres suisses…

Ne cherchez pas la marque sur le cadran : vous n’y lirez que « Swiss Made » et vus y discernez peut-être un logo en forme de marguerite, avec, lovée au cœur des pétales, une croix qu’on pourrait qualifier de « suisse ». Ne vous y trompez pas : Marie Boutteçon, la créatrice de ces montres éponymes, est on ne peut plus française et sa créativité témoigne d’une indéniable francité stylistique, même si elle s’exprime sous pavillon helvétique. Cette grande brune au regard pétillant n’est une égarée dans le paysage horloger : designer de formation, cette Franc-comtoise de naissance est passée par différentes grandes maisons suisses où elle a appris le métier avant de lancer sa marque. Ne vous laissez pas distraire par l’apparente normalité de ce concept horloger, qui vise à créer des montres ultra-féminines dont la « lunette » – taillée ici comme un bague » dont on coiffe et décoiffe le corps de la montre – se change très facilement pour avoir toujours la même montre tout en variant les plaisirs de sa décoration (en haut de la page, un serpent tentateur ; ci-dessous, des perles d’argent). Tout est très soigné dans cette offre de « montres suisses ouvragées » (1 400 euros la montre avec sa première lunette ; à partir de 300 euros la lunette supplémentaire), avec une touche féminine attentive au moindre détail. Ne manquez pas de retenir ce nom : Marie Boutteçon. C’est probablement la montre de l’année du côté de ces drôles de dames qui se mêlent avec bonheur d’horlogerie…

PARMIGIANI FLEURIER : Une mécanique programmée pour 2 500 ans…

Tandis que les uns s’amusent avec le calendrier grégorien annuel (voir Laurent Ferrier : ci-dessus), d’autres tentent d’ordonner en rouages mécaniques le casse-tête que constitue le calendrier « hégirien », c’est-à-dire le calendrier lunaire synodique des musulmans (354 ou 355 jours, contre 365 ou 366 jours pour notre calendrier grégorien). Le calcul n’est pas aisé : c’est la nouvelle lune qui désigne le début du mois pour les musulmans, et non un calcul astronomique. Les horlogers s’y cassent les dents depuis trois siècles, mais la manufacture Parmigiani a réussi à concevoir, sur la base du calendrier fatimide, un calendrier « perpétuel » musulman logé dans une montre-bracelet de 44,5 mm : c’est une grande première horlogère ! Pour ne pas enfreindre les tabous islamiques concernant l’or [tabous très élastiques à en croire les ventes de montres en or dans les pays musulmans], la montre est en platine et ne contient aucun élément en or. Année après année, la montre affichera, en plus de l’heure, des minutes et des secondes, la bonne date en chiffres arabes et le bon mois selon le calendrier fatimide (calligraphie arabe et longueur du mois), ainsi que les années « abondantes » et « communes », sans oublier les phases de la lune qui apparaît sur fond d’aventurine. Basé sur un cycle de trente ans, ce calendrier fatimide est synchronisé sur les 2 500 années à venir ! Le tout assez rudement tarifié, mais qu’on songe ici aux huit années d’études et de développements qui ont été nécessaires pour maîtriser la précision de cette micromécanique céleste…

AURICOSTE : Un chronographe automatique de haute lignée…

Il fut un temps (béni) où les armées françaises commandaient de superbes montres à des grandes maisons horlogères : ainsi, dans les années 1950, l’Armée de l’air avait lancé un appel d’offres pour un chronographe destiné à ses aviateurs. Ce sera le fameux « Type 20 », fabriqué à l’époque par des maisons comme Breguet ou Auricoste, « horloger de la Marine » depuis 1854. La renaissance de cette dernière marque permet de nous proposer une nouvelle version de ce chronographe, aujourd’hui « manufacturé en Suisse » (bien meilleure mention que le traditionnel Swiss Made) et doté d’un « retour en vol » (retour à zéro instantané de la seconde du chronographe), que les franglomanes ont bêtement rebaptisé fly-back. Avec un mouvement automatique et un superbe cadran chocolat, ce chronographe de 42 mm respecte l’esprit des anciennes « Type 20 » : c’est une friandise pour les amateurs de montres « à l’ancienne », qui ne sera guère facturée que 3 92 euros aux connaisseurs de belle horlogerie…

PURNELL : Le redoublement d’un triple axe…

On va d’emblée renoncer à vous expliquer les ahurissants détails mécaniques de cette double sphère dont chacune est entraînée par un « tourbillon », une sorte de cœur battant qui tourne sur trois axes : c’est trop complexe et il faudra trois ou quatre chroniques Atlantic-tac pour tenter d’y voir un peu plus clair dans cette hyper-complication de très haute horlogerie, qui pousse le raffinement mécanique jusqu’à un point d’incandescence et d’extravagance encore jamais égalée. On imagine les trésors de dextérité horlogère que réclame l’assemblage et le réglage de chacun de ces deux « sphérions » (la « boule » qui fait tourner le tourbillon sur trois axes : voir la vidéo ci-dessous), placés à sept heures et cinq heures du cadran – ceci au nom d’un gain de précision effectué en neutralisant les possibles effets négatifs de la gravité sur une montre. On s’empresse d’y croire, sans trop questionner la rationalité scientifique de l’affirmation, mais on ne peut s’empêcher d’être impressionné [le prix est lui aussi impressionnant : comptez un peu moins d’un demi-million d’euros] par la maturité technique dont témoigne cette montre Escape : c’est ici qu’on se dit que la maîtrise d’une telle virtuosité technique a des effets de « ruissellement » sur l’efficacité des « pauvres » montres mécaniques de notre quotidien. Au fait, vous ne connaissez pas la marque Purnell ? C’est normal : si cette micro-manufacture suisse n’est pas née d’hier, c’est en 2019 qu’elle s’est relancée après quelques errements au cours des années précédentes…

BOMBERG : Alerte rouge pour le Père Noël…

Puisque Noël approche,x sacrifions à la tradition chromatique de cette fête avec Bomberg, la marque horlogère la plus déjantée du paysage suisse, qui a pris un malin plaisir à se rêver en rouge : sous le sapin, ces BB-01 automatiques apporteront la bonne touche de couleur et de provocation. Cette année, au lieu d’être monté sur un traîneau, le Père Noël fera peut-être sa tournée en Harley-Davidson et, en guise de houppelande, on ne verra peut-être débarquer en Perfecto rouge…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004... 

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