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Nicolas Sarkozy : forces et faiblesses pour 2017
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Politico Scanner avec Délits d’Opinion

Marion Desreumaux, contributrice du site Délits d'Opinion, commente l'étude de l'institut Harris Interactive qui indique que Nicolas Sarkozy, même absent de la vie politique française, domine ses concurrents potentiels pour la primaire de l'UMP en 2016.

Marion Desreumaux

Marion Desreumaux

Marion Desreumaux est contributrice du site Délits d'Opinion, site de référence de l'opinion publique et des sondages.

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Le non-lieu de Nicolas Sarkozy le 7 octobre dernier dans « l’affaire Bettencourt » a relancé les interrogations sur son éventuel retour en vue de l’élection présidentielle de 2017. Si le désir réel de l’intéressé ne fait guère de doute, les études réalisées auprès des électeurs français démontrent que, s’il bénéficie d’un net regain d’image, le tapis rouge n’est cependant pas encore complètement déroulé pour l’ancien Président de la République. En effet, Nicolas Sarkozy, même absent de la vie politique du pays, domine ses concurrents dans l’optique de la primaire de l’UMP en 2016. Mais la perspective de son retour n’est pas aujourd’hui perçue comme le scénario unique et idéal et certains traits de sa personnalité – notamment son honnêteté - continuent de questionner les Français, y compris ceux appartenant à sa famille politique.

Une image revue et corrigée positivement à l’aune de celle de François Hollande

Interrogés sur les traits d’image à accoler à l’actuel et à l’ancien Présidents, les Français attribuent aujourd’hui davantage de qualités à Nicolas Sarkozy qu’à François Hollande. Un an et demi après la fin de son mandat, l’ex-candidat de l’UMP profite en effet d’une relecture positive de sa personnalité et de sa capacité à se glisser dans les habits présidentiels. L’ancien Président de la République est majoritairement qualifié de dynamique (75%, + 52 points par rapport à François Hollande) et de courageux (62%, +23 points), traits de caractère qui font défaut selon les Français à l’actuel locataire de l’Elysée. Même les sympathisants de Gauche jugent Nicolas Sarkozy plus dynamique que François Hollande (67% contre 46%). Les Français estiment également majoritairement que Nicolas Sarkozy sait où il va (62%, +34 points) et qu’il est compétent (54%, +22 points). Les personnes interrogées se montrent néanmoins un peu plus partagées sur la capacité de Nicolas Sarkozy à avoir de bonnes idées pour la France (47%), à réformer le pays dans le bon sens (45%), à bien diriger la France s’il était à nouveau chef de l’Etat (45%), ou encore à être crédible (43%) et tenir ses engagements (41%). Mais là encore, il devance largement l’actuel Président de la République (de 16 à 19 points d’écart).

En tendance, François Hollande voit nettement son image se dégrader depuis son élection tandis que Nicolas Sarkozy progresse sur l’ensemble de ces traits d’image dans l’Opinion (+14 points sur sa capacité à savoir où il va depuis janvier 2012). Ainsi, en l’absence notamment de relecture critique du bilan du quinquennat Sarkozy par les dirigeants de l’UMP, les Français et particulièrement les anciens électeurs de Nicolas Sarkozy, dressent un portrait assez positif de l’ancien Président, laissant entrevoir un chemin pour un retour providentiel.

Une nette préférence des sympathisants de Droite pour la primaire UMP et une capacité à exister en dehors de son parti et de l’opposition à François Hollande

De fait, les sondages invitant les sympathisants de Droite à exprimer leur préférence envers un candidat pour représenter l’UMP à l’élection présidentielle de 2017 désignent très largement Nicolas Sarkozy. Dernier en date, le sondage Harris Interactive pour LCP : 50% des sympathisants de Droite et 64% des sympathisants UMP accordent ainsi leur préférence à l’ancien chef de l’Etat. Les autres candidats sont relégués à moins de 20% des préférences exprimées. Alors que Nicolas Sarkozy reste cité dans des dossiers judiciaires et ne s’inscrit pas dans le débat politique quotidien, il constitue le candidat privilégié des sympathisants de Droite pour la prochaine élection présidentielle.

Interrogés sur les raisons les poussant à s’exprimer en faveur de Nicolas Sarkozy, ses soutiens déclarent qu’il est « le meilleur », le « seul », le  plus « compétent » et « crédible », le « plus capable de »… au choix de redresser le pays, de sortir la France de la crise… Mais ce sont plutôt les mots et arguments manquants de ce nuage de mots qui sont intéressants à analyser. On ne retrouve pas ou peu en effet :

- Un positionnement de Nicolas Sarkozy sur l’échiquier politique : les termes « gauche » mais surtout « droite » ou « UMP» sont relativement peu présents dans les propos des répondants. Nicolas Sarkozy existe personnellement au-delà de la segmentation classique de l’espace politique français et au-delà de son parti, tout en parvenant à incarner presque naturellement ce courant idéologique ;

- Une référence à l’actuel Président de la République l’ayant emporté contre lui au second tour en mai 2012 : tandis que nombre de soutiens de François Hollande justifiaient leur préférence dans le cadre de la primaire socialiste de 2011 par sa capacité perçue à battre Nicolas Sarkozy, François Hollande apparaît ici aux abonnés absents.

