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©LUDOVIC MARIN / AFP

Voeux flippés

2021, et même 2022, 2023, 2024 voire 2025 ne seront probablement pas de meilleurs millésimes que cette horrible année 2020. Mais puisque le pire n’est jamais sûr, conservons un tout petit espoir à tout hasard.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je suis un Européen convaincu, un fédéraliste, mais j’en viens presque à envier les Britanniques qui vont devoir se réinventer à marche forcée. J’insiste sur le « presque » parce que, pour nos voisins du dessus, ça va certainement être pire avant d’être mieux mais aussi parce que la France de maintenant, livrée à elle même et sans les serre-boulons de l’Union, ne serait plus qu’un bateau ivre attendant de couler par défaut de maintenance.

C’est justement ça le problème, et ça me torture vraiment de le constater, mais la France de maintenant n’est pas un pays très intéressant. Elle ne produit pas de grands artistes, elle ne produit pas de grands écrivains, elle ne produit pas de grandes idées qui décoiffent, elle ne produit pas non plus de machines outils ou d’ordinateurs...

On a l’impression qu’elle ne produit plus rien du tout en fait, à part des querelles d’analphabètes sur Facebook et de la violence nihiliste dans les rues. 

L’histoire des vaccins, même si on n’en a toujours pas compris les ressorts exacts —et de toute manière, c’est sans doute juste un mix de toutes nos maladies chroniques—, c’est un peu le dernier clou dans le cercueil à défaut d’être le signal qu’il faudrait enfin donner un coup de pied au fond de la piscine pour remonter à la surface.

Car franchement, et puisqu’on voit bien que le macronisme, soit l’idée que nous pouvions encore nous rêver en pays moderne, apaisé et prospère a fait long feu, et que les alternatives sont toutes plus flippantes les unes que les autres, on peine à discerner d’où viendrait le sursaut. Des écologistes ? Evidemment pas. Qui peut croire qu’un retour à l’agriculture vivrière, ce qui est tout de même un bon résumé à peine caricatural de leur projet ultime, serait la recette du bonheur ?

De la gauche radicale ? De la droite extrême ? Pas davantage. Un Venezuela-bis, mâtiné de wokisme et d’indigénisme, autant qu’une Hongrie zemmouro-lepéniste géante, viderait les garde-manger et exciterait les haines et stimulerait les divisions encore plus sûrement que même les plus fanatiques des adorateurs de Gaïa. 

Alors, des vieux « partis de gouvernement », du fameux « cercle de la raison » ? Arf… L’idée que le retour d’un Hollande ou d’un Sarkozy aux manettes puisse nous sauver de la perdition ferait rigoler jusqu’au pilier de bistrot le plus dénué de sens de l’humour. 

La France de maintenant n’est plus qu’un archipel de factions incompatibles se disputant le contrôle d’un appareil d’État boursouflé, sclérosé, peureux et sans ambition. Une Marianne maniaco-dépressive sur-endettée, vaguement suicidaire, anti-progrès, irrationnelle, entérinant les indicateurs de son déclin les uns après les autres — de l’école à la santé, de l’industrie à la recherche, du sport à la culture...

Mais peut-être, et l’on a vu des choses plus étranges, des redressements fantastiques, des retournements de situation quand tout semblait perdu, que les germes du changement sont déjà en train de se déployer, invisibles sous le permafrost. Peut-être qu’un pays aussi singulier, qui n’a cessé, mille ans durant, d’alterner entre phases de turbulence et de médiocrité et périodes de grandeur authentique, n’a pas encore dit son dernier mot. 

Peut-être que tout n’est pas complètement fichu et que le pire, comme on dit, n’est jamais sûr.

Perhaps, perhaps, perhaps… C’est en tout cas le vœu que je formule, non pas pour l’année qui débute, je suis trop réaliste pour ça, mais au moins pour les décennies qui viennent et même si je ne serai probablement plus là pour le voir. 

J’ai des gosses après tout. Et ils auront un jour les leurs. Du fond du trou, bonne chance à nous !

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