Salman Rushdie : une vidéo sur l'écrivain censurée par l'Institut du monde arabe

Dans une vidéos de 6 heures, l'artiste Mounir Fatmi a filmé Salman Rushdie simplement en train de dormir, un clin d'oeil à "Sleep" d'Andy Warhol. Mais les rapports entre l'écrivain et le monde arabe sont si tendus que même cette activité semble poser problème.

La plasticien souhaitait symboliser la vulnérabilité de Salman Rushie face aux menaces de fatwa qui pèsent sur lui : "compte tenu des menaces qui pèsent sur sa vie depuis tant d'années, plonger dans le sommeil reste une manière pour lui de se mettre en état de vulnérabilité." "J'ai été scandalisé par le silence des intellectuels arabes sur le sort de Rushdie et son combat pour la liberté de créer. Alors j'ai imaginé ce film comme un hommage."

A l'affiche du festival «Vingt-cinq ans de créativité arabe», qui commencera mardi à l'Institut du monde arabe, la vidéo ne devrait finalement pas faire partie de l’événement.  Et pour cause : l'Institut a rejeté l'oeuvre, qu'il estime «trop sensible» vis-à-vis du monde musulman.

Voici le teaser du film en question.

David Caviglioli s'insurge dans le Nouvel Observateur et déplore que " la direction de l’Institut du monde arabe courbe l’échine devant cette fatwa inepte". L'auteur de l'oeuvre lui-même est bien sur scandalisé : «Ce qui me gêne énormément, c'est que cela se passe en France, et non au Maghreb ou en Arabie Saoudite.»

Mounir Fatmi avait déjà subit des entraves à son exercice artistique, puisqu'une de ses installations sur le Coran avait été considérée blasphématoire et avait été supprimée du programme du Printemps de Septembre à Toulouse. Un climat tendu et une sensibilité accrue des institutions qui s'explique par les remous qu'a connus le monde musulman suite à la diffusion des extrait d'un film anti-islam, insultant envers la religion.

Le montant de la récompense pour celui qui parviendrait à tuer Salman Rushdie est monté à trois millions de dollars par les Iraniens il y a quelques semaines.