Quand la Lune a du grain, quand les heures deviennent folles et quand il faut 29 ans pour faire le tour du cadran : c'est l'actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Promise à une légère patine oxydée, la Lune d’argent de RJ-Romain Jerome est sculptée dans un alliage qui intègre de la vraie poussière lunaire…
Promise à une légère patine oxydée, la Lune d’argent de RJ-Romain Jerome est sculptée dans un alliage qui intègre de la vraie poussière lunaire…
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Et aussi, la radicalité originelle du style militaire, la mécanique du disc-jockey des heures numériques et la métaphysique macabre du squelette horloger…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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RJ-ROMAIN JEROME : Le grain de Lune d’une Terre bleue…

Même si le silicium est l’élément constitutif de la planète Terre, son usage en matériau naturel demeure relativement rare : on le retrouve en plaque (translucide et fragile) sur les cadrans de la nouvelle 1969 de RJ-Romain Jerome, colorée en bleu en hommage aux couleurs de la planète telle qu’elle apparaît dans l’espace. Le boîtier de la montre (43 mm) est taillé dans un acier dans lequel on a fusionné des éléments métalliques récupérés sur une capsule Apollo 11, tandis que la Lune en bas-relief logée au dos de la montre est gravée dans un alliage d’argent enrichi de fragments de roches rapportées de la Lune. On notera au passage le design relativement sobre et apaisé de ce boîtier 1969, nouvelle évolution des boîtiers initiaux de la collection « Titanic », qui mêlaient à leur matériau de base des pièces métalliques remontées du site du naufrage du paquebot Titanic. L’imaginaire contemporain a besoin de légendes apaisées (et de prix décents : environ 8 200 euros pour cet hommage à l’exploration spatiale)…

MARVIN : Appellation d’Origin contrôlée…

Origin – c’est le nom de la montre – pour évoquer la radicalité originelle de la montre plutôt que son aspect original : il ne s’agit pas ici d’épater le bourgeois par des boursouflures esthétiques, des gros muscles ou des subtilités mécaniques ébouriffantes. Cette Origin est un exercice de style pour rendre hommage à la tradition des montres de l’âge d’or de l’horlogerie mécanique (années 1950-1960), dans le style des montres militaires (cadran noir à grands chiffres, « chemin de fer » des minutes), avec un clin d’œil à la vague néo-classique (boîtier rond, trois aiguilles-date) qui ne se prive pas d’une touche vintage (le ton crème des chiffres et des aiguilles, le bracelet en cuir surpiqué inspiré par les bracelets des montres réglementaires dans les armées de l’OTAN). C’est le triomphe de la « ligne claire » après le cule des « ovnis » pratiqué dans les années 2000 : c’est même la déroute annoncée d’une horlogerie qui en faisait trop dans l’ostentatoire et le bling-bling. On en revient à l’essentiel, à des prix décents : il était temps…

4 N : Un grand spectacle mécanique pour les amateurs d’émotions fortes…

La reconquête des vitrines horlogères par le retour du néo-classique ne fait que rendre plus précieuses les propositions vraiment détonantes de la nouvelle génération. Exemple fort avec 4N, la jeune marque créée par le designer François Quentin, sur un concept d’horlogerie à disques qui « sautent » à chaque minute et à chaque heure – affichées en chiffres de grande taille. Pas de risque de panne : la réserve de marche de cette montre mécanique est de 237 heures (pratiquement 10 jours sans devoir la remonter). La nouvelle version en titane poli et microbille est tout simplement superbe, avec des anglages étincelants qui renvoient la lumière en soulignant les volumes du boîtier, mais aussi la structure du mouvement, développé en partenariat avec la célébrissime manufacture suisse Renaud Papi (Audemars Piguet)…

KUDOKE : Une sémantique macabre qui prend les mots au pied de la lettre…

Dans leur jargon, les horlogers parlent d’une montre « squelette » pour indiquer que les éléments qui maintiennent en place tous les rouages et les parties essentielles du mouvement ont été amincis, ajourés, rognés, épurés et réduits à leur plus élémentaire expression. L’horloger allemand Stefan Kudoke a décidé de jouer les intégristes en créant une montre authentiquement « squelette » : tous ses composants ne tiennent que par des ossements et un crâne (serti, mais rigolard), les aiguilles étant elles-mêmes squelettisées. C’est la version moderne des « vanités » philosophiques du XVIIe siècle et l’occasion d’une méditation fugace sur le temps qui fuit en nous rapprochant de la mort. C’est le rappel permanent de cette montre métaphysique : toutes les heures nous blessent, la dernière nous tue !

RICHARD MILLE : Des heures qui deviennent folles pour oublier le temps…

Effacer le temps ? On oublie : ce n’est qu’un vieux mythe de l’humanité. Effacer les heures, l’espace d’un instant : pourquoi pas, si on sait ensuite se recadrer à la bonne heure. Les aiguilles « virevoltantes » de la nouvelle Richard Mille RM 63-01 ne sont pas, et de loin, la première tentative de redonner un autre goût au temps qui passe, mais c’est une des plus amusantes : quand on actionne le poussoir logé dans la couronne de remontage, le disque transparent qui porte les heures se met à tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, alors que l’aiguille des heures se met à accélérer à son rythme. C’est le moment d’oublier le temps – que la montre n’indique plus – pour le retrouver, à l’heure exacte, quand on actionnera à nouveau le poussoir, une heure, un jour ou un mois plus tard : le rêve est fini, on redevient sérieux et c’est à nouveau le grand bain dans le fleuve infini du temps. Richard Mille nous propose ainsi une autre vision du temps, avec des heures déjantées qui partent en vrille, à la demande, l’espace d’une parenthèse dans l’espace-temps. Menu plaisir, forcément égoïste, mais très poétique, cette échappée belle loin des heures légales d’ouverture…

VAN CLEEF & ARPELS : Vingt-neuf ans pour faire le tour du cadran…

La maison Van Cleef & Arpels a choisi le thème des « complications poétiques » pour développer des collections horlogères qui nous emportent loin des traditionnelles montres serties de la place Vendôme. Il s’agit toujours de réécrire autrement le temps, soit dans l’infiniment personnel d’une rencontre dans Paris (la fameuse montre Pont des Amoureux), soit dans l’infiniment cosmique des grands espaces. La nouvelle Midnight Planetarium est une vraie complication horlogère, purement mécanique, dans la tradition des grands planétaires du XVIIIe siècle, mais à l’échelle du poignet : six planètes y tournent autour du soleil, avec une vitesse de rotation qui va des 29 ans que mettra Saturne (en sugilite parme sous l’étoile filante) pour faire le tour du cadran aux 88 jours de la course de Mercure (en serpentine jaune, tout près du Soleil). La Terre est bleue, en turquoise, comme il se doit (troisième position à partir du Soleil). C’est l’étoile filante qui indique l’heure, avec une course d’une journée complète (24 heures). Un tour de magie : l’étoile représente le « jour de chance » qu’on peut se choisir et programmer n’importe quand dans l’année. Ce jour-là, en guise de porte-bonheur, la Terre viendra se placer sous l’étoile ! Avec son ciel d’aventurine scintillant, ce planétarium nomade est une des plus fantastiques invitations virtuelles au voyage à l’intérieur de notre système solaire…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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