Pourquoi la mort du lion Cecil nous touche-t-elle si profondément ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le lion Cécil avait une crinière noire.
Le lion Cécil avait une crinière noire.
©Reuters

Revue de blogs

Une photo de chasseur devant la dépouille d'un lion africain nommé Cecil a déclenché la fureur des réseaux sociaux, alors que le Zimbabwe a bien d'autres problèmes dont les médias pourraient s'emparer.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Les chasses au gros en Afrique sont  vivement déconseillées. Le roi Juan Carlos d'Espagne y avait laissé sa réputation d'homme bien devant la dépouille d'un éléphant. La vie et la carrière du dentiste américain du Minesotta ne seront plus jamais les mêmes après la traque l'abattage et le dépecage de Cecil le lion du Zimbabwe. Cecil, 13 ans, qui a maintenantsa page WikipediaMais l'affaire Cecil a aussi provoqué d'immenses débats sur notre rapport avec les animaux et notre indignation sélective, qui veut que nous souffrions plus pour la mort d'un lointain lion que pour notre prochain humain.Ou que ce type de photos (publiées après l'affaire du lion Cecil) nous deviennent insupportables. 

Photo récente du compte FB de Sabrina Corgatelli, employée de l'université de l'Idaho

Thinkprogress a interrogé un scientifique canadien, le professeur Small, sur cette folle émotion mondiale, qui ne l'étonne pas, car le lion fait partie de la "mégafaune charismatique'.

"L'opinion publique, les politiciens, les scientifiques, les médias et les organisations de protection de la faune ont beaucoup d'empathie pour un nombre réduit d'espèces connues et admirées. (...) Le critère le plus admiré, universellement, est la taille : les créatures immenses provoquent un grand respect, alors que les espèces petites sont ignorées. Le glamour est très important pour provoquer une attention bienveillante. Il existe une expression pour désigner ce type d'animaux : Megafaune charismatique. (...) Ils sont avant tout très photogéniques. Il n'y a pas plus charismatique qu'un lion.  (...) Autre caractéristique de Cecil : il porte un nom. Et nous admirons les animaux qui possèdent des similarités avec les humains. Les lions ont beaucoup d'autres caractéristiques dites humaines. Des yeux  parallèle qui vous regardent droit dans les yeux, et un rapport parents-enfants fort, par exemple". 

Encore plus détaché de nos émotions : l'avis des spécialistes de la conservation de la faune. Le blog spécialisé sur ces politiques de l'université Brookings déroulent des vérités qui peuvent choquer mais sont partagées par les spécialistes : un nombre limité de licences de chasse au gros permet un meilleur contrôle de la faune et surtout, peuvent sauver beaucoup d'espèces protégées de la vraie plaie, celle du braconnage de grand banditisme. Ces licences procurent des revenus aux rangers des parcs, en général peu ou épisodiquement payés. C'est pour cette raison qu'il n'y avait pas jusqu'à aujourd'hui de lois contre la chasse au gros et que des institutions comme le Wildlife Fund ne s'y opposent pas. On peut trouver régulièrement les listes de prix de ces licences de chasse sur les sites et forums spécialisés. Et le National Geographic publie des tribunes expliquant le mécanisme de financement de la protection de la faune par les licences de chasse.

Depuis l'affaire Cecil, de furieux débats se déroulent entre végétariens et carnivores sur Facebook, autour de notre peu de cas des souffrances infligées par les carnivores aux animaux, en particulier sous ce photo-montage de Mercy for Animals.

Photo montage Mercy for Animals sur FB

Bryony Gordon est fatiguée de ces fameux humains. "Nous trouvons la pratique Halal d'abattage dégoutante, et nous ne voulons pas savoir que 94 pour cent des poulets que nous mangeons sont élevés en batterie. Nous voulons sauver les renards, mais pas si nous vivons en ville. Dans ce cas, ils doivent être éliminés et cesser de fouiller dans nos poubelles. Pendant une semaine, nous voulons éliminer les mouettes, la semaine suivante, ce sont les dentistes qui tuent les lions. Nous radottons sans fin sur les droits des animaux, mais nous sommes responsables de souffrances animales infinies. Peut-être que nous n'aimons pas les animaux. Ou plutôt si, tant que cela nous va, à nous autres humains."

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