Bachar el Assad le boucher, Vladimir Poutine, multimillionnaire caché<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Bachar el Assad le boucher, Vladimir Poutine, multimillionnaire caché
©

Revue de presse des hebdos

Les hebdos n’ont pas la tête à la campagne présidentielle. Cette semaine, ils pleurent les journalistes tués en Syrie et se passionnent pour les élections qui vont de nouveau placer Poutine à la tête de la Russie.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

Voir la bio »

Imaginez… Vous êtes invité chez Nicolas Sarkozy. Il met un peu de musique pour détendre l’atmosphère : Enrico Macias, Charles Aznavour, Calogero. Waouh, quelle ambiance ! Rassurez-vous, ça ne swinguerait pas plus chez Hollande, qui dit adorer Yannick Noah, Adele, Zaz… Dans un petit article très astucieux, Télérama décrypte les playlists des deux candidats. Que du consensuel, de l’impersonnel, du cliché, à l’instar du coup de cœur ultra convenu de François Hollande : Le chant des partisans. Si les présidentiables ont une oreille, il faut bien dire que cette semaine, les hebdos leur mettent une sourdine. On les voit peu, ils s’effacent derrière leurs conseiller, porte-parole ou petite main : on peut lire les portraits de NKM et Thomas Hollande dans Le Point, celui de Franck Louvrier dans le Nouvel Obs.

Ils disparaissent derrière Karl Lagerfeld dans le numéro « spécial mode » des Inrocks. Dans ses pages, les articles politiques, notamment un sur la pauvreté en France, « flottent » au milieu de souliers hors de prix et du blabla branché de l’homme au catogan poudré. Sarkozy fait bien la Une de LExpress, qui vante la révélation de « ses derniers secrets » : à savoir Cécilia ou les coulisses de la réforme des universités. Bref, pour le suspense, on repassera.

Les journalistes en deuil

Les hebdos ont d’autres chats à fouetter. L’Oscar de Jean Dujardin, par exemple, qui apparaît, très hollywoodien, très « Cary Grant », dans L’Express, Le Point, VSD, ou en couverture de Paris-Match. Mais c’est surtout vers une actualité choquante, terrible, que se tournent les magazines : la Syrie, qui assassine les journalistes et affole les rédactions.

Dans le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, la plume tremblante, y consacre son édito. « On reste, devant les crimes de Bachar Al-Assad, saisi d’une rage sans nom (…). Ce fils à papa formé à Londres, caché derrière un hypocrite sourire de faux timide, longtemps choyé par les diplomaties occidentales, abrité dans son palais d’or et de marbre, n’est qu’un boucher cravaté. » Avec « l’appel du Nouvel Obs », le journal entre même dans l’action, et invite les candidats à la présidentielle à s’engager au côté du peuple syrien, contre la barbarie du régime d’Al-Assad.

Silence, on tue

C’est le même cri de désespoir qu’on entend dans Paris-Match, qui titre : « Ces journalistes qu’on assassine ». L’article, qui rend hommage à Rémi Ochlik, le jeune photographe tué à Homs, est signé par la rédaction : tous les journalistes sont en deuil quand un des leurs meurt sur le terrain. Dans ces pages, on n’oublie pas non plus la mémoire de la reporter américaine Marie Colvin, ni le sort, très incertain, d’Edith Bouvier, journaliste au Figaro, qui a été gravement blessée à la jambe.

Mais ce n’est pas tout. L’article accuse, aussi. Le centre de presse bombardé n’était pas une cible au hasard. « La précision des tirs peut faire supposer que les lieux ont été repérés par un espion, ou bien que l’armée a détecté  le signal de téléphones satellitaires. Le régime de Bachar Al-Assad aurait alors délibérément choisi de cibler les journalistes, témoins de ses crimes. »

Dans « Les nouvelles proies d’Al-Assad », VSD se penche sur cette folle traque des journalistes. « Bachar Al-Assad a une haine des médias », dit le reporter- photographe Steven Wassenaar. VSD rappelle en effet que le 10 janvier dernier, le président syrien évoquait la « conspiration étrangère pour déstabiliser le pays », et accusait « les médias internationaux » de « pousser la Syrie à l’effondrement ». Ces paroles de propagande cachent un effroyable dessein : massacrer, sans témoins.

Barbouzeries et compagnie

De témoins, l’actualité russe n’en manque pas. L’Express, l’Obs, le Point, ont chacun dépêché leur envoyé spécial pour prendre la température d’un pays écœuré par le système Poutine, à quelques jours de la présidentielle. A lire l’article qu’y consacre l’Express, on se croirait dans Retour vers le futur. Qu’est-ce que c’est cette photo de Staline au congrès du Parti communiste ?? Une façon de montrer qu’en politique, les bonnes vieilles tactiques du KGB ont toujours cours. Photomontages, écoutes téléphoniques, vidéos scabreuses. On appelle ça des « kompromats », des faits ou documents compromettants, visant à affaiblir – voire éliminer - l’adversaire. Un coup de Photoshop, et hop, un militant anti-corruption se retrouve comme cul et chemise avec Boris Berezovski, la pire des crapules oligarques.

Tous les opposants de Poutine ont été victimes de ces manœuvres… pas toujours efficaces d’ailleurs. Ainsi, ce vieux vantard de Limonov s’est félicité de la sex-tape qui a circulé sur la toile. Une chose est sûre : les kompromats sont bien incapables de museler l’opposition et d’endiguer les mouvements de protestation. Car « on assiste à l’éveil politique de la classe moyenne urbaine, composée d’employés, de managers, d’intellectuels, de journalistes, d’artistes », explique la politologue russe Lilia Shevtsova.

Poutine, légende dorée

Dans son reportage paru dans le Point, Anne Nivat précise qu’un fossé béant sépare Moscou, où l’on colère, tempête, manifeste, même par moins 15 degrés, de la Russie profonde, où la politique passe « après » : après un quotidien rude et difficile. Anne Nivat est allée en Carélie, à la frontière de la Finlande, pour interroger « Les oubliés de Poutine ». Ces laissés pour compte, qui vivent dans des villes où l’on n’a pas les moyens d’éclairer les rues la nuit ou de déneiger les routes, qui en ont plus qu’assez de la démocratie selon Poutine voteront… Poutine le 4 mars prochain.

Vincent Jauvert du Nouvel Obs s’est quant à lui intéressé à la fortune secrète du premier ministre. Elle serait colossale : au moins 500 millions de dollars, amassés via des comptes offshore, des hommes de paille, des contrats bidon. Sans compter les trésors – estimés en milliards de dollars – en actions de compagnies détenues par ses amis. « Selon la geste poutinienne, l’ancien espion aime le sport et la nature – pas l’argent », écrit Jauvert. Mais qui veut encore croire à la geste poutinienne ?

Laissez-nous conclure cette revue de presse sur quelque chose qui tient au corps : la viande bovine. En ces jours de salon de l’agriculture, on voit défiler dans les pages de nos hebdos de très beaux spécimens, veaux, vaches, taureaux, des bêtes à concours, body-buildées. VSD les a photographiés, la nuit, une fois les allées du Parc des Expositions désertées. On y voit les éleveurs roupiller sur la paille, tout contre leurs bêtes. Enfin, le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec déclare dans Le Point que la meilleure viande au monde n’est pas limousine, encore moins charolaise, non, mais – Oh My God ! - anglaise, issue d’une vache noire nommée angus. Et les cuisses de grenouilles, alors ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !