L'optimisme consensuel des marchés sur l'Europe semble excessif<!-- --> | Atlantico.fr
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En Europe, Goldman Sachs s’attend à une croissance des résultats des sociétés de 14% en 2014 et de 13% en 2015.
En Europe, Goldman Sachs s’attend à une croissance des résultats des sociétés de 14% en 2014 et de 13% en 2015.
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Aux Etats-Unis,la saison des prévisions pour 2014 est largement ouverte. Toutes les grandes maisons de courtage et les bureaux de recherche indépendants se livrent à l’exercice d’annoncer leur scénario et leurs objectifs pour l’année prochaine.

Morgan Stanley, qui a le sens des titres, annonce : un S&P fin 2014 à 2014. C’est simple, clair et facile à comprendre…

Goldman Sachs croit à une nouvelle expansion des P/E (Price /Earnings Ratio) même si la croissance des résultats des sociétés est plus modérée.

Birinyi Associates utilise l’histoire et les statistiques. Depuis 1927, il y a eu 23 années pendant lesquelles l’indice S&P 500 a progressé de 20% ou plus. La moyenne des gains enregistrée les années suivantes a été de 6,4%, soit un peu plus que la moyenne de performance de 5,5% constatée en moyenne depuis 1927. Mais comme toujours dans les séries statistiques, il y a des exceptions : après des hausses égales ou supérieures à 20%, il y a eu 6 fois des hausses, dont +31% en 1997 et +20% en 1999.

Wells Fargo pense qu’à la fin de l’année prochaine l’indice S&P 500 se situera entre 1850 et 1900, soit un gain de 2% à 5% par rapport au niveau actuel.

Ned Davis Research est plus prudent, car les 85Md$ qui ont été injectés tous les mois par la Fed ont permis de compenser en grande partie la détérioration des fondamentaux.

BCA recommande à ses clients de réduire leur exposition action.

En Europe, Goldman Sachss’attend à une croissance des résultats des sociétés de 14% en 2014 et de 13% en 2015.La Société Généraleconsidère que la politique menée en Europe est en train de s’améliorer. La mise en place de la Grande Coalition en Allemagne est de nature à faire évoluer l’Europe dans le bon sens. D’autre part, le risque systémique dans le domaine de la finance a des chances de diminuer fortement compte tenu de la mise en place de l’Union Bancaire Européenne. C’est une position consensuelle peut-être un peu trop optimiste.

L’Allemagne a un nouvel agenda : c’est celui de la croissance dans le cadre du nouveau gouvernement de coalition de Madame Merkel. La Bundesbank a d’ailleurs relevé ses prévisions de croissance de 0,3% à 0,5% en 2013 et de 1,5% à 1,7% pour 2014. Le salaire minimum de 8,50 euros ne sera institué qu’à partir de 2015 et l’âge de la retraite sera porté progressivement de 63 à 67 ans. Pour François Xavier Chauchat de GaveKal à Paris, l’ensemble des mesures envisagées portera sur 23Md€ d’ici 2017, soit 0,8% du PIB. On n’est donc pas dans des mesures révolutionnaires propres à déstabiliser l’économie allemande.

L’Italie et l’Allemagne tirent vers le haut les chiffres de la production industrielle. Pas ceux de la France. Ce n’est que la poursuite de la tendance des mois précédents.

La France enregistre un développement important de ce que les fonctionnaires appellent « l’économie parallèle ». On estime que 33% des cours particuliers et des gardes sont réalisés « au noir » contre 18% avant les mesures prises par le gouvernement Ayrault. L’épargnant est toujours la vache à lait qui joue le rôle de variable d’ajustement fiscale chaque fois que le gouvernement a besoin d’argent. Dans le domaine de l’assurance vie, l’idée de taxer plus les contrats en unités de compte que les contrats en euro est un véritable non sens, a rappelé Jean Berthon, président de Faider, organisation qui regroupe des épargnants. Aucun discours sur « la nécessité de l’innovation qui prépare les emplois de l’avenir » ne sera audible tant que les épargnants seront aussi mal traités en France.

Les Pays Bas perdent leur triple A malgré un excédent commercial record. C’est l’explosion de la bulle immobilière qui est en cause.

L’Europe de l’Est est pour BCA encore plus attractive que l’Europe, particulièrement la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque. Leurs économies vont être en mesure de profiter de la reprise de la demande dans les pays développés. Un des moyens pour profiter de cette évolution est de s’intéresser à Lyxor ETF Eastern Europe.

Au Japon, le retour de l’inflation au plus haut depuis quinze ans est le signe d’une sortie de la spirale de déflation. La Société Générale s’attend à une performance des valeurs japonaises supérieure à celle des valeurs américaines pour 2014. GaveKal estime que la baisse du Yen va accélérer la dynamique favorable aux sociétés japonaises. Goldman Sachs qui partage cette conviction a publié la liste de ses valeurs favorites : Matériaux de base: Nippon Steel, Zeon; Consommation cyclique:  Honda Motors, Nitori;  Consommation discrétionnaire: Japan Tobacco, Tsuruha Holdings; Services financiers: NTT Urban Development, Sumitomo Mitsui Financial Group; Industrie: JGC, Marubeni Corporation; Technologie:  Brother Industrie, Cyber Agent, Disco; Hitachi, Itochu Techno Solutions, Nidec, Olympus, Shikoku Electric Power.

Aux Etats-Unis, le chômage atteint son plus bas niveau depuis cinq ans. Le nombre de sans emplois est descendu à 10,9M alors que le taux de chômage ressort à 7%. Il n’en a pas fallu plus pour que les craintes de mise en place du « tapering » (diminution des interventions de la Fed) se manifestent. Chen Zhao, managing Editor de BCA, recommande à ses clients de diminuer un peu leur exposition sur le marché américain pour la reporter en priorité sur le Japon et l’Europe.

La Chine poursuit inexorablement la montée en puissance du Renminbi. C’est la place de Londres qui est la mieux placée, comme le montre l’accord de clearing signé entre Standard and Chartered et Agricultural Bank of China. Londres est vraiment en train de devenir un Singapour européen, plaque mondiale des affaires comptant plus d’étrangers que d’anglais. Pour Charles Gave de GaveKal à Hong Kong, si les financements en Renminbi se développent rapidement, cela signifiera que tous les financements en Asie ne dépendront plus du Dollar US, ce qui sera une bonne nouvelle pour tous les marchés actions de la région. Goldman Sachs, dans ses prévisions pour  2014, recommande de surpondérer la Chine, Taiwan et la Corée.

Le Brésil vient d’enregistrer une baisse de son PIB au cours du troisième trimestre. C’est sa plus mauvaise performance depuis 5 ans due pour l’essentiel à une hausse des taux d’intérêts pour contenir l’inflation. Parmi les valeurs vulnérables figurent : Petrobras, Itau Unibanco, Ambev, Banco Bradesco, Vale.

Les pays émergents ne sont plus vraiment à la mode

Parmi les stratégistes. Alain Bokobza, stratégiste de la Société Générale, vient de publier sa grille d’allocation d’actifs pour 2014 dans laquelle l’allocation pays émergents est de 0% ! Pour lui, les pays les plus vulnérables sont l’Ukraine, L’Afrique du Sud, le Venezuela et la Turquie.

Cela n’a pas empêché le Pakistan de progresser de 4,6% cette semaine. Les investisseurs qui souhaitent être exposés à ce marché qui représente 4,9% de l’indice MSCI Frontier Market choisissent la plupart du temps les sociétés pakistanaises cotées à New York sous la forme d’ADR comme : MCB Bank; United Bank; Lafarge Pakistan Cement; Lucky Cement; Pakistan Telecommunications.

Le gaz de schiste moins rentable que prévu

Les secteurs que Goldman Sachs recommande de sur-pondérer en Europe dans les allocations sont : les banques, l’automobile et les équipementiers, la technologie et la santé. Ce qui devrait être sous-pondérés étant : l’industrie et les services, la chimie, les ressources naturelles, l’alimentation et les boissons, le pétrole et le gaz.

Le gaz de schiste n’est plus à la mode. Aux Etats-Unis, cette nouvelle source d’énergie a stimulé la croissance et l’emploi. La production de gaz a augmenté de 30% depuis 2005 et celle de pétrole de 30% ces quatre dernières années. Par contre, la rentabilité n’est pas au rendez-vous, car le prix de vente du gaz n’est pas assez rémunérateur. Même Peter Voser, président de Shell, a dit qu’il regrettait d’avoir investi 24 Md$ sur des forages en Amérique du Nord. Les valeurs américaines risquant d’être impactées par ce virement sont principalement : CF Industries, LyondellBasel, Halliburton, Valero, Dow Chemical, Westlake, Eastman, Chesapeake.

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