De Paris à Marseille, ces étrangers qui viennent faire le ménage des Français<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
De Paris à Marseille, ces étrangers qui viennent faire le ménage des Français
©Reuters

Cradoland

Après les Japonais qui balayent les Champs-Élysées, voici l'Anglais qui passe l'aspirateur sur la Canebière. Et les Français ? Ils comptent les points.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Trottoirs moquettés de crottes de chiens, caniveaux jonchés de mégots, dépôts sauvages de matelas crevés ou de cuvettes de WC ébréchées à tous les coins de rue, poubelles de rues qui débordent... Paris et Marseille, les deux villes entre lesquelles je fais le grand écart (non ça ne fait pas mal, c'est juste une question de souplesse et de TGV) ont en commun d'être les zones urbaines les plus crades et les plus mal entretenues du pays (je reviens tout juste de Nantes, ça m'a fait un choc : j'avais l'impression d'être à Lausanne).

A en croire les locaux, ce serait la faute de leurs édiles, qui ne feraient pas leur boulot. De l'avis de ces derniers, ce serait plutôt celle de leurs administrés, qui leur en donneraient trop.

De mon point de vue à moi – j'aime bien me situer au-dessus de la mêlée – les torts sont assez équitablement partagés : Parisiens et Marseillais prennent généralement le sens civique pour l'un des pouvoirs spéciaux de Superman, quand Hidalgo et Gaudin calquent les tournées des cantonniers sur la carte électorale. Du coup, Paris serait la troisième ville la plus sale d'Europe derrière Athènes et Rome ; et Marseille carrément hors-concours...

Mais on s'habitue à tout et les seuls que tout ça choque encore nous viennent généralement de loin ; de ces étranges contrées où l'on ne promène Médor qu'un sac en plastique à la main et où l'on attend d'avoir trouvé une poubelle vide avant de se débarrasser de sa canette de Coca Zéro.

L'an dernier dans la capitale, des commandos d'expats japonais s'étaient d'ailleurs constitués pour patrouiller les zones les plus atteintes un balai à la main. Et voici qu'un Anglais se mêle d'apprendre aux Marseillais à faire à peu près la même chose à l'ombre de la Bonne Mère, s'attirant les foudres des agents de la voirie qui perçoivent son opération "un déchet par jour" comme une critique de leur professionnalisme.

Dimanche dernier, sous sa houlette, j'ai justement descendu la Canebière jusqu'au Vieux-Port avec une quarantaine de volontaires, lui rendant un lustre qu'elle n'avait plus connu depuis longtemps (1,8 tonnes de saloperies collectées en quatre heures selon l'organisateur, sans doute moitié moins selon la police des poubelles), l'idée étant d'amener les écluseurs de pastis à étendre cette légendaire "fierté d'être marseillais" à autre chose qu'aux performances de l'OM.

Marchera ? Marchera pas ? L'histoire le dira. Mais des éboueurs africains aux femmes de ménage maghrébines, faire faire son ménage par des étrangers est une vieille habitude française. Certainement pas la plus reluisante.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !