La BNF, le wifi et les syndicalistes électro-sensibles<!-- --> | Atlantico.fr
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Une suggestion pour les bibliothécaires anti-wifi de la BNF ? (Joaquin Phoenix dans "Signes", de M. Night Shyamalan)
Une suggestion pour les bibliothécaires anti-wifi de la BNF ?  (Joaquin Phoenix dans "Signes", de M. Night Shyamalan)
©Reuters

Mauvaises vibrations

Dernière bibliothèque au monde à ne pas être équipée de wifi, la Bibliothèque Nationale de France entrera-t-elle dans la modernité en septembre prochain ? Pas si sûr.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La Bibliothèque Nationale de France, BNF pour les intimes, Bibliothèque François Mitterrand pour les pointilleux, est l'une des plus importantes bibliothèques nationales dans le monde avec ses 40 millions de livres et imprimés et ses 1,3 million de visiteurs annuels. C'est vraiment un beau bébé.

Son architecture surprenante, pas mal controversée depuis sa naissance (placer des ouvrages précieux dans des tours de verre est surtout une excellente idée si l'on souhaite les faire cuire, et en bord de Seine si on veut les noyer) lui permet toutefois d’accueillir les lecteurs dans de vastes espaces ouverts sur un magnifique jardin intérieur.

Comme outil documentaire, il ne lui manque rien (il y a même du savon dans les toilettes et des escalators qui fonctionnent la plupart du temps). Enfin, une broutille tout de même : elle n'a pas le wifi. Si si. La plus grande bibliothèque de France, deuxième d'Europe derrière la British Library, ne dispose pas de ce système qui permet aux visiteurs d'accéder à Internet sans réserver à l'avance l'une des rares stations équipées d'une prise éthernet, quand n'importe quel établissement de quartier, à Dijon ou à Romorantin, est passé au sans-fil depuis des lustres...

Lutter contre les ondes maléfiques

On pourra trouver que c'est inutile de toute manière, qu'on y vient pour lire des livres en papier, proférer n'importe quel argument crétin selon lequel le wifi n'est qu'un gadget mais, pour couper court, on répondra que quiconque effectue un travail de recherche a désormais besoin d'accéder à Internet et que ça facilite la vie. C'est comme ça. Et que le wifi rend la chose encore plus pratique et évite de faire passer des câbles de partout ou de se promener avec le sien (que certains ordinateurs récents et tablettes refusent d'ailleurs).

Et pourquoi n'y a-t-il pas de wifi à la BNF ? Parce que les syndicats du lieu sont contre, qu'ils assurent que c'est mauvais pour les « électro-sensibles » et qu'ils se battront jusqu'à la mort pour éviter de voir leurs adhérents traversés par les ondes maléfiques.

Adossés aux « travaux » d'une poignée de spécialistes qui, autrefois, auraient expliqué que la terre était plate, ils ont réussi à faire plier la direction des années durant, laquelle a pourtant décidé de déployer un réseau de bornes wifi en septembre prochain – sans doute parce qu'elle finissait par se rendre compte du ridicule de la situation. La menace d'une grève est donc déjà brandie pour la rentrée et l'on attend avec impatience de voir qui l'emportera, des 1,3 million d'usagers ou des quelques luddites de la FSU. Les paris sont ouverts.

On attend également avec impatience une enquête sur la proportion de syndicalistes qui n'utilisent pas, en dehors de leur journée de travail, un PC connecté à une box ADSL, un téléphone portable, un four à micro-ondes et une télécommande de téléviseur. A ceux-là, on espère que le ministère de la Culture, s'il décidait de tenir bon, fournira des casquettes en aluminium de protection en cadeau de fin d'année. Ce serait bien le moins.

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