Polémique
Zemmour et la déportation : l'indignation de la classe politique
Dans un entretien à un journal italien, Eric Zemmour parle de "la déportation de 5 millions de musulmans de France". Toute la classe politique condamne ces mots. Dans le même temps, l'éditorialiste l'assure: le mot déportation n'a pas été prononcé ni par lui, ni par le journaliste qui l'interrogeait.
La classe politique fait front commun après la nouvelle polémique provoquée par Eric Zemmour. Condamnation, dénonciation d'une "haine tenace", une "honte", les formules se succèdent pour juger les propos de l'éditorialiste de RTL. Des paroles qui seraient passées inaperçues si Jean-Luc Mélenchon ne s'était pas réincarné en lanceur d'alerte.
Dans une interview au journal italien, le Corriere Della Sera, Eric Zemmour explique que les Français ont été forcés de quitter les banlieues, chassés par "les musulmans" qui "ont leur code civil, le Coran. Ils vivent entre eux". Alors le journaliste lui suggère que la solution pourrait être "la déportation de 5 millions de musulmans de France". Une suggestion à laquelle Eric zemmour a répondu par un étrange parallèle : "Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ?". "C'est un emballement médiatique et politique qui ne repose sur rien. Le mot 'déporter' n'a été prononcé ni par moi, ni par le journaliste comme il l'a reconnu très honnêtement", a minimisé Eric Zemmour dénonçant la "volonté de (lui) nuire".
Pour autant, les réactions sont vives depuis mardi. Le ministre de l'Intérieur a condamné avec "une extrême fermeté" ces paroles "irresponsables" contre les musulmans "odieusement attaqués". Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve "appelle tous les républicains à réagir et à manifester leur solidarité". "La nation française se définit par le vivre ensemble, et les musulmans de France, comme les chrétiens, les juifs, les croyants et les incroyants, sont tous ses enfants", insiste le ministre.
Je condamne avec une extrême fermeté les propos tenus par Eric Zemmour concernant les musulmans de France dans le Corriere della Sera.
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 16 Décembre 2014
Pour Bruno Le Roux, il s'agit d'une interview "honteuse". Le chef des députés socialistes à l'Assemblée appelle même les médias à boycotter celui qui intervient sur RTL, Le Figaro et iTélé : "Il est temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d’abriter de tels propos. L’islamophobie est un racisme qui ne doit plus avoir pignon sur rue dans la République." Une mesure partagée par le député européen écologiste Yannick Jadot.
Les médias vont-ils enfin virer Zemmour de leurs grilles ou poursuivre la mise en scène obscène de cet abruti pour faire de l'audience ?
— Yannick Jadot (@yjadot) 16 Décembre 2014
Même indignation du côté de l'UMP. "Il se laisse un peu emporté par ce côté qu'il avait déjà chez de lui d'exister médiatiquement, je regrette", comment Claude Goasguen, le député de Paris, sur BFMTV.
L'association SOS Racisme a elle indiqué qu'une plainte pour incitation à la haine raciale contre Eric Zemmour devait être déposée d'ici la fin de la semaine. "Après s'être présenté comme un analyste impertinent de la société française et de ses travers, Eric Zemmour, en réalité mû par une haine tenace envers les populations arabo-musulmanes vivant dans notre pays, évolue vers un rôle de prescripteur de politiques publiques ouvertement racistes", selon un communiqué de l'association antiraciste.
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