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Club Med, Accor, Peugeot, Louvre Hôtel, Servair en France font l’objet de prises de participation importantes.
Club Med, Accor, Peugeot, Louvre Hôtel, Servair en France font l’objet de prises de participation importantes.
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Notre première réaction en tant qu’investisseur est de conclure, en voyant la Chine investir aussi massivement, qu’il s’agit d’un bon signal pour les actifs européens. Ils doivent représenter une valeur importante que ce soit en valeur d’actif , en potentiel de "création de richesses", ou en potentiel technologique.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Pratiquement plus une journée ne se passe sans qu’une société européenne ne soit acquise par une société chinoise. Cette accélération récente nous interpelle et nous fait-nous poser beaucoup de questions pour le court et le moyen terme. Les sommes en jeu sont très importantes : à la mi-2016 les acquisitions chinoises ont atteint le double de l’ensemble de celles réalisées pour l’ensemble de 2015 …elles sont également deux fois supérieures à celles des Etats-Unis pour la même période. La liste des sociétés est édifiante, tous les secteurs sont concernés en fait : Syngenta, dans l’agrochimie ;  Pirelli,dans la fabrication de pneus ; Kuka, dans la robotique ; Swissport, dans l’assistance au sol pour les avions… Club Med, Accor, Peugeot, Louvre Hôtel, Servair en France font l’objet de prises de participation importantes. Wirecard, technologie et services financiers a fait l’objet de rumeurs en milieu de semaine et l’on ne prend ici en compte que les plus connus. Même des clubs de foot (Milan AC) ou des terres agricoles sont concernés.

Notre première réaction en tant qu’investisseur est de conclure, en voyant la Chine investir aussi massivement, qu’il s’agit d’un bon signal pour les actifs européens. Ils doivent représenter une valeur importante que ce soit en valeur d’actif , en potentiel de «  création de richesses », ou en potentiel technologique. Nous disons depuis des mois que les entreprises européennes sont attractives sur un horizon long-terme. Les chinois nous ont visiblement entendus !

Cela conforte aussi notre opinion : un investisseur long qui reste en cash actuellement réalise probablement une perte d’opportunité. Si l’on raisonne «  prix payé / potentiel de gain » il nous semble clair qu’il faut suivre avec attention ce que font les chinois en Europe… Le même raisonnement peut, bien sûr, être tenu sur la France.

Force est aussi de reconnaitre que les européens font preuve d’une certaine naïveté sur ces dossiers. Les Américains ont, de leur côté, depuis longtemps freiné les ardeurs des chinois. La Chine a certes déboursé 25 Milliards de $ aux Etats-Unis en 2015 mais les demandes avant refus de l’autorité Fédérale s’élevaient à 430 Milliards. Il est clair que le morcellement des centres de décisions en Europe ne facilite pas l’instauration d’un rapport de force plus équilibré avec la Chine.

Il sera intéressant de voir comment la France sur le dossier Accor ou l’Allemagne sur le dossier Kuka vont réussir à éviter de voir leurs fleurons quitter leur territoire. L’idée d’envisager une forme de réciprocité est à exclure à court-terme. Les autorités Chinoises limitent en effet à 50% (en général) les possibilités de détention d’une société chinoise par une société étrangère.

Les dossiers comme Accor ou Kuka sont symboliques mais traduisent aussi un autre problème : voir les centres de décisions de ces entreprises quitter l’Europe est assez angoissant à moyen-terme : c’est autant de capacité à maitriser son économie et son avenir qui s’en vont. Le cas Syngenta est moins connu mais interpelle finalement beaucoup plus : l’agroalimentaire va être ces prochaines décennies un secteur clé dans un monde à ressources limitées.

Si on fait le lien entre Syngenta et les autres achats réalisés par la Chine via ChemChina dans la chimie, les fertilisants, les termes agricoles ou les pesticides, on s’aperçoit du poids qu’aura la Chine dans ce secteur si crucial. Il est d’ailleurs à noter que la Chine raisonne sans se soucier des frontières sur ces sujets stratégiques… et sans contrainte de temps...

Achats massifs, stratégies de long-terme sur des sujets vitaux et vision transfrontalière sont aussi bien aidés par l’utilisation d’une arme clé : la monnaie. Après avoir longtemps bénéficié d’une monnaie sous- évaluée pour gonfler ses réserves de change, la Chine profite maintenant d’une monnaie sur- évaluée pour acheter des entreprises en bénéficiant de la faiblesse actuelle de l’Euro.

L’Europe présente donc pour les chinois de nombreux atouts :

-          Des actifs intéressants sur des segments stratégiques.

-          Une ouverture facilitée par la faiblesse des gouvernements

-          Un Euro faible qui rend les actifs attrayant.

Il nous semble, en attendant une réponse coordonnée de l’Europe, que l’investissement en actions européennes présente de nombreux atouts et que suivre les chinois dans leur réflexion est sinon un acte patriotique, une manière de valoriser son patrimoine à terme. Dans le contexte d’incertitude actuelle : pas de précipitation.  Une fois le référendum passé en Grande-Bretagne (Brexit ou pas) il y aura certainement des investissements à réaliser. 

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