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Après-Brignoles : le "système" est-il mort, bel et bien mort ?, Manuel Valls : le troisième homme (de droite), les Français en colère : la note confidentielle qui inquiète l'Elysée
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi Juppé, "le recours", contemplant le vide au centre et à droite, et, et, et… Mélenchon, adepte du "conflit", soufflant sur les braises… Pas à dire, c’est une chouette semaine, réchauffante, rassurante, ré-con-for-tan-te !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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A l’heure où la polémique sur l'expulsion d’une petite collégienne kosovare n'en finit pas d’agiter les esprits, “ Le Point ” nous en apprend une bien bonne à propos de Manuel Valls. D’après les résultats du “ baromètre ” que l’hebdo réalise avec Ipsos, le ministre de l’Intérieur apparaît en effet comme… “ le troisième homme ”... de droite du pays. Rien que ça.

Valls, le troisième homme (de droite)

Tandis que “ François Hollande établit son nouveau record d’impopularité, avec seulement 24 % d’opinions favorables, en recul de 3 points ”, “ la polémique sur les Roms a remis en selle Manuel Valls, nous avertit le mag. Le ministre de l’Intérieur distance, dans notre baromètre Ipsos-“ Le Point ”, toute la classe politique avec 56 % d’opinions favorables, en hausse de 8 points sur un mois. Le deuxième, Alain Juppé, pointe à 50 %. La popularité de Manuel Valls est encore plus forte à droite qu’à gauche, où, depuis deux mois, il perd 15 points chez les sympathisants PS et atteint son plus bas historique (57 % de bonnes opinions). La percée du ministre est spectaculaire chez les sympathisants UMP : 24 points gagnés en un mois ! Avec 70 % de soutiens à l’UMP, Valls devient “ le troisième homme ” derrière Nicolas Sarkozy (85 %, + 2) et Alain Juppé (76 %, + 2) ”. C’est pas commun, ça…

Fillon cloué au pilori

“ A droite, poursuit le journal, mauvaise opération pour François Fillon, “ piégé ” par “ Valeurs actuelles ”, qui décroche de 6 points au classement. Ses propos agressifs à l’égard de Nicolas Sarkozy déçoivent les sympathisants UMP, chez qui sa cote dévisse de 10 points. A l’UMP, il n’est plus que 6e, avec 61 % de bonnes opinions. L’ancien Premier ministre retrouve son niveau de décembre 2012, au moment de la calamiteuse élection interne du parti ”. Bien joué…

Le tacle de Juppé à Fillon

Dans l’article de trois pages qu’il consacre à “ l’éternel recours ” Alain Juppé, “ Le Point ” remarque que “ s’il est un homme dont Juppé ne dira jamais de mal, c’est Nicolas Sarkozy. (…) Ni courtisan ni opposant, telle est sa posture : “ Je suis un homme libre, j’ai ma totale indépendance d’esprit vis-à-vis de lui. On se parle franchement. Il sait que je ne suis pas un “ Sarko baby ” ”. Sur le cas Fillon, le maire de Bordeaux prend moins de gants : “ Il n’y a pas longtemps, confie-t-il au journal, Fillon me disait qu’il ne laisserait personne droitiser l’UMP (…). Sa déclaration m’a déconcerté, une ambiguité est née. A la suite de cela, il a perdu des points dans les sondages quand Marine Le Pen en a gagné. Face au FN, il n’y a pas mille stratégies : on ne discute pas, on ne fait pas alliance. Je le regrette, mais on a fragilisé cette position de principe ”. Et de botter en touche : “ Je suis inquiet de la montée de l’islamophobie partout, peut-être aussi à l’UMP. C’est le lit du FN, qui joue sur cette peur irraisonnée de l’islam ”.