Nuage de mots des personnes déclarant préférer que Nicolas Sarkozy soit le candidat de l’UMP pour l’élection présidentielle de 2017

Mais des défauts pas encore gommés et une place de sauveur pas encore confirmée

Toutefois, notons qu’en dépit de cette large préférence exprimée en faveur de l’ancien Président, certaines pierres subsistent sur le chemin de Nicolas Sarkozy. Moins de quatre Français sur dix le jugent sympathique (39%, -11 points par rapport à François Hollande) ou encore capable de comprendre les préoccupations des Français (39%, +8 points par rapport à François Hollande qui a perdu de nombreux points sur cette caractéristique). Souffrant toujours d’un déficit de proximité, Nicolas Sarkozy est également pénalisé par les soupçons sur son honnêteté. Moins d’une personne interrogée sur trois (32%) indique aujourd’hui que Nicolas Sarkozy lui semble honnête. Il s’agit du seul trait d’image qui s’est  dégradé pour l’ancien chef de l’Etat depuis janvier 2012 (-6 points). Et du seul trait d’image sur lequel il est aujourd’hui devancé par François Hollande (50%).  Or, rappelons que dans leur portrait-robot idéal du Président de la République, les Français plébiscitaient largement cette qualité. Certes, une précédente analyse (« Les Français veulent-ils vraiment des politiques honnêtes ? ») nous a permis de mettre en doute cette primauté. Reste que les affaires concernant Nicolas Sarkozy continuent de peser sur son image. Notons d’ailleurs que le baromètre de popularité Ipsos met en lumière que la cote de confiance de Nicolas Sarkozy ne repart pas à la hausse en dépit du non-lieu dont il a bénéficié dans l’affaire Bettencourt, puisqu’il recule de 2 points auprès de l’ensemble des Français, à 40% de bonnes opinions, contre 53% d’avis critiques.    

Notons également que si les sympathisants de Droite expriment une large préférence en faveur de Nicolas Sarkozy pour les représenter en 2017, son quinquennat ne suscite pas non plus une nostalgie massive et son retour dans la vie politique n’apparait pas comme éminemment souhaitable dans l’ensemble de la société française. En effet, selon un sondage CSA réalisé pour BFM TV, seuls 43% des Français déclarent regretter Nicolas Sarkozy comme Président de la République, dont 19% beaucoup. Cette proportion apparaît même en baisse par rapport à octobre 2012 (-4 points) et stable par rapport à mars dernier. Certes, cette proportion monte à 87% parmi les sympathisants de Droite, 53% indiquant le regretter beaucoup et 34% un peu, mais la cote d’avenir de Nicolas Sarkozy mesurée par l’institut TNS ne s’établit toujours qu’à 35% en ce mois d’octobre (en baisse de 1 point) et se révèle très proche de celles de François Fillon ou Alain Juppé ainsi que de celle de Marine Le Pen (33% tous les trois). Même à Droite, bien que devançant là encore largement les autres personnalités du parti, l’ancien Président a plutôt tendance à perdre des points (62%, -4 points). Si on ne peut parler d’attractivité « par défaut », Nicolas Sarkozy ne peut pas (encore ?) se draper dans les habits du héros salvateur, ses « défauts» supposés étant encore présents à l’esprit des Français. Enfin, relevons que le bilan du quinquennat Sarkozy n’a pas suscité un profond engouement dans les rangs de l’UMP. Boudé par les principaux membres du parti et principaux détracteurs de l’ancien Président, soucieux de ne pas hypothéquer l’avenir ou de ne pas positionner l’ancien Président comme seule référence, il a certes permis une lecture principalement positive de l’œuvre de Nicolas Sarkozy mais n’a pas permis de le replacer complètement au centre du jeu.

Si le retour actif de Nicolas Sarkozy dans la vie politique française apparait plausible et attendu, le chemin n’apparait guère tout tracé. Rappelons qu’un an avant l’élection présidentielle de 1981, Valéry Giscard d’Estaing était donné vainqueur avec 57% des voix face à Michel Rocard et 61% face à François Mitterrand. Un peu plus d’un Français sur deux lui accordait alors sa confiance. Or, le 10 mai 1981, il perdait le second tour de l’élection présidentielle et indiquait plus tard dans son livre  Le Pouvoir et la Vie : « Pourquoi ai-je échoué ? En raison du chômage ? D'une lassitude des Français ? J'étais crédité de 60 % de bonnes opinions et puis tout à coup une tornade s'est levée. C'est un phénomène étrange ».  Nicolas Sarkozy a donc encore un long et difficile chemin à parcourir pour espérer être candidat et vainqueur de la prochaine élection présidentielle : si son retour passe évidemment par des stratégies confortant sa place à l’UMP, il devra aussi polir son image auprès d’une population française qui attend certes, un Président capable de sortir le pays du marasme économique, mais également une personnalité empathique et honnête.

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