L’acier bleui des épées vikings, la girafe d’un rêve africain et le soleil qui ne se lève jamais comme armes de la rentrée : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Trempées dans le feu et inlassablement martelées selon la technique immémoriale des guerriers vikings, les couches d’acier dessinent des vagues spectaculaires sur le cadran de la montre.
Trempées dans le feu et inlassablement martelées selon la technique immémoriale des guerriers vikings, les couches d’acier dessinent des vagues spectaculaires sur le cadran de la montre.
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Atlantic-tac

Et aussi la sportive chic qui enjambe les siècles avec sa grande seconde, les frissons mécaniques d’un amiral soixantenaire et les sanctions de la Russie contre les montres occidentales…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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GoS : Des montres scandinaves travaillées comme les épées des Vikings

Une partie de la supériorité militaire des Vikings provenait de la qualité de leurs épées, à la fois plus résistantes et plus souples que celles des épées médiévales. Ces épées étaient forgées en Scandinavie, souvent à partir d’acier produit au Proche-Orient. La rencontre entre le maître-forgeron Johan Gustafsson – spécialiste contemporain des lames forgées en damas – et l’horloger Patrick Sjögren a donné naissance à la marque GoS, qui s’enracine dans cette double tradition des métallurgistes nordiques et des magiciens européens de la montre. Le cadran est ici travaillé en Isblå – le mot suédois pour "bleu glacier", à rapprocher du Ice Blue anglais – pour créer un contraste entre les couches de damas infiniment repliée et martelée : chaque montre possèdera ses propres nuances de bleu et ses propres circonvolutions d’acier. Le rotor du mouvement automatique est lui aussi traité en damas et il reprend le motif traditionnel vieil-européen du triskèle ("trois jambes"). Une initiative originale, en édition limitée (25 pièces, toutes artisanales), pour rendre hommage à une technique métallurgique dont on n’a que très récemment redécouvert les secrets…

JAQUET DROZ : La sportive chic qui s’invite dans un concours d’élégance…

En reprenant le style des montres de la fin du XVIIIe siècle, avec compteur décentré pour les heures et les minutes, mais un sous-cadran hypertrophié pour les secondes (d’où le nom de « Grande Seconde » pour cette montre), la jeune maison Jaquet Droz – née en 2000 – a su créer un nouveau classique du XXIe siècle. Il en fallait forcément une version sportive, lancée en 2008 comme SW 45 et relancée cette année avec une déclinaison bleue du meilleur effet : l’élégance de ce bleu – dont tout le monde admet qu’il est le nouveau standard de la distinction au poignet – est soulignée par le travail du cadran en « Côtes de Genève », décoration emblématique des montres suisses de prestige. Accessoirement, le grand 8 formé par le double cadran intérieur ne déplaira pas aux amateurs chinois, dont c’est le chiffre porte-bonheur. Notez au passage le « Manufacturé en Suisse » à la place du traditionnel « Swiss Made » : c’est autrement plus classe et c’est sans doute plus authentique…

CORUM : Les frissons mécaniques d’un amiral soixantenaire…

Depuis le lancement de l’Admiral’s Cup par Corum, en 1960, le style dodécagonal (douze pans) a très souvent imité, mais jamais égalé. Six décennies plus tard, l’icône n’a pas vieilli – même si elle se contente désormais de pavillons nautiques stylisés à la place des fanions qui indiquaient les douze heures sur les marges du cadran. La version 2014 de l’AC-One 45 (pour les 45 mm de diamètre du boîtier en titane) est un poème mécanique conçu pour mettre en valeur l’architecture très industrielle du mouvement (visible à travers les échancrures du cadran), mais aussi la dentelle ciselée du disque qui porte la date du jour. Les chiffres semblent flotter dans l’air en créant un décor algébrique d’esprit très contemporain. Belles finitions, avec une alternance soignée de surfaces polies et satinées, avec l’utilisation de techniques d’avant-garde comme le logo métallisé situé sous le verre saphir de la montre…

Gc GUESS : Un rêve africain aux couleurs de la saison, mais en mode Swiss Made…

Quand elle ne donne pas dans le python, la collection African Dream de Gc Guess (version Swiss Made des montres Guess) prolonge son option safari grâce à un nouveau motif « girafe ». Pas de quoi choquer avec un cadran en nacre et un bracelet dans le style reptile (pour les écailles : heureusement, il ne s’agit pas de vraies peaux), le tout aux couleurs de la saison et avec une allure horlogère (38 mm pour ce chronographe étanche à 100 m). Les fashionistas vont adorer se la jouer Out of Africa sur les trottoirs de l’hexagone…

DIESEL : Quatre fuseaux pour que le soleil ne se couche jamais

Un grand frisson horloger pour moins de 350 euros : il faut avoir le courage d’accrocher les 65 mm du boîtier (à peu près le double de votre Swatch ou de votre Rolex) à son poignet ! D’ailleurs, c’est marqué sur le cadran : « Only The Brave » – tout un programme… Inutile de se demander à quoi peuvent servir les quatre fuseaux horaires proposés par cette montre, qui s’affiche également comme un chronographe : au mieux, c’est décoratif, mais ça peut toujours servir à connaître l’heure d’ailleurs. Le soleil ne se lève jamais pour les grands nocturnes qui adorent ces symboles exacerbés de cette post-modernité horlogère. Sachant que le bleu est le nouveau chic et que le vintage (celui du cuir pré-patiné) est la touche de style indispensable, on tient donc là une « bête de mode » qui prend le temps qui passe très au sérieux…

ACTUALITÉS : Les montres suisses face aux dangers de la géopolitique mondiale…

Ne croyez surtout pas les industries du luxe imperméables aux convulsions d’une planète en quête d’un nouvel ordre mondial. Les crises géopolitiques de ces dernières mois ont un impact direct sur l’activité des horlogers européens. Si les montres n’ont pas encore été intégrées dans la liste des produits frappés par les « sanctions » et les « contre-sanctions » que s’infligent la Russie et l’Occident, ce n’est sans doute que partie remise : en attendant, le marché russe des montres est au point mort. Encéphalogramme plat ! Ce qui a poussé la seule marque russe digne de ce nom – la manufacture Raketa – à prendre à son tour des « sanctions » en s’interdisant d’exporter à l’Ouest ses modèles les plus célèbres, non sans demander à la Douma (le parlement russe) d’interdire aux administrations russes d’acheter des montres occidentales. Le conflit au Proche-Orient ralentit également les opérations des marques de luxe suisses en Turquie, mais également à Dubai (les touristes chinois et russes s’y font rares) et jusqu’en Arabie séoudite : grands amateurs traditionnelles de belles montres, les élites locales pensent plus à la protection de leurs personnes et de leurs biens qu’à de nouvelles emplettes horlogères.

En Chine, le renforcement de la campagne anti-corruption doublée de l’exaltation néo-nationaliste des valeurs chinoises détourne la nouvelle classe moyenne des montres suisses trop ostentatoires, alors que les nouveaux riches tentent de s’initier à une problématique « austérité » de poignet, qui leur fait redécouvrir les mérites des montres de collection vintage plutôt que les productions contemporaines. Ces riches désertent même les malls commerciaux de Hong Kong et les casinos de Macao – ce qui est un indice très révélateur de leur malaise face au retour des valeurs « néo-prolétariennes » au sein du Parti communiste. Ce qui n’arrange évidemment pas l’industrie horlogère suisse. Ajoutons à ces facteurs géopolitiques coagulés la déprime économique d’une Europe qui n’aura bientôt l’excuse de la bulle immobilière britannique pour générer ce cash facile qui fait craquer sur les belles montres et les incertitudes sur l’avenir d’une économie américaine qui redoute de plonger dans une crise pire que la précédente : les indicateurs mondiaux sont tous passés à l’orange, sinon au rouge, pour les montres suisses, désormais exposées aux risques géopolitiques majeurs d’une globalisation qui n’a pas manqué d’assurer leur succès planétaire au cours de ces quinze dernières années…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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