Quand Hermès vire affiche son maoïsme, quand Bulgari lance des bombes et quand Eric Cantona se passionne pour les papillons : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Heures, minutes et secondes alignées logiquement au centre du cadran : l’avant-garde esthétique s’offre une revanche au cœur d’un parti-pris néo-classique…
Heures, minutes et secondes alignées logiquement au centre du cadran : l’avant-garde esthétique s’offre une revanche au cœur d’un parti-pris néo-classique…
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Atlantic tac

Et aussi une montre militaire apaisée pour rassurer les civils, la bienfacture suisse en mode milanais et l’impertinence d’un néo-classique qui se décale en alignant les heures…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HERMÈS : "Que mille fleurs s’épanouissent", comme disait Mao…

La famille Hermès n’est pas vraiment du genre maoïste, mais la maison reprend sans frémir la consigne du tyran communiste chinois Mao Zedong, quand il voulait encourager les cadres du Parti à prendre des initiatives : « Que mille fleurs s’épanouissent » ! Pas encore question de hisser le drapeau rouge sur le 24, Faubourg Saint-Honoré : on se contentera de reprendre – une grande première pour une montre-bracelet, la technique traditionnelle des verriers italiens connue sous le nom de Millefiori. Les presse-papiers du XIXe siècle dans ce goût constituent un inépuisable thème de collection. Les maîtres verriers de la cristallerie Saint-Louis [propriété du groupe Hermès] créent des bouquets de baguettes de verre filé (ci-dessus), qui sont ensuite fondues et solidarisées en lingots homogènes sans rien perdre f leurs couleurs, ni de leurs structure tubulaire. Ces rouleaux de baguettes sont ensuite découpés, ce qui laisse apparaître un parterre de « fleurs » dont on fera un cadran unique par sa disposition et par sa palette chromatique. C’est infiniment précieux en même temps que magnifiquement décoratif : en exprimant ainsi son identité, Hermès réconcilie mieux que jamais les exigences d’un artisanat d’exception et celles d’une horlogerie originale et expressive…

JEANRICHARD : Dans le goût militaire, mais sans excès…

Cette Aéroscope est un séduisant concentré de toutes les tendances de la rentrée horlogère : trois aiguilles et une date [serait-ce le glas pour les chronos hérissés d’aiguilles ?], un confortable bracelet en caoutchouc, un matériau d’avant-garde ultra-léger [du titane issu de l’aéronautique], un mouvement automatique robuste et précis, un style sportif sans exubérance [grâce à des aiguilles flèche et une lunette dans le goût des montres d’aviateur], une lisibilité impeccable dans l’obscurité [bonne idée du mélange de résine et de SuperLumiNova], des couleurs viriles qui évoquent l’univers des montres militaires, des états de surface en mode mat qui démodent le poli miroir qui éblouit les nouveaux riches. Difficile de faire plus tendance ! Jeanrichard – une des marques du groupe Kering – a la sagesse de proposer cette Aeroscope à un prix décent (moins de 2 500 euros : les explorateurs du quotidien urbain apprécieront…

BULGARI : La petite bombe que les femmes attendaient…

Comme pour Bvlgari, il faut écrire le U de Lucea comme un V : ça fait plus romain [Bvlgari oblige] et ça rappelle l’écriture ces cadrans solaires de l’Antiquité, lesquels ont inspiré les lignes et l’esprit de la Lvcea. C’est une montre de lumière : son esthétique est solaire, comme les chiffres romains du cadran texturé. Sa couronne sertie d’un diamant est un hommage aux pierres de couleur, un peu comme un pied de nez subliminal aux joailliers traditionnels qui n’auraient jamais osé cette corolle. Comme il faut un serpent à toute Ève qui se respecte, le bracelet est taillé en écailles d’or et d’acier dont les maillons articulés expriment la force : c’est une armure pour les poignets délicats. À l’occasion de son 130ee anniversaire, Bvlgari réussit l’exercice très difficile de réinventer la montre de femme : cette Lvcea a tout pour devenir une future icône des emballements féminins. Même son prix autorise les achats d’impulsion. C’est une montre à vivre et à séduire, pour celles qui aiment y mettre les formes quand il s’agit d’être ferme…

EMPORIO ARMANI : Le Swiss Made frémit sous passeport italien…

Pas facile de concilier les mécaniques suisses et les canons de la mode italienne. Emporio Armani n’en réussit pas moins son coup d’essai, avec une première collection « Swiss Made » (mouvement manufacturé en Suisse, assemblage et contrôle final de la montre réalisés en Suisse, dans le respect de la bienfacture traditionnelle des horlogers suisses). Des montres aussi convaincantes sur le terrain du design que sur l’élégance du style – sans parler de l’option All Black pour la touche contemporaine. N’importe quelle maison helvétique facturerait cette pièce au double ou au triple, sinon pire, de ce que la maison Armani exigera pour une montre dont les rassurantes lignes vintage rappellent les trésors de l’âge d’or des montres mécaniques, qu’on peut situer quelque part entre les années 1930 et les années 1970. Enlevez le nom Emporio Armani du cadran et n’importe quel amateur vous dira que c’est une Patek Philippe restyle en noir…

DEWITT : L’impertinence de l’hyper-classicisme…

Cette Classic Heure sautante de la manufacture DeWitt fait sauter les heures en décalant les minutes et les secondes. Par « heure sautante », les horlogers entendent des heures exprimées en chiffres, qui « sautent » dans leur guichet à chaque changement d’heure, toutes les soixante minutes. C’est passablement amusant. La réussite esthétique vient ici de l’alignement inhabituel de l’affichage du temps sur un même axe : c’est la lecture la plus logique de l’heure. D’abord, les heures, puis les minutes et les secondes. La proposition est d’autant plus élégante que les compteurs se chevauchent sans se nuire, sur fond de cadran soleillé dont le bleu contraste très heureusement avec l’or rose du boîtier et des appliques intérieures. Si le boîtier n’est pas modeste (40 mm tout de même), ses proportions sont très étudiées, de même que le profil des « cornes » où s’accroche le bracelet. La subtilité de cette montre témoigne d’une haute culture horlogère, mais aussi d’une impertinence très française – quoique la marque soit suisse et son créateur, Jérôme De Witt, belge d’ascendance napoléonienne . C’est le mariage logique de l’hyper-classicisme apparent et de la touche contemporaine qui décale le regard…

HAUTLENCE : Le papillon bleu du Gentlemen Rebels Club…

Jeune marque indépendante et créative, la maison Hautlence (anagramme de Neuchâtel) fête cet automne ses dix ans. Pièce anniversaire : un chronographe Invictus, dont voici la série limitée Morphos, co-signée par Hautlence et par son nouvel ambassadeur, l’ex-footballeur et star du grand écran Eric Cantona. C’est à ce grand garçon délicat et raffiné – si, si, en privé, il est même collectionneur d’art contemporain à ses heures ! – qu’on doit les allusions aux ailes de papillon du cadran. Des inserts de nacre ont été disposés sur les flancs du cadran, avec un dessin qui rappelle les nervures de ces ailes, dont la luminosité est renforcée par le composé luminescent disposé sous la pellicule de nacre. L’idée est saisissante. C’est le premier chronographe signé Hautlence, qui a repris son traditionnel boîtier « télévision » pour y loger une mécanique dévoilée dans la profondeur à plusieurs étages de cette montre. Entrez avec Hautlence dans le « Gentlemen Rebels Club » personnifié par Eric Cantona : votre cotisation ne dépassera pas les 20 000 euros. Les bad boys de la nouvelle horlogerie aiment les jouets de garçon très coûteux…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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