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La reprise mondiale qui se profilait reste largement sous la menace des risques géopolitiques.
La reprise mondiale qui se profilait reste largement sous la menace des risques géopolitiques.
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Les rendements des obligations d’Etat remontent aux Etats-Unis et en Europe. Le rendement de l'obligation du Trésor américain à dix ans se retrouve au dessus de 3% pour la première fois depuis juillet 2011, celui du "Bund", l'obligation d'Etat allemande de même maturité, est proche de 2% au plus haut depuis 20 mois. Cette inévitable remontée des taux se produit pour le moment dans l’ordre. L’hypothèse d’un krach obligataire n’est pas à l’ordre du jour.

La reprise mondiale qui se profilait reste largement sous la menace des risques géopolitiques, puisque la situation économique de plusieurs pays arabo-musulmans est proche du chaos : tragédie syrienne, chaos en Egypte, en Irak…

Le concept de grande rotation qui devait entrainer des arbitrages entre la vente d’obligations et l’achat d’actions semble même être remis en cause explique Michael Hartnett, le stratégiste de BOA Merrill Lynch à New York.

L’Amérique croit aux valeurs européennes

En Europe, les investisseurs américains ont été depuis le début de l’année de gros acheteurs d’actions européennes. Selon Christian Mueller-Glissmann de Goldman Sachs, le montant s’élève à 65 Md$. Il estime que ce flux d’achat devrait se poursuivre.

L’Euro est au plus bas face au dollar depuis sept semaines. Les cambistes ont été surpris par les commentaires prudents de Mario Draghi, président de la BCE, qui ne partage pas du tout l’enthousiasme suscité par la croissance de 0,3% du PIB de la zone euro au deuxième trimestre.

En Allemagne, plusieurs économistes français s’évertuent à décrire en boucle  « Les failles du super modèle allemand ». L’économie allemande serait menacée par le vieillissement de sa population et la baisse de ses exportations ! Ce qui reste vrai, néanmoins, c’est que l’indice IFO baisse maintenant depuis 6 mois, tout comme la production manufacturière.

En France, L’indicateur du climat des affaires en août a progressé dans tous les secteurs. Pourtant le bilan de la récession est violent et le matraquage fiscal excessif. La Cour des Comptes continue de critiquer la politique économique du gouvernement rapports après rapports…

Parmi les nombreux mauvais signes de la semaine :

Michel Sapin, ministre du Travail, est très actif pour arriver à montrer que « La courbe du chômage va s’inverser à la fin de l’année… » conformément à ce qu’a prédit le président de la République. Avec des astuces statistiques, il y parviendra, mais cette « inversion » de la courbe du chômage n’aura rien à voir avec une reprise de l’économie française. Il suffira dans la catégorie d’Emploi En Fin de Mois (DEFM) de faire passer les chômeurs de la catégorie A, la seule qui est médiatisée, vers une des quatre autres catégories. C’est ce que l’on appelle pudiquement « le traitement social du chômage ». Avec environ 600 000 contrats aidés en 2013, on ajoutera  à ce chiffre les 100 000 « emplois d’avenir », les 70 000 « contrats de génération » et les 30 000 « chômeurs en formation », donc pas pris en compte dans le chiffre DEFM catégorie A. Pour être complet, il faut y ajouter les 5000 « emplois francs » annoncés très sérieusement par François Hollande le 6 août dernier lors d’une visite dans le Gers ! Le dispositif consiste en une aide de 5000 euros versée à toute entreprise « qui embauche en CDI un jeune de moins de 30 ans résidant dans une Zone Urbaine sensible (ZUS) ». Ce n’est pas en augmentant en permanence les recrutements dans la fonction publique par des contrats aidés que l’on peut espérer redonner un jour de l’espoir aux jeunes qui recherchent un emploi…

Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales,a eu l’audace de déclarer publiquement qu’en matière de retraite,  « Nous avons sauvé notre modèle » ! On se demande pourquoi un ministre de la République peut faire des déclarations définitives qui sont autant en contradiction avec la réalité. Pour le moment, comme elle n’a pas traité du tout le problème de la retraite des fonctionnaires autrement qu’en expliquant que ce sont des pensions à la charge du budget de l’Etat, elle devrait mettre sous tutelle les caisses de pension des professions libérales. C’est l’exécutif qui devrait désormais nommer le  directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales (CNAVPL). Le siphonnage des 21 Md€ de réserves qui ont été constituées par les professions libérales va donc pouvoir avoir lieu…Il faut se rappeler qu’en octobre 2011, la présidence du régime général Caisse Nationale d’assurance Vieillesse (CNAV) avait été offerte par le gouvernement précédent au syndicat FO, champion des grèves à répétition et de la lutte pour le maintien des régimes spéciaux. On ne peut donc s’étonner que les caisses de retraite du secteur privé fassent l’objet de tous les pillages pour financer les retraites privilégiées, baptisés régimes spéciaux, des agents publics notamment de la SNCF, la RATP, la Poste, EDF etc…

Cécile Duflot, ministre de l'Égalité des territoires et du Logement, poursuit sa guerre contre les propriétaires qui ont investi dans l’immobilier. Une fois de plus, il s’agit d’un projet idéologique déconnecté de la réalité. Parmi les mesures proposées, la « Garantie Universelle des Loyers » par l’Etat est une véritable bombe dont personne n’est en mesure de prévoir l’impact sur les finances publiques. Si le tir n’est pas rectifié, les investisseurs privés finiront par déserter le marché.

Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, qui avait d’une façon très perspicace identifié un « ras le bol fiscal » des français, s’est laissé démentir par Bernard Cazeneuve, ministre délégué chargé du Budget, qui estime qu’il s’agit « d’une opération d’intoxication de la droite…. » De nombreux parlementaires socialistes également très à l’écoute de la base font état de « l’extrême sensibilité de leurs concitoyens à l’impôt » !

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur qui avait fait des commentaires lucides sur l’autorité, l’immigration, le regroupement familial et l’Islam a très vite déclaré pendant la dernière Université du Parti Socialiste à La Rochelle : « le Ministre de l’Intérieur, il est de gauche, il est socialiste et il est fier de l’être… »

Parmi les bons signes qu'on arrive à trouver :

Le contour d’un nouveau PEA pour investir dans les PME a été dévoilé. Cette nouvelle enveloppe fiscale de 75000 € qui sera lancée l’an prochain pourra détenir des titres de sociétés non côtées et souscrire des sicav si elles détiennent au moins 75% de PME ou d’ETI.

Une réflexion sur la baisse du coût du travail serait prochainement engagée. Le coût horaire de la main d’œuvre était en 2012 selon Eurostat de 35,3€ en France contre 32€ en Allemagne et 28,6€ pour la moyenne de la zone Euro. Cette initiative fait partie des nombreuses annonces programmées par les spécialistes en communication pour essayer de calmer la grogne des entrepreneurs contre l’augmentation permanente de leurs charges…

Ces signes sont encore un peu insuffisants pour qualifier François Hollande, comme le fait Libération, de « président des patrons », alors que Nicolas Sarkozy selon le même quotidien était « le président des Riches »...

La Grande Bretagne, qui a été le laboratoire de mesures courageuses alliant diminution des dépenses publiques et réformes structurelles sans augmentation significative de la fiscalité, est en train de réussir. La croissance du deuxième trimestre ressort à 1,5%. C’est beaucoup mieux que les 0,3% sur lesquels on se pavane en France, pays où l’on préfère le matraquage fiscal aux réformes courageuses…

Les grandes valeurs américaines sont vulnérables

Les Etats Unis ont retrouvé un rythme de croissance autour de 2,5% et ont réduit le niveau de chômage à 7,5%. Même si un changement de méthode comptable a permis de regonfler le PIB américain.

Les grandes capitalisations du marché américain sont vulnérables, explique Chen Zhao, le Managing Editor de BCA au Canada. A 14 fois les résultats escomptés pour les douze prochains mois, les cours prennent en compte trop de bonnes nouvelles. Entre le moment où la Federal Reserve va cesser ou acheter moins de papier dans les marchés, le plafond de la dette qui devra encore être renégocié, la nomination du successeur de Ben Bernanke dont le mandat expire en janvier 2014, les sujets d’incertitudes ne manquent pas.  

En Asie, ce n’est pas tout à fait comme en 1997, mais cela y ressemble, nous dit Ajay Singh Kapur de BOA Merrill Lynch à Hong Kong. La crise asiatique de 1997 avait commencé en Thaïlande avec la chute du Baht (juillet) suivi par la Malaisie, les Philippines, l'Indonésie et la Corée. La forte baisse de Hong Kong avait entrainé toutes les bourses mondiales dans sa chute. La classe moyenne avait été laminée et la plupart des dirigeants éliminés (Suharto en Indonésie, Anwar Ibrahim en Malaisie …)

En Chine (+2,4% à 4% selon les indices) et à Hong Kong (+3%), le marché a remonté grâce à des chiffres plutôt satisfaisants sur la croissance et surtout avec l’annonce de réformes qui ont plu aux investisseurs. L’Inde (+8,5% pour les financières) et le Japon (+3,8%) a connu lui aussi une bonne semaine. En revanche l’Indonésie (-4,4%) et les Philippines (-2%) ont poursuivi cette semaine leur baisse.

Au Japon, la banque du Japon a annoncé qu’elle allait poursuivre sa politique monétaire très accommodante jusqu’à ce que le rythme d’inflation de 2% soit atteint. L’économie japonaise est en passe d’échapper à la déflation avec une activité en hausse de 2,6% mais toujours avec une dette de l’Etat extrêmement importante représentant 245% du PIB et un déficit commercial qui a doublé en un an.

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