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Quand Sarkozy fait de la “mauvaise publicité”
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Revue de presse des hebdos

La cause est-elle à ce point désespérée ? Pour se relancer, le président, en vedette américaine dans "L'Express", aurait, selon "Challenges", truqué son bilan.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Absent des hebdos il y a quinze jours, pour la première fois depuis son élection, il fallait bien qu’il revienne en force et frappe un grand coup. Surprise ! C’est à “ L’Express ”, dirigé par Christophe Barbier, ami comme on sait de “ Carlita ”, que Nicolas Sarkozy a accordé une “ interview exclusive ”. En couverture et sur dix pages. Le volet “ politique étrangère ” y tient sa place — 5 pages, qui donne au président l’occasion de souligner l’indépendance de la France par rapport aux Etats-Unis : “ J’ai regretté le départ des avions américains du ciel libyen, dit-il ; je me réjouis de l’arrivée de leurs drones. Nous avons besoin d’eux, même si eux et nous n’avons pas toujours les mêmes priorités ” — “ Mais on ne peut agir sans les Etats-Unis… ”, remarque “ L’Express ”. — “ C’est pourtant ce que nous avons fait en Côte d’Ivoire ”, réplique-t-il. Par ailleurs, “ c’est une grande satisfaction de voir (que ce sont) la France et la Grande-Bretagne qui exercent aujourd’hui le leadership dans l’Otan en Libye ”. Pas de quoi, forcément, pavoiser.

Interrogé sur “ la poussée du populisme en Europe ”, le chef de l’Etat, qu’on sait devenu “ lettré ” depuis la lecture du “ livre-coup de poing ” de Franz-Olivier Giesbert, s’appuie, trop fort !, sur Claude Lévi-Strauss pour défendre “ le besoin d’enracinement ”. “ L’un des plus grands intellectuels français du XXème siècle, Lévi-Strauss, a dit : “ L’identité n’est pas une pathologie ”, assène le président. C’est la clef. (…) Plutôt que de dire “ Que c’est immoral, que c’est laid, le populisme ! ”, confortablement installés dans le sentiment d’appartenance à une élite si arrogante, comprenons ces craintes et apportons des réponses concrètes : réforme de Schengen, régulation de la mondialisation, gouvernement économique, taxe sur les mouvements financiers… La réponse à la souffrance des peuples et aux peurs doit être concrète, pragmatique, en prise avec la réalité, en aucun cas moralisatrice et donneuse de leçons ”. On caresse “ le peuple ” dans le sens du poil, on tape sur le museau des élites “ arrogantes ”, tout ça avec la caution de Lévi-Strauss qui, s’il était encore de ce monde, n’aurait sans doute pas demandé à être là. Tristes tropiques !

Sommet de l’interview, Nicolas Sarkozy affirme ne pas être en campagne : “ Je suis le dernier à pouvoir exprimer quelque désir que ce soit quant à la prochaine élection présidentielle, dit-il. Je suis président. J’exerce la fonction, j’ai donc un devoir que n’ont pas les autres. Cela s’appelle la servitude du pouvoir. Je n’ai pas le droit de me livrer à des calculs si loin d’une échéance qui n’est pas encore dans la tête des Français ”. Quelques lignes plus haut, pourtant, le même, interrogé quant à la poursuite du programme qu’il s’était fixé en 2007, répond qu’il reste bel et bien sa “ référence ” : “ Pas parce que c’était mon programme, mais parce que j’y croyais et que j’y crois encore : réhabilitation du travail, rétablissement de l’autorité et de la sécurité, refus de l’assistanat ”. 

Changement de braquet, et retour à la “ valeur travail ”, au social ? Pendant le défilé du 1er mai du Front national, un pigiste anonyme des “ Inrocks ”, infiltré en “ sous-marin ” dans les rangs lepénistes, a noté “ la présence d’un plus grand nombre de slogans sur la question sociale, peu utilisés auparavant : “ le social, c’est le Front National ”, “ la France aux travailleurs ”, en plus des classiques “ Français, réveille-toi, tu es ici chez toi ”, ou “ Bleu, blanc, rouge, la France aux Français ”. Sarkozy/(Marine) Le Pen, même programme ?

Le chef de l’Etat a beau affirmer ne pas être dans le “ calcul ” et tout à “ la servitude du pouvoir ”, l’envoi, “ fin avril, à 5000 relais d’opinion (élus, préfets, journalistes…), d’une brochure mettant en avant le bilan du président ” démontre exactement le contraire. Seul journal à signaler le fait — mais que font ses confrères ? —, “ Challenges ” l’a non seulement lu, mais scrupuleusement étudié. Trois semaines après son démontage, pièce à pièce, du programme de Marine Le Pen, et la démonstration qu’il “ menait la France à la faillite ”, on ne saurait que trop remercier l’hebdo de se cogner, une fois encore, tout le boulot. D’après “ les équipes du chef de l’Etat ”, la plaquette “ présente une photographie aussi exacte que possible de l’action du président de la République et du gouvernement, (afin) de présenter les faits, et uniquement les faits au jugement des Français ”. “ Challenges ” le précise au cas où on aurait loupé une marche, “ à un an de l’élection présidentielle, ces 75 pages sur papier glacé — d’un coût limité à 8 500 euros — n’arrivent évidemment pas par hasard. (…) Nous avons sélectionné sept passages du document (sur douze, ndlr), où, loin de “ présenter les faits et uniquement les faits ”, le travail des équipes de communication du président s’apparente à de la mauvaise publicité ”.

De la publicité mensongère ? Le passage au crible des sept passages visés donne tout lieu de le penser. “ TVA à 5,5 % dans la restauration ”, “ bouclier fiscal ”, “ création de Pôle Emploi ”, “ heures supplémentaires ”, “ carte scolaire ”, “ régimes spéciaux de retraite ”, “ déduction des intérêts d’emprunts ”, toutes ces mesures mises en avant pour défendre le bilan du président, une fois confrontées à la réalité des chiffres, ne passent pas le test. Leur présentation est truquée. Ah, ça commence fort !

Car c’est bel et bien commencé, comme en témoigne la rumeur, pas tombée par hasard, non plus, de la grossesse de la Première dame, confirmée “ bouche cousue ” par Carla en personne dans “ Le Parisien ”. “ Un enfant rédempteur qui adoucit l’image du président, fait oublier ses foucades et attendrit l’opinion ”, note “ Le Nouvel Observateur ”, qui consacre sa rubrique “ Femme de la semaine ” à l’épouse du chef de l’Etat. Mise à part la photo, à hurler, de Carla Bruni-Sarkozy, on ne retiendra du papier que cette confidence, lâchée en marge de l’interview donnée au “ Parisien ” : “ J’ai du mal à fermer mon pantalon ” ”.

Autres temps, autres mœurs. Pour le trentième anniversaire du 10 mai 1981, “ Le Nouvel Obs ” consacre un portrait à une autre première dame, beaucoup moins officielle, et même très secrète : Anne Pingeot. Est-ce par souci d’égalité ? La photographie qui illustre l’article est, elle aussi, passablement atroce. Le papier se laisse lire, néanmoins, qui nous apprend, entre autres choses, que “ C’est pour elle que la pyramide du Louvre a été bâtie ”. C’est beau, l’amûûr.

En cet anniversaire du 10 mai, “ Les Inrocks ” convient ses lecteurs à un concert place de la Bastille, mardi prochain “ à 19 h 30 ”, et “ Télérama ” s’interroge : “ Peuple de gauche, es-tu là ? ”. Bonne question ! Et très bon article, où on lit, notamment, exemples historiques à l’appui, que “ ce n’est pas parce qu’on vient du peuple que l’on vote à gauche, et (que) la droite, elle aussi, a su mobiliser quand il le fallait ”. L’hebdo le souligne : “ Entre le “ peuple de gauche ” et le Parti socialiste, une véritable fracture culturelle s’est ouverte ”. Le parti de Martine Aubry saura-t-il recoller les morceaux ?

Au PS, les choses, apparemment, semblent se préciser. En même temps qu’il publie les bonnes feuilles de la biographie très, très, très autorisée de Dominique Strauss-Kahn, “ Le Point ” livre cette confidence du directeur du FMI : “ Si je n’ai pas dit au mois d’avril que je ne suis pas candidat, c’est que je le serai ”. Alleluïa ! Pour “ Le Nouvel Obs ”, la situation est encore plus claire, qui titre carrément : “ DSK-Hollande : la primaire, c’est eux ! ”. Et l’hebdo d’affirmer que “ Martine Aubry ne sera pas candidate ”, que “ Ségolème Royal s’agite trop pour ne pas être en phase de prénégociation avec le concurrent de son ex-compagnon. L’aile gauche du parti, avec Benoît Hamon, s’est laissée marginaliser, à force d’attendre un geste de la première secrétaire. Arnaud Montebourg compte pour du beurre, sauf à Marseille. Restent donc deux hommes, face à face ”. Deux hommes, c’est bien là le problème. Car à travers eux, ce ne sont pas “ deux gauches, deux lignes ” qui s’affrontent, mais “ deux ambitions ”. On croyait y être arrivés, la vérité, c’est qu’on n’est pas rendus !

A lire encore, les dossiers “ Le monde après Ben Laden ” du “ Nouvel Obs ” et “ America is back ! ” du Point ” qui publie, schémas à l’appui, “ le récit secret de la traque de Ben Laden ”. Tous les hebdos traitent le sujet, laissant entendre à la fois qu’Al Qaeda a pris un coup dans l’aile et reste une menace des plus préoccupantes, ce qui fait qu’on est bien avancés. Plus léger, “ Dominique de Villepin, (bientôt divorcé, ndlr) vraiment seul ” (“ VSD ”), “ L’affaire du vrai-faux Monet ” impliquant les Wildenstein, “ L’incroyable histoire de Peter Munk, devenu le premier producteur mondial d’or ” (“ Le Point ”), “ Johnny (Halliday) flambeur et un peu pigeon ” et “ Pas touche à (Laurence) Ferrari ! ” dans “ Les Inrocks ”. Comparé au reste, c’est frais, limite gouleyant.

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