Juppé : “ Même le cran en dessous du général de Gaulle, on n’a pas ”

Lucide, Alain Juppé ? “ Bien que gaulliste, indique “ Le Point ”, Alain Juppé justifie, et de façon féroce, la primaire UMP de 2016 : “ Si on avait quelqu’un sur le marché, à droite et au centre, dont la stature est celle du général de Gaulle, on se passerait bien des primaires. Or même le cran en dessous du général de Gaulle, on n’a pas. Il n’y a pas de leadership évident ”. Le diagnostic est d’autant plus fort qu’il émane du “ meilleur d’entre nous ”, commente le mag. La primaire de 2016 excitant les ambitions, “ alors qu’elle devait les apaiser ”, il suggère de l’avancer d’un an ”. Pour limiter la casse, si tant est qu’il y ait encore quelque chose à recoller, c’est peut-être pas une mauvaise idée…

“ La droite doit redevenir révolutionnaire car le système est mort ”

Parce qu’il ne faudrait pas oublier la victoire du FN à Brignoles… Dans un papier intitulé “ Scènes de ménage de l’après-Brignoles ”, “ Le Point ”, toujours, fait l’état des lieux des divisions au sein de l’UMP et du PS : “ Bien sûr, on peut toujours, comme Copé, minimiser les faits, s’insurge Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture, précise l’hebdo. Brignoles, c’est une défaite en duel. Ca ne peut pas être pris à la légère. Certes, le PS s’effondre, mais nous avons été battus. Et si nous continuons comme ça, nous enregistrerons d’autres défaites. Il n’y a rien de pire en politique que de passer à côté d’un moment historique ” ”. Ca, c’est pour Copé… Mais Le Maire n’a pas fini : “ Ma famille politique ne comprend pas que nos électeurs n’attendent pas des mesures mais des révolutions. La droite doit redevenir révolutionnaire car le système est mort. La seule réponse est d’en prendre acte et de penser hors système. Marine Le Pen l’a parfaitement compris. Elle présente de jeunes candidats venus de nulle part et ils gagnent, désormais, sans le moindre soutien ” ”.

Avec le nouveau “ tripartisme ” FN, UMP, PS, “ cela se jouera à la roulette russe ”

“ L’avertissement de Bruno Le Maire, reprend “ Le Point ”, intervient alors que la vague bleu Marine apparaît comme une lame de fond irrésistible qui bouleversera, au moins dans le Nord, l’Est et le Sud-Est, les municipales et plus encore les européennes de 2014. Jean-Christophe Cambadélis a carrément théorisé ce nouveau “ tripartisme ” FN, UMP, PS qui s’imposerait durablement dans l’Hexagone alors que nos institutions appellent au bipartisme. Deux places pour trois. “ Dans ce cas, cela se jouera à la roulette russe ”, conclut Cambadélis, qui refuse au FN “ dédiabolisé ” de Marine Le Pen le statut de parti républicain. “ C’est un parti légal mais ce n’est pas un parti normal, explique le député PS de Paris. Car il prône l’apartheid entre les “ Français de souche ” et les “ Français de papier ” comme ils disent ” ”.

Après-Brignoles : la solution préconisée par l’Elysée

Et que dit l’Elysée de tout ça ? “ A l’Elysée, indique le mag, une seule réponse face à la vague mariniste : inverser durablement la courbe du chômage. “ Parce que le chômage est ce qui déstructure le plus la société ”, glisse un conseiller de François Hollande. Mais, pour les européennes, à droite comme à gauche, conclut “ Le Point ”, on admet que les dés sont jetés : Marine Le Pen sera au centre du jeu et, sans doute, en tête ”. Ca veut dire qu’ils ont tous, déjà, accepté l’idée, c’est ça ?

Jean-Luc Mélenchon : “ la social-démocratie est morte ”

C’est sans compter… Jean-Luc Mélenchon. Interviewé dans “ Les Inrocks ”, le patron du Front de gauche fait un diagnostic qui évoque celui de Bruno Le Maire… mais en plus radical... en plus extrême, quoi : “ Le système économique et politique est en train de s’autobloquer, dit-il. C’est classique : pour maintenir l’ordre économique, les puissants ont besoin d’un coupable de diversion. L’extrême-droite le désigne : le musulman, le Juif, le Rom. Cela n’a rien de nouveau. Ce qui frappe, c’est l’effacement du clan progressiste. La social-démocratie s’est effondrée comme alternative politique. En apparence, ils ont toujours leur adresse, leur logo, mais politiquement ils sont morts. Avec le Front de gauche, nous voulons relever le drapeau de la gauche ”. Et comment Jean-Luc Mélenchon compte-t-il s’y prendre, hmmm ? 

