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La finance à l’heure de la COP21 : le mouvement des investissements responsables est enclenché (et encore insuffisant)
©Reuters

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Environnement, qui était depuis plusieurs années une tendance « sociétale », pourrait devenir un réel enjeu « financier ».

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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L’environnement financier évolue en ce moment : les marchés prennent conscience qu’ils ne doivent pas rester à l’écart d’une tendance porteuse pour les investisseurs.

Mardi : Allianz a annoncé qu’elle ne financerait plus de business à base de charbon…Ce lundi Euronext lance le premier indice compatible avec une trajectoire de réchauffement de la planète de 2°C, enfinBill Gates, l’ancien PDG de Microsoft, parmi les hommes les plus riches du monde appelle depuis des années à agir pour le climat et martèle désormais l’urgence d’une action massive.

Ce qui était depuis plusieurs années une tendance « sociétale » pourrait devenir un réel enjeu « financier ».

Il semble que le meilleur moyen d’assurer le succès des politiques de développement « propre » et au sens large « responsable » sera que l’allocation du capital soit orienté vers ces solutions permettant un développement durable.

On peut toujours espérer que des décisions « gouvernementales » provoquent des changements majeurs. Cela peut fonctionner et faire évoluer les choses. Des chocs importants ont déjà eu lieu : par exemple, il y a une vingtaine d’années l’interdiction de l’amiante avait produit un véritable choc sur toute la chaîne de valeur liée au bâtiment. Les ambitions sont maintenant beaucoup plus grandes et le raisonnement est à l’échelle mondiale. Si l’on reprend l’exemple du charbon : il faudra trouver une ou des alternatives depuis l’extraction jusqu’aux centrales thermiques parfois dans des pays qui n’ont aujourd’hui pas d’autre solution pour produire de l’énergie. Il y aura donc un besoin énorme de capitaux et des investissements sur très longue période.

On estime ainsi que pour stabiliser le climat tel qu’envisagé par la COP21 nécessitera 9 Trillions de dollars d’investissements d’ici 2035. Les différents gouvernements de la planète n’ont pas de telles ressources disponibles compte tenu de leurs finances actuelles. Le relai du privé sera indispensable. La question pour les entreprises est d’ores et déjà de réfléchir à la manière de rentabiliser les dispositifs nécessaires sur une durée pas trop longue.

Nous pensons que la période actuelle est charnière. Certains projets ont démontré leur capacité à générer de la rentabilité au moins sur une échelle locale ou au moins à démontrer leur pertinence sur le plan expérimental.

De grandes institutions financières s’organisent : Goldman Sachs a acheté récemment Imprint Capital, une société spécialisée dans l’analyse extra-financière. Black Rock premier Gérant d’Actif au monde procède à des recrutements majeurs dans sa division « investissement responsable » , Bain Capital, société de « capital risque », lève des fonds pour investir dans tous ces domaines.

Pour le moment les sommes gérées sont loin d’être à la hauteur des enjeux mais le mouvement est enclenché.

Ce qui est clé dans cette tendance c’est son aspect réellement mondial : des initiatives de toutes sortes sont mises en œuvre aussi bien en Inde en Afrique ou en Europe. Le mouvement devrait s’accélérer désormais.

Même aux Etats-Unis, où les aspects business passent souvent avant toute autre considération, des mesures règlementaires ont été annoncées favorisant les investissements « durables et responsables » très en amont via le PrivateEquity, c’est-à-dire très en amont dès la création d’entreprise. Cette décision pourrait être un véritable accélérateur. Sur les 15 dernières années l’allocation en capital vers des entreprises innovantes a fait émerger des pans entiers de business qui ont changé notre mode de vie, de la techno à la biotech les choses ont été bouleversées. La même chose est envisageable pour le développement « responsable ».

De plus, les calculs sont désormais plus précis : investir dans des entreprises « responsables » permet, outre la satisfaction d’investir utile, de gagner de l’argent.

Attention cependant : sur certains investissements comme les énergies renouvelables, beaucoup d’innovations sont encore expérimentales et les investissements se font très en amont avec un risque financier maximum. En Espagne la faillite annoncée de la société Abengoa, société spécialisée dans l’énergie solaire, démontre qu’il faut être sélectif.

Nous sommes convaincus que les critères autres que financiers vont devenir des éléments majeurs de sélection pour gérer l’épargne…ces investissements auront aussi le mérite de contribuer à atteindre, peut-être plus rapidement que beaucoup le pense, les objectifs affichés à l’ouverture de la COP21 !

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