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François, Nicolas 
et la boule de cristal
©DR

Revue de presse des hebdos

Scoop ! Dans un discours hallucinant prononcé en 2008, le vainqueur de la primaire socialiste prédisait, au rebondissement près, toutes les péripéties du quinquennat du chef de l’Etat. Un peu Madame Irma, le François ? A l’heure où les hebdos s’interrogent sur ses “ capacités ”, peut-être plus madré qu’il n’y paraît.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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François, roi de la fête ! Tous vos hebdos, cette semaine, consacrent leurs unes au vainqueur de la primaire sous des titres plus ou moins variés : “ Hollande intime ”, “ Hollande conquérant ”, “ Le nouveau Hollande ”, etc. Un seul, plus franc du collier ?, ose poser la question qui est dans toutes les têtes quand il ne brûle pas les lèvres : face à Nicolas, fera-t-il le poids ? “ Est-il si mou ? ”, s’interroge en effet “ Le Point ”, laissant entendre que non… mais que la partie n’est pas pour autant gagnée. D’après le magazine, le principal point faible du candidat socialiste aux yeux de Nicolas Sarkozy tiendrait dans ses “ alliances ” : “ Le chef de l’Etat, explique-t-il, développe une théorie selon laquelle François Hollande sera prisonnier de sa coalition avec Arnaud Montebourg, les Verts et le Front de gauche. “ C’est l’angle d’attaque le plus important, estime-t-il. Hollande, homme de la synthèse, va être pris en otage et tiré vers le bas. Il ne pourra rien faire. Tous les pays gouvernés par une coalition ont des problèmes pour agir ”. Et de montrer du doigt l’Allemagne, où Angela Merkel est empêtrée ”. A peine lancé et déjà merkélisé ? Ach quatsch !

Hollande “ reprend la main ”

Pas si vite ! A peine élu, précise “ Le Point ”, le gagnant des primaires a “ donné ses consignes. “ On doit reprendre la main ”, dit le néo-candidat du PS à la présidentielle. Il a en tête les négociations avec les Verts. Depuis quelques jours, les hollandais se disent outrés des “ cadeaux ” consentis par Martine Aubry à ses alliés écolos, dans le but d’obtenir leurs voix à la primaire. Trop de reculades dans le programme (par exemple sur le nucléaire), trop de circonscriptions législatives offertes. L’équipe du candidat doit donc reprendre la main sur les postes clés du PS, ceux qui offrent de traiter avec les partenaires de la gauche ”. Repérer l’écueil, c’est fait. Reste à le surmonter.

Le cadeau d’Hollande à Martine

Autre danger : Martine Aubry. Elle s’est “ certes ralliée de manière impeccable, note l’hebdo, mais comment empêcher certaines amertumes de voir le jour et des snipers de jouer un rôle délétère ? (…) La vigilance est de mise. (…) Comme en amour, c’est moins l’union qui compte que les preuves d’union. François Hollande en a donné une, très importante, en acceptant que la maire de Lille conserve les rênes de la Rue de Solférino. Certains de ses amis redoutent qu’il n’ait à regretter ce choix conciliant ”

Tout sauf reproduire 2007

“ Peut-il lui laisser autant de place qu’avant ?, s’interrogent “ Les Inrockuptibles ”. Là est toute la question. D’ailleurs, les hollandais ont aussitôt commencé à réfléchir, en off bien sûr, sur les changements qu’ils aimeraient apporter au premier secrétariat. Christophe Borgel, un proche d’Aubry, en charge du si stratégique portefeuille des élections ? Oh, là, là !, non. Benoît Hamon au porte-parolat ? Ca se discute… “ Il faudra au minimum doubler le poste ”, assure-t-on chez François Hollande. Mais, bien sûr, personne n’est blacklisté, hein ! Kader Arif, un proche de François Hollande, réplique sur le ton de l’apaisement : “ Il y a la volonté autour de François Hollande de ne pas avoir deux équipes, de ne pas avoir de bunkers ” Allusion à 2007 quand il y avait un fossé entre l’équipe de Ségolène Royal, la candidate, et le parti ”. Compliqué… Martine Aubry a-t-elle tiré les leçons du passé ?

