L'Europe pourrait retrouver un peu de croissance... mais pas la France qui continue d'attendre la reprise tout en s'appliquant à la rendre impossible<!-- --> | Atlantico.fr
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75% des Français estiment que l’Union Européenne a été inefficace ces dernières années.
75% des Français estiment que l’Union Européenne a été inefficace ces dernières années.
©Flickr

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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En Europe, la progression des marchés la semaine dernière s’est traduite par une hausse de 1,1%, avec des investisseurs, surtout anglo-saxons, souhaitant accroître leur exposition sur une zone qui pourrait retrouver un peu de croissance, comme l’attend le très influent magazine financier américain Barron’s. Tout se jouera le 22 septembre prochain, date des prochaines élections allemandes. Dans cette perspective, la France est très handicapée par son manque de compétitivité pour profiter de toute reprise conjoncturelle, estime Denis Kessler, président de la SCOR.

En attendant la reprise attendue en France par François Hollande, les Français frappés par la crise n’ont jamais été aussi europhobes. Un pourcentage de 75% d’entre eux estime que l’Union Européenne a été inefficace ces dernières années. Il faut dire que le gaspillage d’argent qui se produit à tous les étages des institutions européennes devient de plus en plus insupportable. Cette situation est  très bien décrite dans le dernier dossier de Contribuables Associés "L’Europe dilapide notre argent"…

En Allemagne, les sociétés exportatrices se tournent maintenant en priorité vers les Etats-Unis pour assurer leur croissance. La Chine, le Brésil et l’Inde qui étaient les locomotives de la croissance mondiale sont en effet en train de ralentir. En Italie, les gérants de fonds obligation s’attendent maintenant à une dégradation de la dette italienne à "junk" (=pourri). Quand à la Grèce, elle aurait besoin d’un abandon de créance de la part des porteurs de dette grecque de 40%, estime Petros Doukas, ancien ministre des Finances. Au terme de plusieurs plans d’aide qui font partie des plus coûteux de l’histoire financière mondiale, pour 355Md€, la dette publique grecque s’élève toujours à 175% du PIB. Là encore, contrairement à ce que pense François Hollande, la crise de l’euro n’est pas du tout derrière nous…

En France, l’incohérence de l’attitude du gouvernement à l’égard des entreprises se poursuit. Le toujours plus d’impôts est en train de tuer progressivement les entreprises. Les gouvernements Fillon et Ayrault ont augmenté de 60Md€  la pression fiscale, dont 20 sur les entreprises et 40 sur les ménages. Le CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi) qui sera versé en 2015 ne portera que sur 20Md€. Une fois de plus, on aura préféré une usine à gaz à l’idée simple et directe qui consistait à baisser les charges des entreprises. On est maintenant dans le bonneteau fiscal permanent. Chaque Français, et pas simplement "les riches", quelle que soit la nature de ses activités, va subir d’ici la fin de l’année, dans sa vie de tous les jours, les augmentations de taxes et de cotisations sociales décidées par le gouvernement Ayrault.

Très en retard dans ses réformes structurelles, la France n’est plus en situation de bénéficier d’une reprise conjoncturelle qui ne se dessine d’ailleurs pas.

Comme l’a écrit toujours très directement Yves de Kerdrel dans Valeurs Actuelles : "Chacun de nous doit prendre conscience qu’il est assis dans un autocar fonçant vers le gouffre de la faillite, avec un chauffeur privé de freins mais klaxonnant de bêtise…"

Peut être faudra-t-il, malheureusement, une hausse de 200 points de base dans le rendement des obligations d’Etat françaises, pour que le gouvernement se rende compte enfin qu’il faut le plus rapidement possible procéder aux réformes structurelles dont le pays a besoin.  

Le combat contre les chefs d’entreprise et les investisseurs continue

Dans la rubrique des mauvais signes,  la semaine est malheureusement une fois de plus un véritable festival de mesures idéologiques dirigées contre les chefs d’entreprise et les investisseurs.  

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en charge de piloter la réforme des retraites n’aura, s’il suit le rapport de Yannick Moreau, présidente de la Commission pour l’avenir des retraites, pas le courage d’aller jusqu’au bout d’une vraie réforme. Au moment où les trois quarts des français exigent un alignement des régimes du public sur celui du privé, il va être de plus en plus difficile de faire accepter qu’un retraité de la RATP parte à la retraite à 53,8 ans avec un taux de remplacement de son salaire de 75%, calculé sur les six derniers mois, alors qu’un salarié du privé doit attendre 62,2 ans sans connaître la retraite qui lui sera servie, puisqu’elle est calculée sur les 25 meilleures années de son parcours professionnel !

Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, après avoir annoncé pour l’apprentissage dans les petites entreprises, la suppression de l’indemnité compensatrice de formation, est revenu sur sa décision 24 heures après l’annonce. Elle sera remplacée par une nouvelle aide aux employeurs d’apprentis. On est bien dans le zig zag permanent du gouvernement que dénonçait récemment Pierre-André de Chalendar, président de Saint Gobain à Aix en Provence, lors des Rencontres du cercle des économistes.  

Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement, a participé cette semaine à déstabiliser un peu plus un marché immobilier qui n’en avait vraiment pas besoin. Le gouvernement va augmenter les droits de mutation au moment où il a été annoncé qu’il était souhaitable que les prix de l’immobilier baissent. Cette mesure ajoutée à toute la série d’actions entreprises contre les investisseurs institutionnels et privés est une fois de plus très négative. Elle ne contribuera pas à résorber la grave crise du logement qui est toujours là.

Benoit Hamon, ministre de l’Economie Sociale et Solidaire et de la Consommation, continue de son côté à vouloir "dissuader les licenciements boursiers". La loi baptisée "Florange" met une fois de plus les chefs d’entreprise en colère. Elle va obliger tout patron d’une entreprise de moins de 50 personnes à informer ses salariés d’une cession à venir. Dans les entreprises, on sait depuis longtemps que le passage de 49 à 50 salariés se traduit pour l’entreprise par 27 nouvelles formalités à remplir. Tout est donc systématiquement entrepris pour dissuader les entreprises d’engager du personnel.

L’offensive du ministre contre les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) pour protéger le monopole et le numerus clausus des taxis est totalement contre-productive. On ne voit pas bien ce que cela a à voir avec l’objectif de "protéger le consommateur et de lui redonner du pouvoir d’achat"….

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement Supérieur, peine toujours à comprendre l’initiative de Xavier Neel, patron de Free, de financer personnellement un établissement qui formera chaque année gratuitement un millier de jeunes à la programmation informatique. Elle ne semble pas avoir pris la mesure du retard des formations universitaires sur les besoins du marché en "cloud computing", "big data" ou réseaux sociaux. On a du mal à comprendre cette attitude quand on sait que sur 154 364 bacheliers inscrits en 2007 à l’université, seulement 41 678 ont obtenu une licence au bout de trois ans !

Philippe Martin, le nouveau ministre de l’Ecologie, a prononcé l’avis de décès définitif de la recherche sur les OGM en France. Il faut dire qu’il avait mené à la tête du Conseil général du Gers un combat actif contre la culture des OGM. C’est dommage, car c’est un domaine dans lequel la France avait de véritables atouts…

Aux Etats-Unis, l’économie entre probablement dans une phase de contraction. Les derniers chiffres de l’immobilier ne sont pas aussi bons que présentés. Tout cela n’empêche pas les valeurs américaines de se retrouver au plus haut historique. Les investisseurs privés sont d’ailleurs ceux qui se sont remis à acheter des actions. Le secteur de la finance est celui qui en a le plus profité avec les bons résultats annoncés par les banques américaines (Bank of America, Citigroup, Morgan Stanley, Goldman Sachs …)

En Chine, le FMI reste optimiste mais les investisseurs attendent des réformes structurelles sérieuses avant de s’engager plus avant. L’indice CSI 300 a reculé de 3,7% dans la semaine et Taiwan de 3%.

Résultats inégaux dans la technologie

Le secteur de la technologie a annoncé des résultats plutôt décevants avec Microsoft et Google qui ont déçu. SAP a sorti des chiffres en dessous des estimations des analystes et Intel touché par les mauvaises ventes de PC.

Même Taiwan Semiconductor TSMC est un peu moins optimiste qu’en début de l’année.

Deux sociétés ont surpris en bien : ASML avec de bons résultats (le titre a d’ailleurs progressé de +40% depuis le début de l’année) et Philips, qui a triplé ses résultats au second trimestre après son recentrage sur les appareils médicaux, l’éclairage et le petit électro ménager.

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