Microcosme parisien : pourquoi la presse soutient-elle autant Anne Hidalgo ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le traitement de faveur médiatique dont bénéficie la mairie socialiste de Paris a quelque chose d’extravagant."
"Le traitement de faveur médiatique dont bénéficie la mairie socialiste de Paris a quelque chose d’extravagant."
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Près d'un mois après les révélations sur les 10 années passées par Anne Hidalgo à l’Inspection du travail, qui lui ont valu le droit de prendre une retraite mal méritée à l’âge de 51 ans, le scandale qui frappe Yamina Benguigui devrait faire les gros titres des journaux. Mais mis à part dans Marianne, qu’il faut saluer, rien. Un vide médiatique sidéral et sidérant.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - La politique du paire

L’épisode de la circulation alternée en Île-de-France fut le bien bel enfant de la démagogie politicienne et de l’impéritie bureaucratique.

Alors que la pollution aux particules fines est en réalité vingt fois moindre aujourd’hui qu’il y a 40 ans et que les alertes résultent pour beaucoup de l’abaissement administratif des seuils de déclenchement, il a fallu donner des gages aux Verts avant les municipales.

Comme on n’arrête pas le progrès, on innova planétairement en étendant l’interdiction de circulation aux deux roues motorisées qui avaient le malheur d’arborer une immatriculation paire. Las ! Les conditions climatiques avait changé dans la nuit où la circulation alternée prenait effet : elle ne servait strictement plus à rien mais la logique communicationnelle et l’élan administratif étaient plus forts que tout. Il y eut donc 4 000 PV inutiles et une perte sèche de plusieurs millions d'euros de recettes pour le syndicat des transports d’Île-de-France.

Paris fut littéralement envahi par des escouades de gardiens de la paix verbalisant tant et plus. Un ami du dixième arrondissement me signala qu’il fut aisé de trouver 750 fonctionnaires pour contrôler les plaques mais qu’il est impossible d’en dégoter 10 pour assurer la sécurité autour des gares du Nord et de l’Est. Il n'a rien compris : que reprocher à un Etat policier s’il agit pour une bonne et verte cause ?

 2 - Être socialiste à Paris : l’assurance contre le scandale médiatique

Restons dans notre capitale où, soit dit en passant, les journalistes furent exemptés du respect de la circulation alternée imposée à la quasi totalité des autres citoyens. Cette sollicitude est partagée car, on a beau être habitué au parti pris médiatique, le traitement de faveur dont bénéficie la mairie socialiste de Paris a quelque chose d’extravagant.

Près d’un mois après nos révélations sur les 10 années ectoplasmiques passées par Anne Hidalgo à l’Inspection du travail, qui lui ont valu le droit de prendre une retraite mal méritée à l’âge de 51 ans, le scandale qui frappe Yamina Benguigui devrait faire les gros titres des journaux.

Mis à part Marianne, qu’il faut saluer, rien ... un vide sidéral et sidérant.

Ainsi, Rémi Féraud, premier secrétaire de la fédération de Paris du PS, maire du 10ème arrondissement et directeur de la campagne d’Hidalgo ira-t-il dimanche prochain au devant des électeurs avec en quatrième de liste une candidate, par ailleurs membre du gouvernement, dont les explications alambiquées sur les 430 000 euros omis de sa déclaration de patrimoine et se baladant en Belgique sont tout sauf convaincantes. Mais cela ne choque personne, le silence médiatique est assourdissant. On attendra après le scrutin pour poser, peut-être, les questions qui fâchent. Il sera évidemment trop tard et, si les socialistes conservent cette mairie d'arrondissement, il leur suffira alors de faire « monter » le suivant de liste en lieu et place de Benguigui plutôt que d'avoir à rendre des comptes immédiats aux électeurs en retirant leur candidature collective.

A ce compte là, le PS aurait pu proposer une mairie d’arrondissement à Cahuzac, il ne risquait pas grand chose.

La dépendance de la presse vis-à-vis de l’Etat explique, cela a été souvent décrit, une bienveillance générale à l’égard du pouvoir, en particulier quand il est de « gauche ». Le livre de Benjamin Dormann : « Ils ont acheté la presse », victime d’omerta médiatique naturellement, est à recommander pour comprendre ces mécanismes. Il y a comme un terreau socio-économique qui fait que cette profession, souvent précarisée, a un besoin vital de l’aide de l’Etat et de ses pseudopodes pour survivre.

Cela étant, et bien qu’elle pourrait être nettement plus sévère avec lui au regard de ses piètres résultats, Hollande est parfois égratigné. En revanche, Delanoë, Hidalgo et la mairie de Paris ne sont pratiquement jamais remis en cause.

Mutatis mutandis, il serait intéressant d’enquêter sur les conditions de vie des journalistes travaillant à Paris. La mairie a su créer, largement grâce à l'argent des entreprises et à la hausse des prix de l'immobilier qui a dopé un temps les droits de mutation, un micro-climat arrosant un clientélisme systématique. L'octroi de HLM à un prix inférieur de 50 à 60 % à celui du marché, condition vitale pour pouvoir se maintenir intra muros, est un moyen très efficace pour se rendre sympathique. Ajoutez à cela les différentes allocations municipales, Vélib’ et l'usage quasiment gratuit de nombreux équipements publics et vous pouvez résider agréablement tout en étant payé au lance-pierre. La vie est belle dans cet environnement protégé.

Dans ces conditions, on comprend pourquoi la conservation de la mairie de Paris par la gauche est devenue plus importante pour la médiacratie que celle d’un Etat en voie de faillite qui ne peut plus se montrer généreux avec grand monde aujourd’hui.

3 - Dernières nouvelles de l’arbitrarocratie

Numéricable déplaît ? Et toc ! Montebourg le menace d’un contrôle fiscal. Miguet s’en prend à Hidalgo (tiens, tiens, encore elle ...) et chtac ! Il écope d’une amende de l’Autorité des marchés financiers. Quant au pauvre Van Hemelryck, inventeur de la banderole Hollande démission, il va bientôt être titulaire du record de France des arrestations arbitraires.

Mais tout cela est le fait du hasard, nécessairement.

A lire de l'auteur de cet article :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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