Valérie entre dans l’arène

Côté alliés, François Hollande en a une qui lui est tout acquise : sa compagne, Valérie Trierweiler. Parce que c’est “ désormais inéluctable ” et qu’elle devra “ bientôt prendre la place qui lui revient sur les clichés ”, la journaliste, événement !, a accepté de parler au “ Nouvel Observateur ”. “ Valérie Trierweiler aborde ce rôle, tandis que madame ex, Ségolène Royal, n’a en rien renoncé à être une partenaire politique pour François Hollande, souligne le news. Comment fera-t-elle avec elle ?, lui demande-t-il. “ Comment fera-t-elle avec moi ? ”, réplique Valérie Trierweiler, avec ce mélange d’assurance et d’inquiétude qui la caractérise. Sur le ralliement de la grande perdante de la primaire au favori, elle constate : “ Politiquement c’était dans l’ordre des choses. Sur le plan personnel, elle montre pour la première fois qu’elle a refermé la porte sur le passé ”. C’est curieux, ce bruit, on dirait que la porte a claqué.

Valérie rectifie quelques “ vérités ”

“ (Valérie Trierweiler) veut aujourd’hui laisser au passé ce qui lui appartient. Oublier ce qu’elle appelle “ les interventions extérieures ” — celle de Ségolène Royal et de ses fils — sur la direction de “ Paris-Match ” pour la mettre sur la touche. Juste ne pas laisser dire qu’elle serait entrée dans la vie de François par effraction, que les couples Trierweiler et Royal-Hollande furent amis. Elle concède : “ En dix-huit ans, il y a eu deux dîners : un dîner de couples et une soirée chez des amis communs ”. Pas plus qu’elle ne laissera dessiner le portrait d’une intrigante qui aurait noué une complicité avec Ségolène Royal, alors jeune ministre et jeune accouchée, à l’occasion d’une interview qui fit grand bruit en 1992. “ Ma consoeur, chef du service people de “ Match ”, est allée à la maternité, pas moi. L’interview s’est faite par fax et via l’attachée de presse. C’est tellement plus romanesque de me faire aller à la maternité… Il faut s’en tenir aux faits ! ” ”.

Il y a “ du cristal en Valérie ”

Des faits, rien que des faits. Son métier de journaliste, Valérie Trierweiler, “ partie à 19 ans d’Angers ”, l’a chevillé au corps : “ “ Etre journaliste, dit-elle à “ L’Obs ”, c’était être arrivée. Je n’avais besoin de rien de plus ”. (…) Le journalisme, l’aventure tant attendue. Journaliste politique, de surcroît. Plus dur fut le renoncement. A “ Paris-Match ”, elle s’occupe désormais de culture. A Direct 8, (…) bien que compagne officiellement reconnue de François Hollande, elle animait encore à la rentrée son magazine politique “ 2012. Portraits de campagne ”. Elle avait décidé d’arrêter si François remportait la primaire. (…) L’ “ affaire Trierweiler ”, déclenchée par “ L’Express ” qui affirme que des policiers de la Direction du Renseignement avaient reçu “ l’ordre d’enquêter ” sur elle, a précipité sa décision. (…) “ En même temps, ajoute-t-elle, je me suis dit : tu n’as plus les moyens de faire correctement ton métier de journaliste politique ”. A fleur de peau et lucide. “ Elle a un très beau caractère et en même temps extrêmement difficile ”, souffle un proche de Hollande. Philippe Labro qui a guidé ses premiers pas à Direct 8 lui conseillait : “ Buvez un verre de vin rouge avant l’antenne ”. Il estime : “ Elle a des aspérités qu’elle va devoir gommer. Il y a du cristal en elle, qui peut briller, qui peut éclater ” ”. Mieux vaut ne pas la chercher…

Déficit public : Dr Hollande et Mr François

Hollande et ses “ alliances ”, Hollande et sa compagne… qu’en est-il de son programme ? Qu’en est-il, surtout, des solutions qu’il préconise pour régler “ la question centrale de la réduction du déficit public ” ? Comme “ Le Point ” et “ L’Express ”, “ Challenges ” s’interroge. A la différence de ses confrères, le magazine économique a préféré faire directement état de ses “ doutes ” auprès du candidat, qu’il est allé interviewer. “ Quelles économies envisagez-vous sur le budget de l’Etat ”, lui demande-t-il. —“ L’inspection des Finances nous révèle que sur 100 milliards de niches fiscales, 10 milliards sont sans efficacité, 40 milliards d’une efficacité limitée !, répond Hollande. Dans le domaine du logement, de l’emploi… certaines aides ont même un effet pervers. Les exonérations de cotisations sur les bas salaires — qui coûtent plus de 25 milliards — écrasent la hiérarchie des salaires. Certains mécanismes sont à revoir. Et je suis favorable à de nouveaux transferts vers les régions, les agglomérations (…) ” 

—“ La décentralisation s’est traduite par une forte augmentation de la dépense et du nombre des fonctionnaires ”, réagit “ Challenges ”. —“ Pas tout à fait. (…) L’Etat a transféré des compétences dans le désordre et l’opacité, sans les ressources correspondantes. Il a transféré des personnels sans tenir compte des dépenses supplémentaires que cela génère. Mais le principal problème, c’est la confusion, qui entraîne une forme d’irresponsabilité. Il faut que les collectivités locales retrouvent une liberté et une capacité à lever des impôts qui les engagent, les poussent à être plus performantes ”.

