"Salafistes" : une France tétanisée finit par oublier ce qu’est la liberté d’expression<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Salafistes" : une France tétanisée finit par oublier ce qu’est la liberté d’expression
©

Chroniques du pot aux roses

Des sbires du ministère de l’Intérieur souhaitent interdire la diffusion du film de François Margolin sur les Salafistes, tourné bien avant les récents crimes islamistes. Mais ce ne sont pas des fonctionnaires qui doivent juger des choix narratifs d’un cinéaste qui traite d’un sujet politique.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

Voir la bio »

1 - Salafoumal

France, tes libertés foutent le camp !

Sans doute contaminés par l’esprit de l’état d’urgence, des sbires du ministère de l’Intérieur souhaitaient interdire la diffusion du film de François Margolin sur les Salafistes, tourné bien avant les récents crimes islamistes. Le cinéaste montre cliniquement que nul dialogue n’est possible avec ces ennemis acharnés de l’Occident et des droits de l’Homme. On reproche à Margolin son approche froide et factuelle, laissant les adeptes de ce nouveau nazisme s’exprimer et reliant leurs discours à des images brutales de meurtres, tortures et exactions.

Mais ce ne sont pas des fonctionnaires qui doivent juger des choix narratifs d’un cinéaste qui traite d’un sujet politique. Derrière leur soi-disant prudence ou leur souci de ne pas donner la parole à des assassins, c’est la peur qui s’exprime. Ce qui est en cause ici est la pure et simple liberté de parole et de dénonciation. Le premier qui filmera la vérité doit être censuré, aurait pu fredonner Guy Béart qui nous a quittés suffisamment tôt pour ne pas voir dans quel bourbier nous nous enfonçons.

Confondre réalité crue et apologie de cette réalité est un cheminement mental particulièrement pervers. C’est toujours la même rengaine des censeurs et des ennemis de la liberté : les témoins du mal sont les complices du mal. C’est un syndrome de Stockholm présumé et par délégation. A l’heure où l’on vante les lanceurs d’alerte, Margolin en fait tout simplement parti.

Dans ce contexte, le prolongement de l’état d’urgence sert essentiellement à empêcher les manifestations qui gênent le pouvoir mou-présidentiel et la dénonciation de son incompétence crasse. Il est inutile face au terrorisme. Les seules mesures qui permettraient d’endiguer la montée du radicalisme musulman, à savoir la rémunération des renseignements permettant d’appréhender les djihadistes ainsi que la fin du laxisme vis-à-vis des signes extérieurs de ralliement au fondamentalisme ne sont, eux, toujours pas envisagés.

Patience, tout vient à point à qui sait attendre ...

2 - "Je suis Tadjikistan"

Décidément, l’islamisme, c’est la barbe ! Le Tadjikistan, république d’Asie centrale, est gangréné par les partisans de Daech. Comme tous ses voisins, il est gouverné par un pouvoir peu conciliant qui a décidé de réagir en incitant fermement les hommes à raser les barbes proéminentes et en interdisant la vente de voiles intégraux, signes de ralliement au fondamentalisme. Cela à l’air de fonctionner car les bigots "libérophobes" sympathisants de Daech tiennent mordicus à ces accoutrements.

Rappelons que le Tadjikistan est un pays musulman mais qu’à Paris un quelconque Observatoire de la laïcité pousserait les hauts cris contre ce type de mesures.

A quand un logo et un rassemblement "Je suis Tadjikistan" place de la République ? On y verra peut-être Najat Vallaud-Belkacem se racheter une conduite, elle qui fut quasi muette devant une caricature de Salafiste, sans doute parce que son conseiller en com' ne lui avait pas donné les bons éléments de langage en temps utile.

3 - Laïque et nunc

Le prétendu Observatoire de la laïcité à la française s’est mis en tête, avec son patron Jean-Louis Bianco, de cantonner la neutralité dans l’expression religieuse aux agents de l’Etat et d’en dispenser les «simples» individus au nom de leur liberté de conscience et d’expression.

Malgré ses apparences libérales un tel raisonnement est dévoyé. D'abord, on ne voit pas pourquoi on ne reviendrait pas, dans ces conditions, sur l’interdiction du voile intégral ou sur celle de tout signe religieux dans les établissements d’enseignement secondaire et primaire.

Mais, surtout, l’affichage d’un engagement religieux ou politique, dans les lieux fréquentés par des gens qui ne peuvent se soustraire au contact des uns avec les autres, ne concerne pas que la liberté de ceux qui le manifestent. Il empiète aussi sur les droits et la sensibilité de ceux qui ne peuvent y échapper et qui pourtant répugnent à ce signe d’inféodation. En d’autres termes, on ne voit pas pourquoi un enseignant du supérieur, un interne en médecine, un chauffeur de bus devraient obligatoirement traiter avec un étudiant, une patiente ou un usager qui leur imposent une tenue relevant d’une foi qu’ils peuvent à bon droit estimer agressive, obtuse ou rigoriste. Le raisonnement est encore plus valable pour un autre élève, passager ou malade. Il en irait de même d’ailleurs d’opinions politiques ostensiblement affichées.

Il est plus que temps de renvoyer Bianco à ses Ségoniaiseries et de limiter son pouvoir de nuisance au Poitou.

4 - Quantitativissimo

Les inconvénients du Quantitative easing sont de plus en plus manifestes. Relançant la guerre des monnaies et ne venant en aide qu’aux plus gros et aux moins réformables, il n’empêche pas la déflation, limite l’investissement car les taux d’intérêt ne rémunèrent plus les prêteurs potentiels et entrave ainsi in fine l’innovation, coeur du dynamisme capitaliste. Mais le piège s’est refermé et il a fallu que Draghi promette à nouveau d’augmenter les doses pour que les marchés financiers se reprennent. Cela ne durera que le temps d’une fixette chez les junkies.

En attendant, les marchés raisonnent de moins en moins sur la rentabilité des produits financiers mais sur leur chance de faire partie des programmes d’achat des banques centrales. La grande spoliation se met progressivement en place.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !