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A Paris, à vélo, on dépasse vraiment les autos, tant mieux !
©Reuters

Schizophrénie routière

Pour qu’il y ait moins de voitures dans Paris, il faut prendre des mesures pour qu’il y ait moins de voitures. Mais ça agace les gens qui pensent qu’il faut qu’il y ait moins de voitures sans que ça n'affecte la leur.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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"Les Français n’aiment pas les réformes » disait Macron l’autre jour, provoquant l’indignation des types qui promènent des banderoles « Non à la réforme ! » (du code du Travail, de l’enseignement, de la justice, de la retraite, de la santé, barrez la mention inutile ou ajoutez la vôtre) chaque samedi entre République et Nation, suggérant qu’en réalité, ils les adorent, mais uniquement lorsqu’elles ne changent pas grand-chose.

Pour être plus brutal qu’un président forcé à la litote par sa fonction, je dirais que les Français détestent carrément les réformes, auxquelles ils préfèrent les révolutions parce qu’elles permettent surtout de remplacer un ordre par un autre et des privilégiés par d’autres une fois les barricades démontées.

Et je ne commente pas spécialement les récentes ordonnances visant à relancer l’emploi, mais plutôt le barouf accompagnant l’extension du réseau de pistes cyclables et les nouvelles restrictions à la circulation automobile dans Paris (OK, Paris n’est pas la France, mais le débat est le même partout, Marseille excepté, et on me pardonnera le raccourci – ou pas mais je m’en contrefiche).

Dans leur grande majorité, les Français sont convaincus que la bagnole, pour toutes ses qualités objectives sur lesquelles on ne reviendra pas, est devenue un problème majeur dans les grands centres urbains. Dans les mêmes proportions, les Français sont pourtant hostiles à tout ce qui pourrait en compliquer l’usage : « Elle pollue, elle encombre, c’est vrai, mais pas la mienne. Il faut faire quelque chose, oui, mais pas ça. Trouvez un autre truc ! ».

A observer ce qui se passe dans la plupart des grandes métropoles européennes, Paris n’est pourtant pas spécialement cruelle avec les voitures : elle n’a pas de péage urbain comme à Londres ou Stockholm ; son hyper-centre n’est pas réservé à la circulation des riverains comme dans une tripotée de villes italiennes ; le stationnement y est autorisé à peu près partout (essayez de trouver une place, même payante, à Amsterdam).

En réduisant le nombre de voies sur quelques grands axes et en améliorant (d’ailleurs marginalement, toujours en comparaison de ce qui se fait ailleurs) ses infrastructures cyclables, Paris réforme, donc, et, fatalement, les gens font la gueule. Il leur faut s’adapter, prendre davantage le métro ou le bus, tester le vélo ou Uber, co-voiturer, bref, réagir concrètement face à ce contre quoi ils s’indignent devant la télé lorsqu’on leur parle de la bronchiolite de leurs gosses.

Mais dans une ville où disposer d’une place de parking au boulot est un symbole de réussite sans rapport avec la réalité de ses besoins professionnels (à Londres ou à New-York, même les traders prennent le métro), il est plus rapide de qualifier le cycliste urbain de « bobo déconnecté des réalités des vrais gens qui travaillent » que de se demander s’il est vraiment nécessaire de déplacer deux tonnes de métal pour parcourir cinq bornes à l’heure de pointe.

Et pas la peine de sortir l’argument éculé selon lequel pompiers, livreurs, commerciaux, artisans et banlieusards mal desservis par les transports en commun sont les premières victimes de la méchanceté d’Anne Hidalgo : lorsqu’ils seront à peu près les seuls à se partager la voirie avec les taxis et les vélos comme dans le reste du monde civilisé, ils lui dresseront peut-être une statue (bon, j’exagère, là. C’est juste pour vous faire enrager dans les commentaires).

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