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Yanis Varoufakis : "La Grèce a capitulé, mais c'est le projet européen qui a été défait"
©Reuters

Les choses sont dites

L'ancien ministre des Finances grec se livre dans une tribune publiée dans le numéro d'août du Monde Diplomatique et raconte comment il a vécu les six mois de négociations avec Bruxelles.

Dans une tribune publiée dans le numéro d'août du Monde Diplomatique, Yanis Varoufakis évoque, pour la première fois dans la presse française, ce qui s'est déroulé durant les six mois de négociations où, selon lui, l'objectif de départ était de "démontrer que (la Grèce) pouvait opérer les réformes profondes dont le pays avait besoin avec l'assentiment populaire", venu des élections législatives remportées par Syriza en janvier.

Et comme à son habitude, l'ancien ministre grec des Finances fait montre de toute sa verve. Il parle notamment de la victoire de Syriza aux élections législatives de janvier : "Si la population avait été convaincue que la Grèce se redressait, nous n'aurions pas été élus". Yanis Varoufakis explique que leur objectif était de tourner la page d'une stratégie du "comme si", un cocktail d'austérité "qui avait déjà fait mordre la poussière au secteur privé grec".

L'ancien ministre parle alors d'un "cercle vicieux : la déflation, conséquence directe de l'austérité, a alourdi le fardeau de la dette et propulsé l'hypothèse de son remboursement dans le domaine du chimérique". Il dénonce alors une "obstination des créanciers" poussant la Grèce dans sa crise économique et sociale. 

Yanis Varoufakis raconte qu'il se rend donc le 11 février à Bruxelles plein d'espoir. Mais, il va vite déchanter. Il évoque notamment une rencontre, peu après sa nomination au gouvernement, avec le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. "Il s'était à peine écoulé quelques minutes qu'il me demandait déjà ce que je comptais faire au sujet du mémorandum, l'accord que le précédent gouvernement avait signé. (...) Je lui ai répondu que notre gouvernement avait été élu pour le renégocier. (...) La réponse de Dijsselbloem fut aussi immédiate que catégorique: ‘cela ne marchera pas. C'est le mémorandum ou l'échec du programme'".

Il poursuit sur le même ton et évoque "un chantage sur un gouvernement fraîchement et démocratiquement élu". Selon lui, le président de l'Eurogroupe qui aurait fait preuve de "mépris des principes démocratiques les plus élémentaires" du président de l'Eurogroupe, suivi de près par le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble. Ce dernier n'hésitant pas à "remettre Michel Sapinà ce qu'il estimait être sa place".

Après avoir été menacé d'exclusion d'une réunion de l'Eurogroupe le 27 juin, l'ancien ministre des Finances a reçu un autre coup lorsqu'il s'est vu expliqué que "l'Eurogroupe n'a pas d'existence légale. Il s'agit d'un groupe informel, et en conséquence, aucune loi écrite ne limite l'action de son président". Il n'hésite pas non plus à dire sa déception : "la France n'est plus ce qu'elle était" et avoue que cela lui a "tiré des larmes".  Et de conclure : "La Grèce a capitulé, mais c'est le projet européen qui a été défait. Aucun peuple de la région ne doit plus jamais avoir à négocier dans la peur." Tout est dit.

Lu sur Le Monde diplomatique

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