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Louis CK, Kevin Spacey : mon moment Edwy Plenel
©Reuters

Chacun cherche son porc

Le problème avec le grand nettoyage des porcheries, c’est lorsqu’on tombe sur un verrat qu’on prenait pour un aigle.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Contre toute attente, je terminerais presque cette semaine avec un chouïa d’empathie pour les Pascal Boniface et autres Edwy Plenel, dont l’idole a été déboulonnée les précédentes avec le fracas que l’on sait. Car moi aussi, je dois faire face à un sacré dilemme : me faut-il mettre à la poubelle Kevin Spacey, que j’aimais bien, et Louis CK, que j’admirais carrément ?

Les deux histrions, dont nous apprenons avec stupéfaction qu’ils étaient eux aussi de fameux cochons obsessionnels, tripotant des jeunes garçons dans un cas, se tripotant lui-même devant des jeunes femmes dans l’autre, peuvent-ils encore être appréciés pour leur seul talent ?

C’est un vieux débat bien sûr. Et je l’avais déjà plus ou moins tranché comme tant d’autres amateurs de révolution littéraire en conservant le Voyage au bout de la nuit dans ma bibliothèque tout en méprisant le voyage à Sigmaringen. Mais voilà : lorsque j’ai découvert Céline, il avait déjà été boulotté par les vers depuis un bail et tenait plus du personnage historique que du militant contemporain du califat. On pouvait prendre de la distance.

Notez que j’avais déjà eu un moment du même genre avec l’affaire DSK, mais ça avait été plus facile à gérer. J’avais du respect pour la vision politique du bonhomme, je l’aurais bien vu emménager à l’Élysée, mais je n’ai pas eu trop de mal à me trouver des sociaux-libéraux de rechange en apprenant qu’il prenait ses aises avec des nanas non consentantes dans des hôtels de luxe. C’était juste un bon manager potentiel, pas un type dont on se serait bien vu être le pote.

Bon, Spacey, c’est aussi juste un acteur après tout, et un acteur peut être un fieffé connard tout en jouant dans de bons films. Je peux bien le glisser dans le conteneur non-recyclable comme le premier client du Carlton de Lille venu. Mais Louis CK, c’est différent. C’est un type qui fait du stand-up à portée philosophique, un gars auquel on peut s’identifier quand on est chauve, père, divorcé, quinqua, et, censément doté d’un sens de l’humour dont on se sert professionnellement. Ça touche davantage.

D’ailleurs, si vous ne le connaissez pas ou pas bien, je ne peux même plus vous recommander d’aller jeter un œil sur ses séries semi-autobiographiques Louie ou Horace and Pete pour vous rendre compte par vous même de la qualité et de la finesse du boulot parce que, précisément, c’est là qu’est le fond du problème. Est-ce que tout ça n’était pas un peu bidon finalement ?

Je vais y réfléchir encore un peu je pense. C’est plus compliqué pour moi que pour Plenel et que Boniface, parce que Louis CK ironisait plus volontiers sur la masturbation et le sens de la vie qu’il ne faisait l’éloge de l’excision et des piliers surnuméraires de l’islam, mais je trouverais bien une solution. Je regarderai Tig Notaro, par exemple.

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