Jean-Claude Gaudin : type sympa, bilan désastreux<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean Claude Gaudin en campagne, à l'occasion de son ultime réélection en 2014
Jean Claude Gaudin en campagne, à l'occasion de son ultime réélection en 2014
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

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La cause est entendue, Jean-Claude Gaudin aimait vraiment Marseille. C’est juste que ça ne se voyait pas beaucoup.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je sais bien qu’on n’accable pas un homme qui vient de mourir, et que c’est une habitude qu’il faut préserver parce que c’est précisément ce qui nous sépare des primates non sapiens, mais j’écoute les hommages rendus à Jean-Claude Gaudin, ceux de ses ennemis jurés compris, et je me dis que les primates sapiens sapiens en rajoutent parfois un peu.

Bien sûr, il y avait un tas de raisons d’apprécier le vieux grigou en tant que personne, sa faconde pa­gnolesque et sa truculence raimusienne en tête, pour reprendre les clichés enfilés depuis hier dans les médias. Moi-même, j’avais eu l’occasion de l’interviewer il y a quelques années, et j’avais été sensible à ce charme particulier de gros tonton avé l’assent, mais ça s’était arrêté là.

On dit parfois qu’il faut savoir séparer l’homme de l’artiste, qu’on doit être capable de dire « ce ta­bleau est magnifique, no problemo, mais le peintre, quel affreux connard ! » et je dirais que c’était le contraire avec Gaudin : le peintre, OK, bien sympa, mais ses croûtes, non merci ! Pas dans mon sa­lon !

Le bonhomme, dont on clame qu’il avait Marseille chevillée au corps mais habitait lui-même Saint-Zacharie, un pittoresque petit village des sources de l’Huveaune, sans doute parce qu’on y collectait convenablement les ordures et que la voirie y était en meilleur état, n’aura en effet pas fait grand-chose de son quart de siècle de mayorat. Pire, il aura sans doute laissé la ville dans un état moins re­luisant encore que celui dans lequel il l’avait trouvée.

Car souvenez-vous, à son départ piteux, plus rien ne marchait. FO faisait la loi à la mairie, les plafonds des écoles s’écroulaient, les piscines étaient pleines de fuites, les bibliothèques fermaient les unes après les autres, les logements s’effondraient sur leurs habitants, les caisses étaient vides, la fracture nord-sud plus ouverte que jamais… Tiens, on parlait même de placer la ville « sous tutelle », comme on l’envisagerait pour une vieille personne qui n’aurait plus toute sa tête, jetterait l’argent de la famille par les trois-fenêtres et risquerait carrément de foutre le feu à la baraque par inadvertance…

Et il ne serait pourtant vraiment pas malin, par tentation civilisée de ne pas jeter le gentil bébé fernandélien avec l’eau crasseuse de son bain, de transformer un bilan objectivement désastreux en magnifique épisode de la longue histoire marseillaise au risque d’en reprendre pour 25 ans à la prochaine échéance...

Mais au fait, je vous ai dit qu’il était picaresque et rabelaisien, le Jean-Claude ?

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