“ Le conflit crée la conscience ”

“ Depuis le départ, explique-t-il aux “ Inrocks ”, ma stratégie est d’avancer frontalement. Nous ne pouvons entraîner que si nous clivons politiquement. C’est-à-dire en assumant les raisons pour lesquelles les gens de gauche ne vont plus voter ”. —“ Votre rhétorique parfois violente n’empêche-t-elle pas un ralliement plus important de l’électorat de gauche déçu par la politique gouvernementale ? ”, réagit le mag. —“ Je crois que le conflit crée la conscience, répond-il. Vous ne réfléchissez pas à un problème si vous n’y êtes pas forcé ”. Créer un peu plus de conflit, dans la situation où on est, ça, c’est une bonne idée…

“ François Hollande est responsable du chaos qui s’avance ”

“ J’ai écrit quatorze bouquins mais ce qui est toujours retenu, c’est la phrase qui fait polémique, poursuit Mélenchon. J’estime que le président de la République est un menteur et je le dis. Si je ne parle pas franchement, les gens vont penser que je suis prêt à céder sur mes idées. J’estime que François Hollande est responsable du chaos qui s’avance. Je ne peux pas faire de compromis avec sa politique ”. Heu, Jean-Luc, on n’est pas sûr d’avoir tout bien compris, là… Tu dis qu’on ne retient de tes théories que les phrases qui font polémique et, en même temps, tu allumes François en en faisant le “ responsable du chaos qui s’avance ”… Ce serait pas un peu contradictoire, ça ?

Jean-Luc Mélenchon et le moteur à explosion

Cette petite contradiction n’a visiblement pas échappé aux “ Inrocks ”… “ Les polémiques médiatiques ne desservent-elles pas votre programme ? ”, demande le journal, l’air de rien. —“ Un système de communication parfait n’existe pas, rétorque le patron du Front de gauche. Dans un moteur à explosion, 20 % de l’énergie sont transformés en énergie mécanique, les 80 % restants sont perdus. On ne peut pas me demander de créer des explosions médiatiques avec 100 % de résultats positifs. Ca crée 30 % de résultats positifs et le reste est perdu. Ce qui m’intéresse, c’est la fraction la plus déterminée de notre peuple, celle qui est prête à se mobiliser pour bâtir une alternative. Je construis sur ce qui tient bon ! ” Et qui fait boum ? Pas évidente à déchiffrer, cette métaphore sur le moteur à explosion… quant à savoir si elle est percutante, et convaincante...

Les Français en colère : la note confidentielle qui inquiète l’Elysée

Et puisqu’on parle d’explosion… “ Le Nouvel Observateur ” nous informe qu’ “ un rapport confidentiel des préfets montre les racines d’une exaspération qui peine à s’exprimer sur le terrain social, mais qui menace de tout emporter dans les urnes ”. Holà ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ? “ C’est une note de quatre pages, classée “ confidentiel ” et rédigée par le ministère de l’Intérieur. Chaque mois, explique l’hebdo, les services de Manuel Valls, sur la foi des rapports que leur adressent les préfets, rédigent une “ synthèse ”, qui est une manière de plonger dans les méandres de l’opinion publique. (…) La dernière en date de ces synthèses a été publiée le 27 septembre dernier. Elle est remontée illico jusqu’au sommet de l’Etat et a été jugée suffisamment inquiétante à l’Elysée et à Matignon, pour que, cette fois-ci, elle soit communiquée à l’ensemble de la majorité ”. Ben vrai…

Des menaces de désobéissance fiscale et d’organisation de systèmes de défense parallèles contre la délinquance…

