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François "XXX", le président qui a réduit l’État à un point d'interrogation
©Reuters

Chronique du pot aux roses

Au point d'interrogation oublié dans le malencontreux communiqué élyséen sur la réforme territoriale, le peuple français risque de répondre bientôt par un point d'exclamation voire des points de suspension.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - La bâclocratie

Avec comme seuls soucis une reprise en main médiatique post-désastre électoral et le sauvetage de quelques forteresses du Parti socialiste, le président qu’on aimerait changer maintenant a expédié sa grande réforme institutionnelle sans savoir lui-même, jusqu'au dernier moment, combien il proposerait de régions. "XXX" et même "?", tels étaient les nombres communiqués inconsidérément à la presse ! Il faudrait que l'opposition soit masochiste pour accepter pareille désinvolture.

Pour qu’une telle réforme soit acceptable, elle devait être d’une impartialité quasi irréprochable, indifférente aux considérations partisanes. La carte administrative de la France ressemble, dans ce projet, aux taches d'une girafe, fruit d'un découpage mi-aléatoire mi-manipulateur. Elle crée des ensembles aussi incongrus que celui juxtaposant le Centre, le Poitou et le Limousin, maintient le Nord-Pas-de-Calais intact pour ne pas effaroucher le PS local et tente de sauver le Languedoc en l’attelant au Midi-Pyrénées, hydre à deux têtes ingérable. C’est Hellzapoppin à la tête de l'Etat. Comment tuer une réforme nécessaire en la bâclant ... Quoi qu’il en soit, il y a encore loin de la coupe du projet aux lèvres de la loi. Verts, centristes, Umpistes et communistes y sont opposés. Il suffira de trouver une vingtaine de socialistes réticents à l’Assemblée nationale et la dernière diversion du pouvoir sera éventée. Pendant ce temps, la suppression nécessaire des départements est renvoyée aux calendes hollandaises.

Au point d'interrogation du malencontreux communiqué élyséen, le peuple français répondra-t-il bientôt par un point d'exclamation voire des points de suspension ?

2 - Mais qu'est-ce qu’on a FN au bon Dieu ?

Ledit peuple français se précipite actuellement dans les salles obscures pour applaudir "Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?", comédie réconciliatrice sur le thème communautaire. Comment a-t-il pu, au même moment, placer le FN en tête du scrutin européen ? Tout simplement parce que ce film, en passe de battre tous les records de fréquentation en France, donne aux minorités le mode d’emploi de l’assimilation durable, les clés pour se faire accepter par la droite, aujourd’hui largement majoritaire chez les Français "de souche", notamment dans la bourgeoisie. Cette recette tient en cinq points.

Premièrement, éviter de rester entre soi et ne pas rechigner à se marier avec les natifs.

Deuxièmement, avouer être aussi racistes que les autochtones, non seulement vis-à-vis des blancs mais également entre minorités elles-mêmes. Dans le film, Juifs et Chinois se battent, Arabes et Juifs s’invectivent, etc. Pour naturellement se réconcilier à la fin.

Troisièmement, accepter le socle minimum de rituel catholique, à ce point répandu qu’il en est quasiment laïque, par exemple la célébration de Noël, messe de minuit comprise.

Quatrièmement et surtout, s’intégrer par le travail. Le noir, le Chinois, l’Arabe et le Juif ont tous en commun une forte ambition professionnelle.

Cinquièmement enfin, renier ceux de sa communauté qui ne respecteraient pas les quatre points précédents. Voir, à titre d’exemple, la manière dont l’avocat arabe est ulcéré par les zyvas et cailleras pour lesquels il est censé plaider à Bobigny.

On aurait tort de sous-estimer ces préconisations parce qu’elles viennent du monde du cinéma. Elles sont peut-être les seules à même de réduire les tensions communautaires croissantes en France.

3 - Je ne suis Bruxelles que vous croyez

Les technocrates de la Commission européenne, en vadrouille à Paris, ne savent décidément pas par quel bout prendre le problème français. C’est peut être le seul succès de notre Enfumeur national.

"Le niveau de détail des mesures d'assainissement budgétaire est insuffisant pour garantir de façon crédible la correction du déficit excessif pour 2015 au plus tard ... compte tenu d'un ajustement structurel sous-jacent qui est très loin d'atteindre le niveau recommandé par le Conseil ... Nous demandons au gouvernement de détailler davantage les mesures qu'il entend prendre pour atteindre l'effet structurel requis en 2015", a déclaré Barroso lors d'une conférence de presse. Bref, la Commission ne comprend toujours rien à la réalité des réductions des dépenses vantées par l’Elysée qui n’ont encore que très peu de traduction concrète.

Tout au contraire, cette semaine, notre gouvernement a miraculeusement trouvé de l’argent pour une meilleure prise en compte des congés de maternité dans le calcul des retraites qui, comme chacun sait, n’ont aucun problème de financement en France ! De même, il a sanctuarisé pour la énième fois les dépenses de la loi de programmation militaire.

Tout ceci se terminera-t-il par une capitulation bruxelloise, la Commission se résignant aux déficits français plutôt que de provoquer une crise politique ? Ou, la France de plus en plus isolée, Barroso et ses troupes prendront-ils dans quelques mois le risque du bras de fer ? Tout dépendra en réalité de la réaction des marchés financiers qui pourraient se contenter de réclamer à la seule France des taux d’intérêt plus élevés pour sa dette. Auquel cas l’ennemie de la finance ferait le sale boulot avant même que la Commission n’ait à s’y coller.

Une chose est sûre : notre gouvernement ne contrôle plus rien. N’entendez vous pas comme un "tic-tac" en bruit de fond dans notre beau pays ? Encore un point d’interrogation.

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