“ Selon les Gracques, le relance le journal, au-delà de la suppression des niches, de la réforme fiscale, d’une augmentation de TVA et de CSG, il faudrait également économiser 45 milliards ”. —“ Je n’ai pas envie, marque-t-il, de participer à un concours de douleurs et de sacrifices. Ce chiffre est excessif. Il est peut-être rassurant sur un plan rationnel. Mais il n’est pas réaliste. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura des efforts à consentir ” ”. Et qu'il faudra se résoudre à définir.

Hollande : “ Sarko, c’est Giscard ”

Fait-il le poids ? Est-il de taille à se mesurer à “ Sarko ” ? Difficile de répondre. La plus grande force de François Hollande tient, peut-être, dans le fait qu’il a parfaitement, et depuis longtemps, cerné le personnage auquel il va se confronter. Dès 2008, en effet, à La Rochelle, rappelle “ Le Nouvel Observateur ”, l’ex-premier secrétaire du PS dressait en effet du président cet hallucinant portrait aux allures de prédiction : “ Vous verrez, disait-il, Sarko, en dépit des apparences, c’est Giscard. Comme lui, il entame son mandat par une forme d’ouverture. Comme lui, il va être pris à revers par la crise économique. Comme lui, il va affronter une impopularité grandissante. Comme lui, il va se perdre dans l’admiration de sa propre personne. Comme lui, il humilie les siens. Comme lui, il va perdre toutes les élections locales. Comme lui, il va chercher son statut en essayant de retrouver ses bases électorales de la droite dure. Comme lui, il va s’isoler. Comme lui, il sera donc battu ” ”.

47 % des sympathisants de droite voteraient pour Nicolas Sarkozy

Battu, Nicolas Sarkozy ? D’après un sondage “ VSD/Harris Interactive ”, si une primaire était organisée, 47 % des sympathisants de droite inscrits sur les listes électorales voteraient pour lui. 19 %, seulement, voteraient pour Alain Juppé. “ En cas de second tour ”, les mêmes sympathisants se prononceraient à 52 % en faveur du président, et à 37 % en faveur de son premier ministre. Roi de la fête, aussi, Nicolas ? A une différence près — et de taille : si ces primaires, fictives, étaient ouvertes à l’ensemble des Français inscrits sur les listes électorales, 14 % seulement voteraient “ certainement ” pour lui — auxquels il convient d’ajouter 19 % d’électeurs qui se prononceraient “ probablement ” en sa faveur. En tout, donc, 33 % de “ pour ”, et 67 % de “ contre ” (48 % répondent “ certainement pas ” et 19 % “ probablement pas ”).

Le président lâché par les parlementaires

Conscient du rejet des Français, les Parlementaires UMP ? Lors de leurs Journées, organisées ces 13 et 14 octobre, “ seuls 250 (d’entre eux) avaient fait la route jusqu’à Saint-Cyr-sur-Loire ”, nous informe “ VSD ”. Le vendredi matin, ils étaient à peine une centaine à se tenir chaud dans la salle des débats. “ Haaa ! La prochaine fois, on fera ça dans une cabine téléphonique ! ”, se marre l’un d’eux ” (…) Contrairement aux électeurs de droite, commente le mag, les parlementaires ne croient plus au sarkozisme. Et ils sont nombreux à préférer ne pas s’afficher sous la bannière de l’UMP afin d’avoir quelques chances d’être réélus en 2012. (…) Dans les rangs clairsemés de ces Journées, à voix basse et à l’écart des regards, les critiques fusent à l’égard de Nicolas Sarkozy. On ne remet pas en cause sa candidature, pas encore, mais on imagine, on espère même, peut-être, un renoncement de dernière minute. Une prise de conscience ? (…) “ On a beau ne pas apprécier la personne de Nicolas Sarkozy, on a besoin de quelqu’un à la manœuvre ”, explique, résigné, un député. L’un de ces collègues dit plus clairement les choses : “ On est derrière Nicolas Sarkozy parce qu’on ne peut pas faire autrement ” (…) Lorsqu’on demande à Louis Guédon, député de Vendée, si Alain Juppé, par exemple, n’aurait pas été un meilleur candidat que l’actuel chef de l’Etat, son cœur se déchire : “ Il est brillant, c’est une personnalité, un charisme, il a payé sa dette avec panache, il a payé pour d’autres avec une grande noblesse, mais… ” Le député conclut par une pirouette : “ Il est trop tôt pour répondre à votre question. Si l’on doit changer de leader, ce sera au mois de janvier ou de février, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy. C’est à lui de dire qui doit défendre nos couleurs ” ”. Si François Hollande doit se méfier des “ alliances ” qu’il pourrait contracter, Nicolas Sarkozy devrait peut-être, lui, se méfier de ses “ alliés ”.

A lire, encore

“ Les étranges sauveurs de la sarkozie ” sur le drôle d’équipage formé par Brice Hortefeux et Alain Carignon qui, malgré leurs “ casseroles ”, ont décidé “ d’unir leurs forces pour aider le président à décrocher un second mandat ” (“ Nouvel Obs ”).

A l’heure où Tristane Banon, estimant que “ son statut de victime a été reconnu ”, renonce à poursuivre DSK au civil, tandis qu’éclate “ l’affaire Carlton ”, dans laquelle l’ancien patron du FMI serait impliqué (voir “ VSD ”, “ Le Point ” et “ L’Express ”), “ L’Express ” publie de nouveaux extraits d’ “ Anne Sinclair, femme de tête, dame de cœur ” d’Alain Hertoghe et Marc Tronchot (Calmann-Lévy). Et cite cette confidence d’Elisabeth Badinter, recueillie “ avant le 14 mai 2011 ” : “ Je crois que le pire malheur qui pourrait arriver (à Anne Sinclair) serait de perdre Dominique. Donc, elle s’ajuste, elle ajuste sa vie. Aujourd’hui, c’est une femme docile, passive et soumise. C’est renversant, parce qu’il y a vingt-cinq ans, Anne était le contraire. (…) C’est un rôle d’adaptation. Et le moteur de cette adaptation, c’est sa passion pour (DSK). Elle est passée de la passion à la passivité. (…) Mais je ne la juge pas, car elle ne peut pas faire autrement ”.

Pour faire “ bon poids ” après le succès des débats des primaires, Nicolas Sarkozy sera interviewé le 24 octobre en simultané sur TF1 et France 2. “ La barre des 10 millions doit être franchie pour marquer ”, confie un de ses conseillers. Les intervieweurs seront Jean-Pierre Pernaut et Yves Calvi (“ Le Point ”), ce dernier étant considéré, d’après un sondage Louis Harris, comme le “ journaliste le plus indépendant ” (“ L’Express ” ”).

En vrac, sinon : “ Nathalie Kosciuszko-Morizet pourrait diriger la campagne de Nicolas Sarkozy ”, “ Les musulmans de Le Pen ”, “ La guerre des Roms ”, “ Règlements de comptes à Air France ”, “ Le grand réveil des islamistes Tunisiens ”, “ A la poursuite des armateurs grecs ” sur ces millionnaires qui pourraient contribuer à redresser la dette grecque mais ne le veulent pas et “ Van Gogh assassiné ? ” (“ Le Point ”). Dans “ L’Obs ”, “ Véolia. Proglio-Frérot : haute tension ”, “ Le chaudron de Gafsa ”, en Tunisie, “ Gilad Shalit : les clés d’une libération ”, “ Comment Internet change notre cerveau ” et le dossier “ Tous fichés, tous surveillés ” à l’occasion de l’expo “ Fichés ” des Archives Nationales.

Dans “ L’Express ”, “ Peurs sur Marseille ”. Dans “ VSD ”, “ Victor Bout, le seigneur de guerre ” sur le trafiquant d’armes russe “ impliqué dans les conflits les plus meurtriers de notre époque ”. Dans “ Challenges ”, le portrait de Warren Buffett, “ 3e fortune mondiale ” et celui du “ très habile Marc Ladreit de Lacharrière ” dans “ Les Inrocks ”. L’hebdo rock consacre un dossier spécial aux “ trentenaires ”, dont on retient surtout cette double page : “ On a quoi à 30 ans aujourd’hui, comparé à… il y a 40 ans ”. Hé bien, pas grand-chose, on vous le dit ! 

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