Saïf Kadhafi trahi par son guide

Saïf Kadhafi, le fils de l'ex dictateur libyen capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été trahi par un nomade libyen, guide du désert, qui dit avoir été engagé pour le faire passer au Niger voisin. Ce nomade, Youssef Saleh al Hotmani, explique qu'on lui avait promis un million d'euros pour faire passer le fils du colonel Kadhafi de l'autre côté de la frontière, rapporte The Telegraph.

"J'ai fait croire à Saïf que je lui faisais confiance", a-t-il confié mardi 22 novembre le nomade à Zentane, la ville où Saïf Kadhafi a été transféré pour y être détenu au secret. "Tout leur argent n'achètera pas une goutte de sangde nosmartyrs", a-t-il affirmé. "Saïf croyait que j'ignorais qui il était. Personne ne m'avait dit qui c'était", poursuit le nomade, qui affirme avoir déduit de lui-même l'identité de son "employeur". "Saïf rêvait de fuir la Libye pour y retourner par la suite", a-t-il ajouté.

La nuit de sa capture, Youssef Hotmani raconte qu'il circulait en compagnie de la garde personnelle de Saïf Kadhafi, dans la première des deux voitures qui composaient le convoi. L'embuscade a eu lieu non loin de la petite ville pétrolière d'Obar : "Il avait été convenu avec les combattants (ndlr : qui ont capturé Saïf Kadhafi) que le meilleur endroit pour tendre l'embuscade serait dans une zone du désert cernée de hauteurs", raconte-t-il.

"Lorsque nous sommes arrivés, en pleine obscurité, les tirs ont été très précis, il n'a fallu que trente secondes pour se rendre maîtres du premier véhicule", poursuit Youssef Hotmani, qui avait demandé aux hommes de Saïf Kadhafi de maintenir trois kilomètres entre les véhicules, pour donner aux combattants le temps d'agir.

Saïf Kadhafi a tenté de s'échapper en courant avant d'être rattrapé. "Nous l'avons traité comme un prisonnier de guerre", explique le nomade, qui ne précise pas à quel moment et comment il a pris contact avec les combattants qui ont mené l'attaque.

A bord du convoi, les combattants du conseil national de transition (CNT) n'ont retrouvé que cinq mille dollars. Youssef Hotmani affirme qu'il n'a pas reçu un centime du million d'euros qui lui était promis. "Je n'avais pas demandé à être payé à l'avance. Il n'y avait pas d'argent dans la voiture, ce qui prouve qu'ils (ndlr : Saïf Kadhafi et ses gardiens) comptaient bien m'exécuter à la frontière", estime-t-il.