Elégance masculine : les nouveaux snobs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Atteindre une vraie élégance naturelle est un long apprentissage."
"Atteindre une vraie élégance naturelle est un long apprentissage."
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Atlantico chic

Ce sont les géants du style des années 40 - Fred Astaire, Gary Cooper, Cary Grant - qui sont redevenus récemment les références absolues en matière d'élégance masculine classique contemporaine.

Hugo Jacomet

Hugo Jacomet

Fondateur et éditeur de "Parisian Gentleman", Hugo Jacomet est une plume reconnue dans le domaine du style masculin.

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Gentlemen,

il y a quelques jours, j’ai été interviewé par téléphone par un journaliste du magazine GQ qui souhaitait recueillir mon témoignage sur l'évolution de l’élégance masculine en cours pour l’inclure dans un dossier du magazine intitulé « Les nouveaux snobs, comment se démarquer »…

Sans déflorer le contenu de ce dossier (qui s’annonce plutôt intéressant) ainsi que la teneur de ma discussion avec le journaliste en question, vous pouvez d’ores et déjà vous imaginer ma réaction immédiate devant le titre et l’emploi de la notion de snobisme.

En effet, comparer la petite révolution de l'élégance masculine en cours à une forme de snobisme – une notion complexe qui décrit l’imitation servile des comportements à la mode dans la classe supérieure ainsi qu’une attitude de mépris à l’endroit des classes moyennes – me semble relever de la licence journalistique.

Comme l’explique si brillamment G. Bruce Boyer dans le livre «I Am Dandy, the Return of the Elegant Gentleman», ce sont les géants du style des années 40 - Fred Astaire, Gary Cooper, Cary Grant - qui sont redevenus récemment les références absolues en matière d'élégance masculine classique contemporaine. Ces personnalités, bien loin d'être issues de la haute société de l'époque, sont à l'inverse devenues des symboles de nonchalance et d'élégance naturelle, aux antipodes de l'image que l'on se fait du snob hautain et méprisant.

« Au cinéma, quand j’étais un jeune garçon, j’étais intrigué par eux (Fred Astaire, Cary Grant, Gary Cooper), parce que je pensais qu’il venaient un peu du même milieu que moi. Ils n’étaient pas de descendances royales ou aristocratiques. Ils étaient de simples américains moyens ayant grandi dans des quartiers et des maisons ordinaires. Pourtant ils avaient une aisance et un style incroyables. Et ils finissaient toujours avec la plus belle femme de la soirée. Pour moi, c’était le triomphe de la démocratie… »

Et si toutefois il peut effectivement arriver à certains d’entre nous d’être un peu trop habillés de temps à autre (atteindre une vraie élégance naturelle étant un long apprentissage), cela témoigne plus d’une quête – parfois maladroite – d’excellence personnelle que d’une obsession à vouloir se démarquer.

En attendant avec impatience la publication de cet article dans GQ, je vous renvois à la très belle préface de « I Am Dandy », écrite par Glenn O’Brien (Le Style Guy de GQ) et qui, selon moi, pourrait bien mettre tout le monde d’accord sur le sujet.

« S’il existe un péché cardinal dans notre monde, ce n’est pas celui consistant à se laisser absorber par sa propre personne, mais celui de se faire absorber par la masse : la dissolution de l’individu dans la masse. La majorité silencieuse. La foule vêtue de maillots de sport. La foule, la populace, le troupeau. Noyé dans dans cette foule uniforme, l’homme n’est plus un individu mais une simple cellule d’un gigantesque organisme dans lequel il est bringuebalé sans aucune volonté personnelle. Nous savons ce dont les foules, les gangs, mais aussi les entreprises ou les partis politiques, sont capables quand l’individualité cède la place à la pensée de masse. (…) Un homme qui refuse l’uniforme est un héros, à sa manière. Vous ne pouvez d’ailleurs être un héros qu’à votre manière. Se présenter aux autres de manière différente à dessein demande du courage. Et la forme la plus haute du courage consiste à se révéler complètement à autrui et à dire son for intérieur au monde avec éloquence. (…) (Les dandys) sont, pour moi, tous des héros qui expriment avec éloquence ce qui les intéressent dans la vie. Ils ont tous pour objectif de transcender l’ordinaire et de donner un sens à tous les aspects de la vie, là où la grande majorité des hommes s’en remettent à des coutumes jamais remises en question ou à la chance. »

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