“ Le premier point mis en exergue par les préfets, résume le journal, porte sur le monde rural. Celui-ci “ s’organise pour revendiquer une spécificité de traitement dans les réformes en cours ”. (…) Le sentiment qui domine est “ un sentiment d’abandon ”. Le deuxième point abordé par les préfets a davantage fait les gros titres des médias. “ Inquiets du discours antifiscal qui pourrait favoriser les extrêmes, écrivent-ils, les élus considèrent que les limites du consentement à l’impôt sont atteintes ”. (…) Et les préfets de conclure : “ La menace de désobéissance fiscale est clairement brandie ” ”. Outre “ la situation de détresse ” des artisans, les élus pointent encore “ “ l’évolution des modes de délinquance ”. “ Médiatisation croissante des faits divers par les médias locaux (…) dans des régions qui s’en croyaient indemnes ” ; “ cambriolages, délinquance de proximité, incivilités ” (…) tout cela “ inquiète autant que cela exaspère ”, rapporte “ L’Obs ”. C’est ce qui conduit les préfets à souligner que “ la population semble désormais prête à s’impliquer davantage dans la lutte contre la délinquance à travers des opérations comme “ voisins vigilants ” ou “ alertes commerce ” ”. Si tout le monde se met par-dessus le marché à faire la police, ça promet… 

Après la colère, la sanction

“ Sentiment d’abandon des zones rurales, ras-le-bol fiscal, augmentation de la petite délinquance, détresse du monde artisanal : on retrouve là tous les ingrédients qui, mis bout à bout, nourrissent le programme lepéniste dans ce qu’il a de plus tristement classique, résume l’hebdomadaire. (…) On voit s’installer une colère diffuse qui entretient dans le pays ce curieux climat où l’insatisfaction domine sans que jamais elle ne s’exprime de manière unifiée dans la rue. (…) Dans ce climat délétère, tout est désormais fléché pour que la colère qui monte se porte sur le seul terrain électoral. (…) En 2014, immanquablement, tombera la facture. Pour Hollande, comme pour la droite républicaine, conclut “ Le Nouvel Obs ”, il n’y a guère de raison de penser qu’à la colère qui gronde, ne succèdera pas, demain, une de ces sanctions dont on ne pourra pas dire qu’elle est venue par surprise ”. Cet avertissement de plus fera-t-il avancer les choses ?

A lire, encore

A l’heure où “ L’Obs ” nous informe quel’Insee s’apprête à lancer une grande enquête sociologique visant “ à mieux connaître la vie conjugale en France ” (hé oui !), “ Challenges ” se penche sur“ la vraie inégalité entre les sexes ” qui est… au travail. “ Les hommes font carrière l’âme tranquille. Les femmes, elles, ont l’esprit encombré de problèmes domestiques. Mais la révolution est en marche ”, nous dit le mag éco, dont le dossier, bien ficelé, est assez passionnant à lire.

Titillant, hallucinant, même, par bien des aspects, le dossier du “ Point ” sur “ Les prodiges de la médecine préventive ” mérite également le coup d’œil… On y apprend en effet les choses étonnantes — et effrayantes — que permet désormais le séquençage du génome humain. On y apprend aussi — et c’est peut-être, là, le plus inattendu — que pour certains, le recours à cette technique est, depuis longtemps, devenu une sorte d’évidence…

L’interview “ exclusive ” de John Le Carré dans “ L’Obs ” méritait-il une couverture ? Après lecture, on n’en est pas vraiment sûr… De ces huit pages d’entretien, réalisé depuis les confins du Pays de Galles où vit l’écrivain, on a surtout retenu ses souvenirs — assez cocasses — d’un 31 décembre passé en compagnie de Yasser Arafat…

Une petite pensée pour Patrice Chéreau, pour finir… “ Les Inrocks ” ou “ Télérama ” (très, très belle photo de couverture), vous avez le choix. Le premier a compilé le meilleur des deux entretiens que le metteur en scène lui avait accordés en 1995 et 2010. Le second a fait plus classique et opté pour un long portrait, assorti d’un témoignage d’Ariane Mnouchkine. Adieu, l’artiste ! Avec toi, c’est un peu de nous tous qui s’en va.

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