La fin de Silk Road, premier site de e-trafic de drogues<!-- --> | Atlantico.fr
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Le fondateur du site Silk Road Ross Ulbricht est un diplômé en physique d'une université du Texas de 29 ans.
Le fondateur du site Silk Road Ross Ulbricht est un diplômé en physique d'une université du Texas de 29 ans.
©Reuters

La minute tech

La justice américaine a annoncé mercredi 2 octobre avoir fermé le site Internet Silk Road où les consommateurs pouvaient acheter des stupéfiants en monnaie virtuelle.

L'histoire du e-trafic de drogues en ligne continue de s'écrire, avec cette semaine l'arrestation aux Etats-Unis par le FBI du présumé gestionnaire du site Silk Road, surnommé "L'Amazon des drogues", où chacun pouvait commander héroïne, molécules interdites ou champignons hallucinogènes par la poste, avec un service-client réputé excellent.

Le Guardian, en particulier, consacre des dossiers spéciaux à tous les angles et toutes les implications de l'affaire, qui illustre le choc frontal entre un monde de e-drogues supposé plus propre et civilisé que les gangs du monde réel et des polices qui commencent lentement, comme le FBI et la DEA, à étendre leur autorité sur ce nouveau type de consommation. 

A quoi ressemble un consommateur de e-drug de nos jours ? A tout le monde.

Le fondateur du site Silk Road Ross Ulbricht est un diplômé en physique d'une université du Texas de 29 ans, avec des velléités humanitaires et libertaires. Sous le pseudo "Dread Pirate Roberts", allusion au film Princess Bride, il a révolutionné le marché de la drogue grâce à une clientèle urbaine connectée, sachant manier les logiciels d'anonymisations, possédant de l'argent virtuel intraçable (les Bitcoins) et ne souhaitant pas fréquenter de près le monde des dealers.

Le site Silk Road, s'il vendait de la drogue, stipulait dans ses "conditions d'utilisation" qu'il était interdit d'échanger toute chose pouvant blesser ou voler, comme des cartes de crédits volées ou des armes de destruction massive. Son animateur en chef aurait accumulé 80 millions de dollars en commissions et avait un profil sur LinkedIn où il se disait "entrepreneur" et "banquier d'investissement". Cela ne l'a pas empêché de commettre d'énormes faux pas qui ont fini par conduire à son arrestation.

C'est un colis livré à son domicile qui aurait permis au FBI de le retrouver et de l'arrêter à San Francisco, mais il a beaucoup facilité la tâche aux enquêteurs en oubliant la prudence élémentaire en ligne. Ulbricht avait un compte sur Linkedin. Il a utilisé de faux papiers mais avec une vraie photo de lui pour acheter des serveurs pour son "entreprise". Il posait des questions sur un forum de développeurs sous son vrai nom et avec son adresse gmail attachée. Il n'a pas hésité non plus à demander à la cantonade sur Google+ si quelqu'un avait un contact chez DHL ou Federal Express. Et enfin, selon la déposition du FBI, il aurait été en contact avec un tueur à gage (également un agent du FBI), toujours en ligne, pour éliminer physiquement un ancien employé qui menaçait de faire quelques révélations.

NPR propose son portrait ainsi qu'une vidéo de lui sur sa vie personnelle et ses convictions. Malgré la fortune accumulée, il vivait très simplement, en partageant un appartement avec deux personnes.

Pas mal de voix dans le jeune monde libertaire de la tech se demandent maintenant s'il n'y avait pas aussi avec Silk Road une possibilité de rendre plus "propre" l'échange de drogues, loin des guerres et du sang des cartels, comme Oscar Rickett.

La monnaie virtuelle Bitcoin est également dans la ligne de mire actuellement. Ses fluctuations de valeur semblent à la lumière de l'enquête très liées au "dark net", le net des mafias ou produits illicites, et le site The Genesis Block s'est livré à une enquête approfondie du cours des Bitcoins depuis 2011, graphiques à l'appui, pour démontrer que tout incident ou déclaration ou article sur le réseau Silk Road et le marché des drogues en ligne avait eu un impact sur le cours de cette monnaie. 

Mais est surtout sous surveillance le logicielTOR, qui permet de surfer de façon anonyme. Il est non seulement utilisé par les activistes et opposants des régimes durs ou les internautes allemands, très soucieux de leur vie privée, mais également et inévitablement par les mafias. Diverses tentatives du FBI pour "craquer" ce logiciel ou découvrir la véritable identité des utilisateurs ont été recensées ces dernières semaines. La charge des autorités provoque l'inquiétude de tous ceux que la surveillance de la NSA a poussé vers la prudence et des logiciels de cryptage ou de protection contre la surveillance.  

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