Les marchés bousculés par la déflation qui s'approche ; la France et l'Allemagne condamnées à s'entendre<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre de l'Economie Gabriel Sigmar et Emmanuel Macron.
Le ministre de l'Economie Gabriel Sigmar et Emmanuel Macron.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Les marchés ont perdu confiance cette semaine après plusieurs mois de hausse. La panique était dans l’air et le pessimisme a envahi toutes les salles de marchés. Tout le monde a compris que la déflation était au coin de la rue, au moment où le prix des actions était considéré comme surévalué. Le CAC 40 a baissé de 0,9% en une semaine, ce qui porte le recul depuis le début de l’année à - 6,1%. 

La chute n’a pu être enrayée que par la perspective d’un recul de la remontée des taux aux Etats-Unis. La Fed pourrait ainsi retarder un peu la fin de ses achats d’actif et probablement la remontée de ses taux.

C’est une combinaison de facteurs qui explique le recul des marchés 

La croissance mondiale est inférieure à ce qui était prévu, sauf aux Etats-Unis. Le FMI a revu en baisse ses prévisions à 3,3% contre 3,7% précédemment. Le scénario d’une vigoureuse reprise aux Etats-Unis entraînant un rebond européen ne se produira donc pas.

La croissance en Europe est en berne. La production industrielle dans la zone euro a baissé de 1% en douze mois. L’indicateur allemand ZEW se retrouve au plus bas depuis 2012.  Plusieurs sociétés viennent de faire des commentaires mitigés sur leurs perspectives de revenus et de résultats. C’est notamment le cas de SAP, Philips NV, Metro AG…

Les craintes de déflation sont les plus fortes en Europe, car le rythme d’inflation ressort à 0,3% pour la zone euro, soit très en dessous de la cible de la BCE. Quelle que soit la création monétaire, tout le monde craint la déflation alors qu’avant la crise on redoutait l’inflation. La BCE ne pourra pas à elle seule réanimer l’économie européenne car tous les moteurs de la croissance sont éteints. Rappelons que dans une zone économique, si les taux de change sont fixes et les taux d’intérêts manipulés par les banques centrales, les seules variables d’ajustement disponibles ce sont le prix des actifs et le niveau de l’emploi. Pour le moment, Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank, reste opposé à des opérations de QE. Mario Draghi, le président de la BCE, hérisse l’opinion publique allemande, car les épargnants lui reprochent avec ses taux zéro de laminer leur épargne et de faire baisser l’euro.

L’économie chinoise ralentit. Pour le moment, le rythme de croissance est encore élevé à 7,3% en rythme annuel. Plusieurs économistes prévoient que le ralentissement va se poursuivre au cours de la décennie qui vient jusqu’au niveau de 3,9%...

La guerre des changes est toujours très présente. L’euro offre un petit peu de répit aux entreprises européennes. La baisse du yen permet aux sociétés japonaises de regagner des parts de marché sur les entreprises allemandes. La poursuite de la remontée du dollar pourrait ralentir la croissance des Etats-Unis et faire baisser les profits des entreprises exportatrices.

La volatilité a plus que doublé depuis juillet, traduisant le niveau d’inquiétude des investisseurs.

La situation géopolitique au Moyen-Orient, en Turquie en Ukraine ne contribue bien évidemment pas du tout à la sérénité des esprits…

Les matières premières baissent, en particulier le pétrole. C’est une nouvelle a double tranchant puisque elle est favorable aux entreprises et aux ménages, mais déstabilise les pays émergents producteurs de pétrole. Les matières premières agricoles ont reculé de 15% en moyenne sur les 6 derniers mois. Cette évolution devrait être favorable à de nombreuses entreprises et reconstituer une partie de leurs marges bénéficiaires.

Sur les marchés obligataires, les investisseurs ont privilégié les placements sûrs en achetant des obligations américaines et allemandes. En revanche, les pays de l’Europe du Sud ont souffert d’un revirement spectaculaire. En Grèce, le rendement des obligations grecques est passé de 5,5% à mi septembre à 8,8%. Ce mouvement s’est aussi produit avec les dettes italiennes (de 2,3% à 2,6%) et Portugaise (de 2,96% à 3,46%) ainsi qu’en Espagne et en France.

La France et l’Allemagne sont condamnées à s’entendre

En France, pour la première fois dans son histoire le budget français va être refusé par une institution étrangère. Il faut dire que le projet de budget de Michel Sapin est bâti sur des hypothèses fantaisistes et que le déficit budgétaire s’accroit en valeur absolue au lieu de diminuer, contrairement à ce qu’il explique en permanence. La France a donc perdu la maîtrise de sa destinée. Ce qui est encore beaucoup plus grave que les déficits, c’est que toute la réglementation mise en place jour après jour par le gouvernement interdit la croissance. François Hollande et son gouvernement n’ont toujours pas compris que les réformes structurelles de la fiscalité, du marché du travail, et de l’Etat providence sont absolument indispensables pour sortir de la crise.

L’Allemagne a revu en baisse ses prévisions de croissance à 1,3% en 2014.

Elle est condamnée à s’entendre avec la France. La dégradation de l’économie oblige les deux pays à accoucher d’un New Deal.

Au Japon, le marché est au plus bas depuis 4 mois et demi. Shinzo Abe, le Premier ministre, pourrait décider d’un report de la hausse de la TVA si l’environnement économique ne s’y prête pas. Le Brésil et la Russie ont basculé dans la récession.

Il faudrait donc garder un portefeuille équilibré du type 60% actions, 40% obligations en couvrant son exposition action par des obligations de pays qui ne feront pas faillite comme les Etats-Unis et la Chine.

Les valeurs domestiques américaines sont encore les plus intéressantes

Aux Etats-Unis, l’économie américaine progressera de 2,2% sur l’ensemble de l’année.

On peut estimer aujourd’hui que les bénéfices qui seront réalisés cette année par les 500 entreprises de l’indice S&P 500 représenteront 120$. Le niveau d’équilibre de l’indice devrait se situer autour de 1715 soit environ 10% en dessous des cours actuels.

Les valeurs domestiques sont les plus attractives dans la mesure où elles sont moins pénalisées par la remontée du dollar que les sociétés réalisant la plus grande partie de leur chiffre d’affaire à l’étranger. Parmi ces sociétés on peut retenir : Delta Airlines, General Motors, Halliburton, Cummins, Amazon, Netflix, MetLife, EMC Corp, Archer Daniels Midland, Jabil Cicuit.

Le secteur de la construction et des travaux publics profiterait d’un "New Deal" européen

Le  BTP français a perdu de sa superbe depuis dix ans, concurrencé à l’étranger par l’Allemagne et la Chine. On peut penser que le compromis entre l’Allemagne et la France comprendra un plan de relance du bâtiment en France et des infrastructures en Europe.

Les sociétés qui pourraient en profiter sont en France : Bouygues, Vinci, Eiffage ; en Italie : Astaldi spa, Vianini Lavori (routes, voies ferrées, tunnels, ports), Salini Impreglio ; en Espagne : FCC (Bill Gates, le patron de Microsoft en détient 6%), Tecnicas Reunidas.

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